Salves médiatiques contre la campagne de vaccination: Et l’Arav dans tout ça?

Salves médiatiques contre la campagne de vaccination: Et l’Arav dans tout ça?

Cette posture de spectateur passif ne sied pas à l’Autorité devant un dérapage aussi gravissime.

Entamée depuis le 6 mars dernier et ce jusqu’au 15 du même mois, la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole en milieu scolaire est en train de virer au fiasco. Comment expliquer cette violente campagne médiatique qui a accueilli une opération de vaccination qui cible près de 7 millions d’enfants? Entre-temps que faisait l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, l’Arav?

La liste des péchés de nos médias, (télévisions et journaux compris) étant trop longue pour que ces derniers soient rappelés à l’ordre, mais quand il s’agit d’un acte d’utilité publique, la vaccination, le holà mérite d’être crié pour se faire entendre. Cette jeune institution qui a jusque-là fait un parcours sans fissures a eu à montrer ses crocs quand certaines télévisions outrepassaient des règles. «Certaines chaînes sont allées au-delà du droit d’informer en diffusant des informations approximatives ou erronées, causant ainsi un lourd préjudice aux familles déjà très douloureusement affectées», a accusé l’Arav en août dernier dans un communiqué rappelant à l’ordre l’ensemble des médias audiovisuels, à «faire preuve d’une vigilance extrême» quant au traitement des informations et autres commentaires concernant l’affaire de la mort, dans des conditions encore floues, de la petite Nihal Si Mohand.

L’Arav avait regretté le fait que certaines chaînes soient, selon elle, «allées au-delà du droit d’informer». On se rappelle de l’exploitation à la limite de l’indécence faite de cette affaire par quelques télévisions mues par la soif du scoop macabre. On assiste aux mêmes dérapages et cette confortable posture de spectateur passif ne sied pas à l’Arav devant un acte gravissime. Un acte de sabotage d’une campagne de vaccination.

Il s’agit bel et bien d’une action pour faire capoter la vaccination des chérubins. Pour quels motifs, pour quels buts? Mystère et boule de gomme. En pareille circonstance, l’Arav constitue le gendarme de l’audiovisuel. C’est une instance constitutionnelle indépendante chargée de l’organisation du domaine audiovisuel et de la consolidation de la mission du service public en Algérie. Il ne s’agit pas de réinventer les missions d’une télévision.

Elle a la charge d’informer, d’éduquer et d’animer le débat démocratique, mais elle a aussi le devoir, comme le stipule clairement le cahier des charges, d’appuyer des campagnes d’utilité publique. Heureusement, tel n’est pas le cas de tout le paysage audiovisuel. Pis encore, même les associations censées défendre le consommateur s’engouffrent dans cette dangereuse brèche.

L’Organisation algérienne de protection et l’orientation du consommateur et son environnement Apoce, habituellement sérieuse et pointue s’est fendue dans un communiqué lapidaire où l’approximation, l’à peu-près et le «on dit» a pris le dessus sur une investigation sérieuse à laquelle nous a habitués l’Apoce. «Selon certaines informations non confirmées, ce vaccin contiendrait certaines quantités de substances minérales qui induiraient, selon certaines études, des maladies incurables», a écrit le communiqué de l’Apoce.

Avons-nous le droit à de pareilles approximations quand il s’agit d’une question aussi sérieuse que celle de la santé des enfants? Est-il normal de diffuser un communiqué traitant de santé publique sans se référer à des sources hospitalières? L’Apoce nous a habitués à plus de rigueur. Le ministère de la Santé a vainement tenté de rassurer que les effets indésirables constatés chez certains enfants vaccinés ne comportent aucun danger sur leur santé, la ministre de l’Education a beau répéter que les formulaires remis aux parents d’élèves concernant la campagne de vaccination était «une initiative individuelle» de certains directeurs d’établissements éducatifs et que la campagne de vaccination menée par le ministère de la Santé est ordinaire, mais rien n’y fut. Le coup est parti.