Les participants au salon national du bijou traditionnel qui se tient depuis hier au Palais de la culture et ce, jusqu’au 1er septembre, sont unanimes à souligner l’absence d’une politique claire, la rareté et la cherté de la matière première qui freinent considérablement l’essor de la profession d’artisan.
Youcef Nemchi, artisan originaire de Beni Yenni, affirme que depuis une vingtaine d’années la profession n’arrête pas « sa décente aux enfers » pour diverses raisons. « La cherté de la matière première, la baisse de l’activité touristique sont en grande partie à l’origine de la baisse sensible de l’activité. La majorité des artisans bijoutiers utilisent de la résine au lieu du corail, ce qui diminue considérablement de la qualité du produit et influe négativement sur les ventes », explique-t-il. M. Nemchi, qui tient cette profession de ses aïeux, estime nécessaire l’approvisionnement des artisans en corail et la relance du tourisme. Sid-Ahmed Lezaoui, artisan lui aussi, soutient que ces dernières années, la matière première est hors de prix. Ce qui oblige certains artisans à mettre la clé sous le paillasson. « On vend de moins en moins en raison de la cherté des bijoux et de la baisse de l’activité touristique dans le Sud. A Adrar, les artisans travaillent beaucoup avec les touristes étrangers. Comme ces dernières années, ceux-ci ne viennent pas en grand nombre, l’activité connaît une chute libre », soutient-il. Touzene El Hachimi, président de l’association « Amusnaw » qui dispense des formations aux artisans bijoutiers soulève, pour sa part, le problème des impôts. « Les artisans bijoutiers, dit-il, ne sont pas mis sur un pied d’égalité avec les artisans spécialisés en poterie. Ces derniers bénéficient d’au moins dix ans d’exonération ». C’est pour cette raison d’ailleurs que l’association qu’il préside lutte afin qu’il y ait plus de souplesse et, surtout, la mise en place d’un circuit commercial légal qui puisse assurer la promotion de l’artisanat comme cela se fait sous d’autres cieux. Il propose à ce que les ambassades algériennes organisent des salons pour permettre au bijou traditionnel national de mieux se vendre à l’étranger. Azzedine Kali-Ali, directeur de la chambre de l’artisanat et des métiers de la wilaya d’Alger, met l’accent sur l’importance de cette profession. Il affirme, arguments à l’appui, que l’artisanat permet aux pays voisins d’engranger d’importantes rentrées d’argent. Aussi invite-t-il les jeunes à découvrir et à mieux connaître ce métier, en assurant que l’organisme qu’il représente assurera une meilleure orientation à ceux qui souhaitent devenir artisan. A noter que cette manifestation rentre dans le cadre du programme promotionnel élaboré par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Elle vise à promouvoir le bijou traditionnel sur le territoire national, exposer les qualifications et les créations artisanales, développer un système de production locale ainsi que la commercialisation et la valorisation des produits artisanaux sur le site de l’exposition. Pour permettre aux participants d’exposer leur savoir-faire, il est prévu des ateliers de démonstration et une journée d’études, alors qu’un concours est organisé en marge de cette manifestation. A souligner que le salon a été inauguré par Mohamed-Bachir Kechroud, secrétaire général au ministère du Tourisme.
Djamel O.