Salon international du livre d’Alger : Sans communication pour ses 20 ans

Salon international du livre d’Alger : Sans communication pour ses 20 ans

A l’arraché. Voilà comment se présente la communication du Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se tiendra à la SAFEX du 29 octobre au 7 novembre prochain.

Deux décennies après sa création, des comités d’organisation modifiés et codifiés qui se sont enchaînés, les organisateurs, en l’occurrence l’ENAG, sous tutelle du ministère de la culture, ont dû penser que le volet communication n’a plus son utilité pour médiatiser le plus grand événement culturel en Algérie. En effet, depuis quelques années déjà, le ministère de la culture offre un bilan moral d’un million, voire un million et demi de visiteurs à la fin de chaque SILA. Un chiffre qui peut être  contesté puisqu’il n’existe pas réellement d’instrument de mesure ou de calcul des entrées au salon. Le comité d’organisation se base essentiellement sur les statistiques élaborées à partir des portiques de sécurité. Rien de fiable alors qu’il suffirait par exemple de mettre en place une billetterie pour une évaluation vraisemblable.

20 ans, le plus bel âge

Les choses, cependant, se présentent différemment. A J-8, de la manifestation qui accueille cette année un peu moins d’un millier d’exposants et 47 pays issus des quatre continents, la communication  semble rompue. Rien, absolument rien n’indique à Alger ou aux environs que le SILA, à sa vingtième édition, va ouvrir ses portes à la fin de ce mois. Aucune campagne d’affichage urbaine, aucun plan média  avec spots télévision, radio ou encore de placards publicitaires sur presse écrite, annonciateurs n’ont été lancés à ce jour. Selon la rumeur une conférence de presse va avoir lieu le dimanche 25 octobre à l’hôtel El Aurrassi. Par ailleurs, sur le site qui héberge la manifestation, un communiqué statique annonce que «Le programme d’animation culturelle de cette vingtième édition se distinguera par sa densité et sa richesse.

Il est prévu six rencontres thématiques parmi lesquelles figureront un retour sur les massacres du 8 mai 1945, il y a soixante-dix ans, ainsi qu’une approche, pour la première fois au SILA, des enjeux et perspectives de l’édition numérique et du livre électronique. Ces rencontres, animées par des auteurs et chercheurs algériens et étrangers, porteront ainsi sur les champs de l’histoire, du présent et du futur, en convoquant la littérature et les sciences humaines et en invitant à la réflexion et au débat.»

«Toujours à la page»

Voilà le slogan choisi pour égailler la programmation de la plus grande librairie d’Algérie.  Une librairie éphémère qui a souvent pris des allures de foire au livre. Qu’importe, cette année, c’est la France qui est le pays à l’honneur. Il faut le deviner ou chercher longtemps sur le site et même sur l’affiche de la manifestation puisque l’information est casée dans un petit carré à fond blanc en contrebas. Fait étonnant également, alors que le ministère de la culture est partie prenante de cet événement, aucune mention n’a été apportée sur le support de communication. L’affiche commence comme toujours par «Sous le haut patronage de son excellence monsieur le président de la république». Le ton est donné pour ce 20e salon, du bout de la langue. la France, sa littérature et ses auteurs seront quand même célébrés malgré une actualité pas très favorable. Inutile d’y revenir puisque même le ministre de la communication, en l’occurrence Hamid Grine, victime d’une fouille abusive à l’aéroport d’Orly, s’est refusé à tout commentaire. Pour rappel, ce dernier est à l’origine du premier  prix jamais instauré depuis cette double décennie.

Assia Djebbar, enfin !

L’immortelle, celle qui a donné à la  littérature algérienne d’expression française toute sa dimension officielle en France et dans le monde, celle qui a conduit les espoirs de beaucoup de femmes, de femmes auteurs et d’écrivains en général, celle qui a braqué sa caméra sur son histoire et les traditions de sa région…

Assia Djebbar, de son vrai nom Fatima Zohra Imalayène, aura enfin les honneurs qui auraient dû lui revenir depuis longtemps dans son pays. A l’occasion de ce 20e SILA, Hamid Grine a eu l’excellente idée de créer un prix dédié à cette grande dame de la littérature. Celle qui a siégé auprès des immortels depuis 2005 à l’académie française, contribuera, au-delà de sa vie, à perpétuer cette littérature qui lui tenait tant à cœur.

30 milliards et plus…

Le salon international du livre d’Alger  revient aux contribuables plus de 30 milliards de centimes chaque année sans compter les financements issus du sponsoring qu’il rafle sans trop de difficultés.

Il est évident que la popularité du SILA draine beaucoup de mécènes, à l’image des opérateurs de téléphonie et autres grosses entreprises économiques nationales.

Cependant, à ce jour, aucun compte-rendu de ces salons n’a permis de donner un chiffre sur sa rentabilité. C’est casi blocus de la part des organisateurs, qui ne répondent presque jamais quand il est question de chiffres et plus encore de bénéfices.

Sansal et Khadra, grands absents

Il ne fait pas bon, ces derniers temps, d’afficher ses positions politiques ou même socioculturelles. Deux absents à ce 20e salon. Boualem Sansal et Yasmina Khadra, deux auteurs majeurs de la littérature algérienne, ne seront pas présents au SILA.

Il semblerait que l’un (nominé à tous les prix littéraires pour la rentrée 2015) a refusé l’invitation et que Khadra (ex- candidat à l’élection présidentielle) soit à l’étranger pendant la durée du salon. Par contre, Régis Debray et Kamel Daoud seront là. Il y aura aussi Mathias Enard, Pascale Boniface et Benjamin Stora.

Malek Bensmail, Rachid Boudjedra et beaucoup seront aussi à ce rendez-vous.

Samira Hadj Amar