Salon international des énergies renouvelables à oran : Les assises d’une révolution énergétique

Salon international des énergies renouvelables à oran : Les assises d’une révolution énergétique

Pays pétrolier et gazier, dont les gisements de Hassi R’mel, de In Salah ou les ports de Bethioua ou Skikda sont connus à l’échelle planétaire, l’Algérie a également pris de sérieuses options dans les énergies renouvelables pour les mettre au service du développement socioéconomique avec, toutefois, une dimension environnementale et écologique encore plus marquée avec ce recours aux énergies propres.

Le visiteur du Salon international pour la promotion des énergies propres essentielles au développement durable, que la ville d’Oran a abrité durant trois jours, s’en est bien rendu compte puisque une quarantaine d’entreprises algériennes, qui activent dans ce nouveau secteur , y étaient alignées. Certes, même si le point d’orgue de ce salon était la promotion des investissements et l’encouragement au partenariat, ce salon a aussi grandement contribué à faire connaître les expériences des pays participants dans leur utilisation de ces énergies propres. De nombreux experts et chercheurs algériens, dont certains sont venus des wilayas de l’Est et du Centre à leurs propres frais, ont fait le déplacement pour «voir»… Preuve, si l’en est, de l’importance pour le potentiel intellectuel algérien d’une manifestation pareille.

Sur une surface de 7.000 m², 70 exposants algériens et étrangers, tous des professionnels dans ce secteur en plein essor, ont mis en exergue des solutions énergétiques, globales ou segmentées avec de nombreuses conférences pointues et plusieurs démonstrations. L’un des organisateurs de ce salon nous a confirmé ce qu’on annonçait déjà dans notre édition précédente : le choix d’Oran pour fixer la tenue de ce salon. Un choix réfléchi, nous dit-on, au vu du poids et de l’importance de cette ville dans le commerce mondial des énergies fossiles, la présence sur son territoire de grands complexes industriels et l’habitude prise par cette ville d’abriter des événements internationaux dans divers domaines, y compris et surtout énergétiques. Ceci sans compter l’attrait touristique de cette ville aéroportuaire.

Solutions énergétiques, solutions business

L’objectif de ce salon, dont le succès foudroyant est indéniable, est d’être une interface incontournable entre les opérateurs et les pouvoirs publics, favoriser un partenariat entre les entreprises algériennes et étrangères en vue de développer leurs expériences en matière d’exploitation des ressources naturelles renouvelables, notamment dans l’industrie, l’agriculture et l’hydraulique.

Ce salon, qui n’est qu’à sa seconde édition, a vu pourtant la participation d’entreprises et de pays qui présentent de solides références dans le domaine : la Pologne, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche… Ceci avec, bien sûr, la présence active d’entreprises-phare en Algérie boostées par un programme national qui prévoit en vingt ans la production de 22.000 mégawatts d’électricité à partir des énergies renouvelables. De ces pays, c’est la Pologne pour sa seconde participation qui a aligné le plus grand nombre d’entreprises, vingt en tout, présentes au salon, prospectrices en Algérie. Une présence en force encouragée par la présence, le jour de l’inauguration du salon, du vice-ministre de l’Environnement à Oran. Maciej Kowalski, du service de la promotion du commerce et des investissements de l’ambassade de ce pays, nous évoque, à ce titre, un projet du ministère de l’Environnement de son pays qui vise à accompagner les entreprises polonaises intervenant dans le domaine des énergies propres à investir le marché international. Ce projet appelé Green Evo assure financements, conseils et aides à l’exportation aux entreprises intégrées à ce programme.

Une révolution en cours

L’Algérie a son programme des énergies renouvelables. Une évaluation financière a été faite pour le concrétiser : 120 milliards de dollars. L’Algérie prendra en charge le financement de la moitié de ce programme pour alimenter le marché local d’ici à 2030 (soit environ de 60 milliards de dollars).

Ce plan du renouvelable est scindé en trois phases. La première, qui court jusqu’à 2013, sera une période de réflexion, d’études et de lancement de projets-pilotes. La seconde commencera dès la fin du programme quinquennal en cours : les premières installations verront le jour. La troisième phase, la plus longue, sera celle de la production industrielle à grande échelle.

Une démarche graduelle, sage, pour éviter les erreurs de la précipitation. Ce programme est dévoilé dans ses grandes lignes. Il s’agit de produire 12.000 mégawatts destinés au marché algérien d’ici à 25 ans. 2.000 mégawatts seront produits à partir de l’énergie éolienne, 2.800 mégawatts seront produits grâce au solaire photovoltaïque et 7.200 mégawatts en utilisant le solaire thermique, tandis que 10.000 autres mégawatts seront destinés à l’exportation pour se placer sur ce marché très prometteur et aussi trouver les sources de financement grâce à ces ventes.

Le vent et le soleil, deux sources d’énergie

En gros, selon le patron de Sonelgaz, “d’ici à 2030, environ 40% de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable.” A noter, qu’actuellement, cette électricité est produite exclusivement à partir du gaz. On devine alors, au-delà des volumes financiers nécessaires, le formidable défi qui attend les Algériens pour réussir en moins d’une génération une révolution technologique et culturelle. L’Algérie, (comme pour la gestion de l’eau ou pour le développement des technologies dans divers secteurs) n’a ni tabou, ni complexe (pour reprendre l’expression d’un membre du gouvernement) pour faire appel à l’expérience étrangère, promouvoir un partenariat et lancer les germes pour une maîtrise graduelle du processus de production et de distribution.

On peut citer quelques exemples qui montrent cette tendance. Le groupement allemand Centrotherme et Kinetics engagé pour la réalisation d’une usine de modules photovoltaïques pour le compte de Rouiba Eclairage, une filiale de Sonelgaz. La future usine, la première en Afrique, aura une capacité de 100 à 120 MW/an à partir de 2012. 65 centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides vont, par ailleurs, participer d’ici 2030 à la modification de la base énergétique du pays. Une expérience pilote existe déjà à Hassi R’mel où une centrale électrique d’origine hybride (solaire et gaz) fonctionne près d’un gisement de gaz naturel. Cette centrale produit 150 MW dont 25 mégawats à partir de l’énergie solaire.

A noter que l’Université des sciences technologiques d’Oran (USTO), l’université de Saïda et l’Unité de recherche sur les énergies renouvelables en milieu saharien d’ Adrar sont partenaire dans un projet avec un groupe japonais pour réaliser la première station expérimentale photovoltaïque dénommée «Sahara Solar Breeder». La première pierre d’un projet qui semble, à l’heure actuelle, relever de la science fiction : une autoroute énergétique à travers les déserts du monde.

Cette jonction entre les universités et le monde de l’énergie renouvelable existe depuis un moment. Pour preuve, il existe tout un programme de recherche impliqué dans cette aventure de l’éolien et du solaire. De nombreuses conventions sont signées entre les entreprises du ministère de l’Energie et des Mines et des instituts et laboratoires de recherche universitaires. L’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie travaille sur un programme de diffusion et d’industrialisation du chauffe-eau solaire, le Centre de recherche et développement dans l’électricité et le gaz — sur l’électrification rurale, le Centre d’engineering de l’électricité et du gaz — sur la diffusion des kits photovoltaïques…

M. Koursi

Dans les travées du salon

Au stand d’Enie Solar

Enie-Solar est engagée dans un programme gouvernemental piloté par le Haut Commissariat au Développement de la Steppe… Il s’agit de la production des kits « khaima » 2 Panneaux, 2 batteries, 1 régulateur pour alimenter quelques lampes de 15 Watts durant 5 à 6 h dans les zones isolées. 10.000 habitations rurales sont concernées par un vaste programme d’électrification par l’énergie solaire. Le HCDS n’est pas à sa première mission puisqu’il compte à son actif un programme qui a touché 5.000 foyers de nomades, des centaines d’habitations dans les zones isolées pour les raccorder au réseau électrique via l’énergie solaire.

Neon, la solution polonaise

Cette entreprise polonaise présente au Salon a intéressé de nombreux opérateurs algériens. Spécialisée dans la fabrication des panneaux solaires, elle prospecte pour placer sur le marché un système solaire qu’elle présente comme une solution « complète ». Ce système comprend le montage des kits pour les toits avec tout type de toiture ainsi que des collecteurs dotés d’un système de raccordement, d’aération et d’étanchéité. Le tout relié à un mécanisme de contrôle. Neon est lauréate du programme « Greenevo » dont on a parlé.

Création d’une association professionnelle des industriels des panneaux photovoltaïques

Les industriels des panneaux photovoltaïques ont mis en place une association professionnelle regroupant déjà une centaine d’opérateurs ainsi que des chercheurs et scientifiques, a indiqué jeudi dernier à l’APS, l’initiateur du projet, M. Sid Ahmed Mokhfi, directeur de la première usine photovoltaïque en Algérie, « Eidelec ». « L’association a pour première vocation la formation de professionnels dans ce domaine, ainsi que la sensibilisation sur l’importance des énergies propres », a-t-il précisé en marge du 2e Salon international des énergies renouvelables qui se tenait à Oran jusqu’à hier. Les objectifs de cette association, baptisée « Groupement des industriels des panneaux photovoltaïques Algérie » (GIPA), s’inscrivent dans le programme des pouvoirs publics visant à promouvoir les énergies propres, a-t-il encore expliqué. « Même si l’appellation laisse entendre que seuls les industriels des panneaux photovoltaïques sont concernés, l’association est ouverte aux autres industriels et scientifiques intéressés par les énergies renouvelables », a-t-il souligné. L’action de l’association vient ainsi compléter les efforts de l’Etat, en créant un réseau de formation, « indispensable pour faire avancer les choses », a-t-il encore mis en exergue. La première assemblée générale de l’association se tiendra dans les prochains jours à venir, indique-t-on de même source.

Energie solaire dans le traitement des eaux usées

Les stations de Ain Sefra et de Mecheria fonctionneront dans certaines parties de leur équipement avec de l’électricité produite à partir de l’énergie solaire. A terme toutes les stations de pompage, de traitement et d’épuration des eaux usées dans les régions sahariennes seront dotées d’équipements spécifiques à la production de l’énergie renouvelable. Notons que L’Office national d’assainissement (ONA) présent à ce Salon est engagé dans un projet 2010/2014 pour la réalisation de 40 stations de traitement des eaux usées au niveau national.

Inconnu du public

Le Centre National des Technologies de Production plus Propre a été retenu comme Centre Régional au titre de la convention de Stockholm pour la région Afrique du Nord. Présent au Salon, ce centre œuvre pour le renforcement des capacités et le transfert de technologies pour la gestion des polluants organiques persistants…

Bon à savoir

La ville de Boughezoul est intégrée dans un projet environnemental innovant : objectif « zéro carbone » grâce à la généralisation des technologies énergétiques propres et l’utilisation de normes urbanistiques adaptées a cet effet. Ce projet initié par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement avec le soutien financier du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et l’assistance technique du PNUE, vise à faire de la Ville Nouvelle de Boughezoul (Médéa) une cité moderne à faibles émissions de carbone.

L’apport des éoliennes

Une centaine d’éoliennes ont été installées dans des zones steppiques et du Sud du pays pour la production d’électricité nécessaire à la mise en marche des équipements des puits depuis deux ans. Djelga, Laghouat, Naâma et même Adrar ont bénéficié de ces « ventilateurs ». La sédentarisation de plus en plus fréquentes des populations agropastorales dans ces régions a incité le ministère de l’Agriculture à mettre en place tout un programme de fixation de ces populations notamment pour rendre à moyen terme l’énergie peu coûteuse dans ces régions

M. K.