La situation que vit depuis quelques semaines le parti des travailleurs (PT) est loin de se résumer à une saute d’humeur d’un député en bisbille avec la direction de son parti. Il s’agit d’une véritable dissidence, qui s’appuie sur une large frange de militants et de cadres qui veulent en finir avec la présidence à vie de Louisa Hanoune.
Salim Labatcha , député d’Alger, qui assume provisoirement la coordination du mouvement de dissidence est formel : « notre objectif est de rendre la dilection du parti aux militants, à ceux qui pensent à l’intérêt du pays, du parti et pas à ceux qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels », a-t-il affirmé dans un entretien avec Algérie1.
L’objectif étant ainsi défini, Salim Labatcha revient sur les raisons de fond qui sont le moteur de cette dissidence : En fait, ces raisons sont évoquées à grands traits dans le dernier communiqué . « La ligne de conduite du parti a changé, de même que les objectifs. Quand on a rejoint le PT, j’étais convaincu de ses principes, poursuit Salim Labatcha qui dénonce aussi le processus de décision au sein du parti .
« Les structures du parti ne sont pas associées aux décisions, on a longtemps souffert que le parti soit l’otage d’un groupe restreint, les structures se limitent à ce groupe, sous la direction de la secrétaire générale » dit-t-il en rappelant, au passage, que le parti a eu à vivre par le passé des cas de fronde internes dont les initiateurs avaient choisi de quitter le parti au lieu de se battre à l’intérieur.
Salim Labatcha dit tout son respect pour les anciens cadres qui ont choisi de se retirer. « Nous, on a décidé de se battre à l’intérieur des structures organiques pour récupérer le parti » , poursuit notre interlocuteur qui parle d’un « ras-le-bol » au niveau des bases du parti, mais « un ras-le-bol larvé, à cause de la terreur imposée par Louisa Hanoune ».
« Notre premier communiqué est un acte qui a cassé le mur de la peur », savoure le coordinateur du mouvement qui accuse Louisa Hanoune de « gestion stalinienne » du parti. A l’en croire, ce communiqué a eu un effet désinhibant, puisqu’il a selon lui libéré la parole. « Depuis que nous avons commencé notre action, on a enregistré beaucoup d’adhésions dans d’autres wilayas, au niveau des élus locaux, APW et APC, des membres du BP, du comité central », détaille encore le député Salim Labatcha qui parle aussi de l’ imminence de la création d’un groupe parlementaire indépendant composé de pas moins de onze députés.
Notre interlocuteur profite pour battre en brèche les accusations de manipulation avancées par la secrétaire générale du parti qui a mis l’index les deux députés du FLN Bahaeddine Tliba et Mohamed Djemai, qui seraient derrière le mouvement de dissidence. « Cela fait longtemps qu’elle dénonce ces deux députés du FLN, pas seulement puisqu’elle accuse également son secrétaire général Amar Saâdani, le ministre Abdeslam Bouchouareb, le président du FCE… parce que madame n’admet pas qu’elle soit contestée à l’intérieur du parti, vous savez, c’est une grande comédienne qui a toujours invoqué la thèse du complot, à chaque fois que son autorité est remise en cause ».
Salim Labatcha entend passer à une nouvelle phase, cela en structurant la contestation pour aboutir in fine à la tenue d’un congrès extraordinaire du PT. « Nous sommes déterminés à faire aboutir notre action et en finir définitivement avec l’ère Hanoune, vingt cinq ans, basta ! » souligne t-il.
Groupe parlementaire
Par ailleurs, notre journal a appris que 11 députés, sur les 20 que compte le PT, vont créer un groupe parlementaire. Le bureau de l’APN a donné son accord pour l’installation de ce groupe dissident et en principe au courant de la semaine prochaine ce sera chose faite. Une motion de défiance sera initiée à l’encontre du président du groupe parlementaire Djelloul Djoudi.
12 membres du bureau politique ainsi que 39 membres du comité central, dont 12 exclus ont d’ors et déjà rejoint ce mouvement de dissidence qui prend de l’ampleur au niveau des wilayas et qui aura comme finalité l’organisation d’un congrès extraordinaire.