Salah Goudjil, membre du comité central et de la cellule de crise
Rien ne va plus au FLN. Le parti vit l’un des épisodes les plus durs de son histoire, post-ouverture démocratique de 1988.
L’entêtement du secrétaire général, Amar Saâdani, à imposer ses choix, a fait l’unanimité contre lui. Imposé à la tête du parti suite à un coup de force lors d’une session très tendue du comité central, le 29 août 2013, il est actuellement confronté à un mouvement de protestation sans précédent. Dans une déclaration rendue publique hier, Salah Goudjil, membre du comité central et de la cellule de crise installée avant-hier à Alger, accuse M.Saâdani et ses partisans de vouloir étendre leur main basse sur le parti, quitte à lui infliger «la cassure définitive».
Pour l’ancien coordinateur du mouvement de redressement, éjecté dans le sillage des élections législatives du 10 mai 2012, le FLN se trouve à la croisée des chemins. «Ou bien il est redressé rapidement pour revenir à ses véritables militants et à sa mission originelle au service du pays en contribuant à son développement, ou bien il disparaît dans le fracas avec toutes les conséquences qui en découleraient», lance-t-il dans sa déclaration.
Dans le parti majoritaire, porteur de toutes les contradictions, Salah Goudjil, sénateur du tiers présidentiel, accuse la direction nationale conduite par Amar Saâdani de faire du congrès prévu pour les 28, 29 et 30 mai en cours un congrès sur mesure.
Pour M.Goudjil, ceux qui dirigent actuellement le FLN, «après l’avoir squatté d’une manière flagrante en dépit d’un arrêt du Conseil d’Etat, ont l’air de ne pas s’en inquiéter et pratiquent la politique de la fuite en avant au point qu’ils ont décidé, contre toute attente, de tenir en quelques jours, au lieu de six à douze mois en temps normal, un congrès sur mesure qui rassemblerait plus de 5000 personnes venant de différents horizons et ce dans le but d’entériner leur main basse sur le parti, ce qui précipitera en conséquence la cassure d’une manière définitive».
Et de préciser que «devant cette situation exceptionnelle, un nombre important de membres du comité central (l’instance dirigeante du parti entre deux congrès), conscients de leur responsabilité historique, ont profité d’une rencontre à Alger pour débattre, sous la houlette du membre le plus âgé d’entre eux, à savoir le sénateur Salah Goudjil, de la gravité de la situation et s’entendre sur la manière d’éviter l’implosion du parti, implosion qui ne manquera pas d’avoir de graves incidences, en particulier sur le fonctionnement des institutions de l’Etat, notamment au sein du Parlement et dans les autres assemblées populaires où le FLN détient la majorité des sièges». Cette réunion, qui avait regroupé les principales forces opposantes à la direction nationale, a été sanctionnée par la mise en place d’une cellule de crise, chargée de suivre la situation.
«Dans l’attente de la décision de la justice relative à la demande de l’annulation de l’autorisation accordée par l’Administration pour tenir ce congrès, les intéressés réaffirment avec détermination leur rejet catégorique de l’organisation de ce congrès illégitime qui va à l’encontre de la loi sur les partis et des statuts et règlements régissant la vie du parti», affirme Salah Goudjil.
Ce dernier cite notamment, dans le volet relatif aux nouvelles mouhafadhas, qui, «sous prétexte de devancer le découpage administratif, passent de 54 à 118, alors que les statuts que seul le congrès est habilité à modifier, sont précis à ce sujet: une seule mouhafadha par wilaya, à l’exception de la capitale!».
Pour mettre fin à ces dépassements, M.Goudjil souligne que les membres du comité central se tournent vers le président du parti Abdelaziz Bouteflika, «pour attirer son attention sur le grave danger que court son parti».
«Il (Bouteflika) ne peut accepter que l’histoire retienne que le FLN a subi, de son vivant, un sort aussi lamentable que celui qui l’attend inévitablement si les choses restent en l’état», estime M. Goudjil, appelant les militants à renforcer leur vigilance et leur mobilisation, afin de préserver et de défendre leur parti par tous les moyens légaux.