Salah Challah, président de l’association des églises protestantes d’Algérie : « Je ne comprends pas les raisons de ce brusque acharnement »

Salah Challah, président de l’association des églises protestantes d’Algérie : « Je ne comprends pas les raisons de ce brusque acharnement »

Pour Salah Challah, président de l’association des églises protestantes d’Algérie (EPA), qui s’explique sur les événements de la semaine dernière qui ont ciblé les lieux de culte protestant et les fidèles qui ont tenté de protester, jeudi dernier devant la wilaya, la machine bureaucratique est de nouveau actionnée contre les communautés protestantes dans notre pays.

C’est, en tout cas, le sens donné par ce pasteur de l’église de la Porte ouverte de Tizi Ouzou à l’ordre de fermeture donné par le wali de Tizi Ouzou, qui a requis la force publique pour l’exécution des arrêtés de fermeture de sept églises qui officient sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou, au motif de non-respect de l’ordonnance n° 06-06 du 28 février 2006, fixant les conditions et les règles d’exercice des cultes autres que musulmans. Un rappel à l’ordre et une injonction au respect de la loi qui ne trouvent pas d’explication, selon les responsables de l’association EPA dûment agréée par les autorités et qui regroupe toutes les églises protestantes d’Algérie.

«Tous les édifices qui servent de lieux de culte sont érigés aux normes de sécurité exigées par la loi dont des aménagements adéquats pour le regroupement d’un grand nombre de personnes (issues de secours, postes d’incendie…). L’église de la Porte ouverte que je dirige en est l’exemple parfait, car nous avons obtenu toutes les autorisations de la part des services concernés de l’Etat», explique le président de l’EPA, qui déplore la violence des services de sécurité à l’encontre des membres de l’église La Porte ouverte et Tafat de Tizi Ouzou, lundi et mardi derniers, au moment où ces derniers procédaient à la fermeture administrative de ces établissements cultuels.

Le pasteur Challah, dont l’avis est corroboré par de nombreux fidèles, est convaincu que ce nouvel épisode contre « des citoyens qui ont décidé d’embrasser une religion autre que celle pratiquée par la majorité des Algériens, rappelle la campagne médiatique féroce des années 2000 pour combattre le phénomène des conversions au christianisme, assimilé, alors, à une forme d’invasion cultuelle.

La mobilisation d’un large courant d’opinion en faveur de ces citoyens sur fond d’un branle-bas médiatique amena les autorités à promulguer l’Ordonnance du 28 février 2006 régissant l’exercice des cultes autres que musulmans.

De fait, ces églises chrétiennes sont mises sous l’autorité de l’Etat. Une commission chargée de régir le dossier des cultes autres que musulmans a été instituée au niveau du ministère des Affaires religieuses, en vertu de l’ordonnance présidentielle du 28 février 2006. Une loi qui relève, aux yeux de beaucoup au sein de l’EPA, davantage d’un acte de tolérance que d’un texte censé libérer définitivement le champ de la pratique religieuse autre que l’islam, en Algérie.

Une situation où cette loi reste inappliquée qui fait dire au président de l’EPA qu’il n’y a pas de volonté politique pour mettre fin à cette situation de non-droit, regrette cet homme d’église protestante d’Algérie qui ne s’explique pas les «raisons de ce brusque acharnement dont font l’objet les communautés qui sont affiliées à l’EPA». «Cela fait 23 ans que nous sommes tolérés, mais ce brusque acharnement contre nos communautés m’autorise à me poser des questions.»

Houssem A. M.