Le tourisme à Tigzirt et à Azeffoun ne vivra pas de l’apport des estivants qui viennent avec des sandwichs dans les paniers.
La saison estivale s’ouvre à Tizi Ouzou. La direction du tourisme de la wilaya annonce la mobilisation d’une enveloppe budgétaire de 2250.000 DA pour sa réussite. Beaucoup de bonnes nouvelles attendent les touristes qui afflueront vers les plages d’Azeffoun et Tigzirt. Les prévisions font état de quelque quatre millions d’estivants.
Un chiffre énorme vu les capacités d’accueil limitées de la wilaya en matière de plages et d’infrastructures d’hébergement telles que les hôtels. Cependant, les mêmes autorités ne nous renseignent pas sur les catégories et caractéristiques de ces touristes qui afflueront dès le top départ de la saison.
Au chapitre des bonnes nouvelles, la direction du tourisme annonce qu’une ville balnéaire sera implantée, pour la première fois, dans la ville d’Azeffoun. Ce petit village touristique fait d’habitations légères sera installé au niveau de la plage Petit Paradis pour une capacité d’accueil de 480 lits destinés au camping. Les services concernés annoncent également le lancement d’une formule d’hébergement chez l’habitant.
Cette expérience, tentée l’année dernière à Tigzirt, a pour rappel, rencontré un franc succès chez les estivants. Les habitants des deux villes de Tigzirt et d’Azeffoun ont également loué cette initiative mise en évidence grâce à la bonne volonté du directeur de l’Office de tourisme de Tigzirt, Azzouz Mohamed. Enfin, il est à noter que les huit plages autorisées à la baignade dans les deux villes bénéficieront cette année d’une télésurveillance pour le bien-être des estivants.
Toutefois, les services concernés n’ont pas encore apporté de réponse à notre interrogation au sujet des quatre millions de touristes attendus. Aucune statistique ne semble prendre en considération l’identification des estivants pour connaître la nature de leur apport au commerce et à l’économie des deux villes. Preuve que ce volet demeure inexploré, le flou entoure l’apport financier des trois millions de «touristes» qui ont séjourné à Tigzirt et à Azeffoun.
Les mêmes statistiques ne révèlent pas non plus pas le nombre d’estivants nationaux et étrangers.En fait, ces statistiques sont inévitables et nécessaires pour un secteur qui aspire à participer au développement. Les quatre millions de touristes ne sont qu’une vue de l’esprit ou une illusion apparentée par des statistiques tout aussi saugrenues. Jusqu’à présent, aucun critère de décompte n’est disponible pour rendre compte du nombre d’estivants et encore moins de leur apport financier pour le commerce et l’économie des deux villes. Jusqu’à hier, les commerçants des deux villes s’apprêtaient tout seuls à faire face à une demande exceptionnelle lors des mois de juin, juillet et août. Aucune statistique ne vient s’enquérir de l’évolution de leurs activités en début et en fin de saison et encore moins de la capacité d’accueil des hôtels privés des deux villes.
A Tigzirt, c’est devenu habituel, les hôtels privés ne survivent que grâce aux quelques clients fidélisés parmi les émigrés et les rares étrangers qui se comptent sur les doigts d’une seule main. Le reste de l’activité se résume aux ventes au niveau des brasseries y afférentes.
Enfin, depuis l’Indépendance, le tourisme dans les deux villes se résume à des investissements consentis par l’Etat dans les améliorations de l’infrastructure ainsi que les efforts à la «Don Quichotte» des organismes du tourisme. Mais rien ne semble indiquer qu’il y a une vision à plus long terme. Le nombre de touristes attendus n’est pas l’objectif, mais c’est plutôt l’apport et les nationalités de ceux-ci. Le secteur du tourisme ne pourra pas se relever avant qu’il n’attire les touristes étrangers et leur apport en devises fortes. Le tourisme à Tigzirt et à Azeffoun ne vivra pas de l’apport des estivants qui viennent avec des sandwichs dans les paniers.