Saison estivale : les éboueurs draguent la mer

Saison estivale : les éboueurs draguent la mer

En cette veille d’ouverture de la saison estivale, le coup d’envoi de la 12e édition des « éboueurs de la mer » a été donné ce samedi de la plage de Tamentfoust (est d’Alger) pour aider les plages du littoral à se faire une beauté toute neuve, mais aussi et surtout sensibiliser les Algériens, petits et grands, à l’écocitoyenneté.

«La persévérance est au courage ce que la roue est au levier : c’est le renouvellement perpétuel du point d’appui » écrivait Victor Hugo dans « Les travailleurs de la mer ». Organisée chaque année depuis 1993 par la Radio algérienne (Chaîne 3) et l’association « Récifs » (Recherche informations formations subaquatiques), l’opération vise, outre à nettoyer les plages, à ancrer la culture écologique au sein de la société pour une meilleure préservation du littoral en impliquant toutes les composantes de la société dans la collecte des déchets. Sur la base du volontariat et grâce à la participation de nombreux bénévoles mais aussi d’acteurs de l’environnement, l’opération veut plus que tout ancrer le civisme chez le citoyen et la préservation de la faune et de la flore de notre littoral car comme le martèlent une fois de plus cette année encore les organisateurs de l’opération, « l’environnement est l’affaire de tous ! »



Le principal objectif est de sensibiliser toutes les franges de la société pour établir une véritable culture environnementale durable qui manque encore dans les mentalités algériennes. En effet, les déchets de tous genres comme les déchets ménagers, les bouteilles et sacs en plastiques, les piles électriques, boîtes de conserves, mais aussi des pièces automobiles comme des pneus et des couches pour bébés jonchent encore sur nos plages. Ces derniers parfois nocifs pour les individus et les fonds marins font de certaines plages de véritables dépotoirs à ciel ouvert. Ceci prouve que la notion de préservation de l’environnement n’est pas encore enracinée dans la conscience collective. à tort assurément car la propreté du littoral est un élément essentiel, tout d’abord pour le bien-être des citoyens, mais aussi pour le développement du tourisme. Malgré cela, le président de l’association « Récifs », M. Hamid Belkessam a une fois de plus souligné l’importance d’assurer la pérennité de cette opération initiée en 1993, qui chaque année est une réussite en déclarant que l’opération est « citoyenne et permanente ». Il s’agit de mobiliser chaque année plus de monde pour des plages plus propres. Et le message semble être passé car, cette année encore, outre les quatorze plages des wilayas côtières qui participent à l’événement, plusieurs plages qui n’étaient pas ciblées par l’opération ont été investies par des volontaires a précisé M. Hamid Belkessam soulignant la présence de plongeurs volontaires du côté d’Oran pour nettoyer les fonds marins.

Présent sur le plateau de la Chaîne 3 au siège de l’association Récifs à Tamenfoust, le « militant » écologiste, symbole de cette lutte et mascotte des réseaux sociaux, Amar Adjili, a partagé avec émotion sa satisfaction face à la présence de nombreux jeunes en action sur la plage car c’est une nécessité d’éduquer les jeunes – et les moins jeunes – à l’écocitoyenneté et de faire des petits d’aujourd’hui les éco-responsables de demain. Adjili a passé deux mois à nettoyer les plages de Chenoua (wilaya de Tipaza) en ramassant les déchets. Après la publication d’une vidéo où il montre la dégradation du complexe touristique de Matarès et la présence de rats morts et vivants qui a fait le tour des réseaux sociaux, il a fait l’objet d’intimidations et d’une agression.

De son côté, un des responsables de l’Association Ifer Ecologie et Environnement qui participe pour la troisième fois à l’opération, M. Mohamed Bouhal, a lancé un appel au peuple algérien dans son ensemble à « adhérer » à cet acte environnemental et écologique en précisant que la baisse des déchets récoltés se fera au prorata du nombre de personnes sensibilisées.

Des actions concrètes

à quelques jours du début du Ramadhan pendant lequel de nombreux citoyens procèdent à la rupture du jeûne sur les plages, le directeur des études de l’Epic Extranet, l’entreprise de collecte et de traitement des déchets de la wilaya d’Alger, M. Karim Bouteldja, a affirmé l’implantation de plusieurs points de collecte des déchets sur les plages de la capitale pour inciter les estivants à ne pas laisser ces derniers derrière eux comme c’est souvent le cas. Par ailleurs, selon ce dernier, la campagne de sensibilisation doit se faire en amont, dans les ménages, avec la mise en place progressive comme il l’a annoncé, d’un programme de sensibilisation au tri sélectif au niveau des grands ensembles d’habitations.

Des bacs destinés à la récolte des différentes matières (organiques, sèches et de pain rassis) seront prochainement mis en place au niveau des cités pour mieux recycler les déchets alimentaires et non alimentaires. De plus, il est judicieux « en cette période d’austérité, de donner une valeur monétaire à ces déchets. » a-t-il précisé. Dans cette même perspective écologique, il y a l’initiative louable de cette jeune algérienne, Yasmine Hamaidia, qui a créé sa propre entreprise, grâce à l’Ansej, de confection de sacs en tissu réutilisables. Présente au lancement de l’opération sur la plage de Tamenfoust, elle regrette l’utilisation en forte quantité de sachets en plastique dans le quotidien de ses compatriotes. Habitude qu’elle qualifie de véritable « problème de société » et de « catastrophe » car abandonnés sur les plages, ils ne sont pas biodégradables et tuent la faune marine. Pour Yasmine Hamaidia, une solution existe dans la distribution au niveau des commerces, même à titre gratuit au départ, de sacs en tissu réutilisables pour lutter contre ce fléau.

Anissa Benkhelifa