Une ville qui a charmé les estivants
Les signes de cette réussite sont nombreux tout comme le sont d’ailleurs les raisons qui l’ont permise.
Il ne reste plus que quelques jours pour la clôture de la saison estivale à travers la Kabylie. Connue pour sa façade maritime qui s’étend sur deux communes, Tigzirt et Azeffoun, le tourisme est une vocation d’avenir pour les populations locales. Cette année, Tigzirt, à titre d’exemple, ne s’en plaint pas. Bien au contraire, selon le directeur de l’office local du tourisme, Azzouz Mohamed, la saison a été une grande réussite. Malgré les quelques lacunes relatives essentiellement à l’eau potable, la saison s’est déroulée dans de très bonnes conditions.
Les signes de cette réussite sont nombreux tout comme le sont d’ailleurs les raisons qui l’ont permise. En effet, la ville de Tigzirt, à elle seule, a accueilli durant le mois de Ramadhan quelque 902.500 visiteurs. Les estivants venaient apprécier les programmes nocturnes des soirées ramadhanesques. En ce mois de jeûne, les sites romains antiques ont remplacé les plages. Des galas, des soirées thématiques et théâtrales ont coïncidé, par ailleurs, avec le festival arabo-africain de danse folklorique qui a gratifié la ville de Tigzirt de plusieurs spectacles.
Sur un autre plan, la ville de Tigzirt comme Azeffoun, a profité de la réussite de la formule «Hébergement chez l’habitant» qui a amené des estivants de plusieurs wilayas du pays. Ils sont, en effet, venus d’Alger, Boumerdès, Blida et Tipaza. L’attrait de cette formule a fait monter les prix jusqu’à 80.000 dinars mois de location, mais cela n’a pas dissuadé les estivants. Bien au contraire, affirmaient Mohand Azzouz, directeur de l’office de tourisme de Tigzirt qui a d’ailleurs longtemps milité pour la légalisation de la formule,
«Hébergement chez l’habitant» a boosté l’activité touristique de façon inattendue. Pour notre interlocuteur, cette formule aidera sans nul doute à développer le tourisme domestique.
Autre signe de la réussite de la saison estivale: l’afflux des visiteurs. Après l’Aïd, les plages ont été prises d’assaut. Les hôtels, de leur côté, ont fait le plein de clients ainsi que les restaurants et autres commerces. Cette année, les commerçants affichent leur satisfecit avant même la clôture de la saison qui intervient dans quelques jours.
Ainsi donc, ces signes de réussite trouvent leur origine dans la réunion de plusieurs facteurs. En premier lieu, il apparaît évident que la formule a grandement aidé à ramener des visiteurs par dizaines de milliers. Des centaines d’habitants de la ville de Tigzirt et d’Azeffoun possèdent des maisons de campagne. En ces mois de canicule et de vacances, ces derniers prennent des congés dans les villages et louent leurs maisons de la ville. Cela a tellement réussi que certains n’hésitent pas à dire qu’ils se croiraient à Alger au vu du nombre de familles algéroises prenant la place des familles tigzirtoises.
Au même chapitre, la saison estivale qui bat son plein ne serait pas à ce rythme sans la réouverture de la RN24 reliant, via le littoral, Tigzirt et Azeffoun à Alger et Boumerdès. Cet axe a permis aux estivants des wilayas de l’Ouest d’arriver directement à Tigzirt et Azeffoun qui ont été longtemps privés de cette route. En fait, la RN24 qui traverse le massif forestier de Mizrana a été fermée à la circulation en 1994 a cause des actes terroristes qui visaient quotidiennement les usagers. Cette réouverture qui est intervenue en 2012 met en évidence la situation sécuritaire. En effet cet axe est aujourd’hui totalement sécurisé par la forte présence des forces de l’ANP et de la Gendarmerie nationale.
Un fait qui rappelle un autre facteur qui a aidé à la réussite de la saison estivale dans les communes du littoral mais aussi dans toute la Kabylie. Les plages et les sites touristiques sont totalement sécurisés permettant ainsi aux estivants de se baigner dans l’eau et la paix.
Parallèlement à ces facteurs, il est aussi nécessaire de rappeler que les prestations de
services de la ville de Tigzirt ont connu une nette amélioration. Dans un passé pas si loin, les estivants devaient débourser 60 dinars pour une bouteille d’eau pas nécessairement fraîche. Aujourd’hui, bien que l’eau potable ne soit pas servie chaque jour, il n’en demeure pas moins que la pénurie a été considérablement réduite.
Signalons que la Kabylie en général recèle des richesses touristiques à même d’en faire une vocation à part entière. Les métiers et arts artisanaux foisonnent à travers les communes. L’on constate la forte présence de ces richesses rien qu’en voyant le nombre de festivals qui sont organisés actuellement à travers la wilaya. De la poterie à la bijouterie; des figues à la cerise et plein d’autres choses encore comme la robe kabyle. Des manifestations culturelles de ce genre peuvent attirer des visiteurs pas uniquement des autres régions du pays mais d’autres pays. Toutefois, il est à déplorer que ces festivals hautement nécessaires ne soient pas organisés dans les communes à forte vocation touristique. Malgré leur caractère touristique, les villes d’Azeffoun et de Tigzirt sont dénuées de toute manifestation culturelle annuelle.
Enfin, de l’avis même du directeur de l’office de tourisme de Tigzirt, la réussite du tourisme ne sera totale que le jour où les villes de Tigzirt et Azeffoun renoueront avec les touristes étrangers.