Le bilan des pèlerins algériens qui ont péri en Arabie Saoudite s’est alourdi hier, pour atteindre 20 morts. La majorité des victimes ont trouvé la mort en raison des conditions déplorables dans lesquelles elles étaient hébergées au cours de leur séjour effectué à l’occasion de la saison du hadj 2010.
Avant même d’atterrir sur le territoire national, les pèlerins algériens n’ont pas caché leur désarrois de l’échec total de cette opération pour laquelle d’importantes sommes d’argent ont été injectées. Les problèmes ne sont pas nouveaux et ne datent pas d’hier. Ils ont bel et bien commencé depuis l’arrivée des premières délégations
de pèlerins à La Mecque et à Médine pour effectuer ce rituel. Les pèlerins algériens, dont la majorité sont âgés et malades, étaient choqués de ne pas trouver des chambres d’hôtel pour passer les premières nuits alors qu’on leur a promis que toutes les conditions sont réunies pour leur assurer une bonne prise en charge au courant de tout leur séjour.
La situation ne s’est guère améliorée pour le restant de cette saison dont le déroulement a été qualifié de véritable «catastrophe». «Après le drame vécu durant la omra, on pensait qu’on allait éviter toute cette anarchie durant le hadj. Hélas, ça va de mal en pis», a-t-on indiqué.
Les conditions de la prise en charge de la délégation algérienne sont déplorables. Pourtant, le ministère du Tourisme, celui des affaires religieuses en collaboration avec l’office de hadj, ont décidé de mettre de l’ordre dans ce créneau pour mieux maîtriser les choses. Un arrêté ministériel fixant les missions et la classification des agences de voyages a été publié l’été dernier.
Contesté par la majorité des propriétaires des agences de voyages appartenant au secteur privé, ce texte de loi a privilégié les agences publiques de voyages en leur réservant l’exclusivité de l’organisation de la mission du hadj et de la omra.
Ceci est intervenu après un ratage monumental de la saison de la omra durant laquelle des milliers de pèlerins ont été malmenés dans les aéroports de Djeddah et de Médine en raison des retards accusés par les vols
d’Air Algérie et l’absence d’une prise en charge des pèlerins durant ces jours supplémentaires qu’ils ont passés dans les aéroports. L’arrêté du ministère du Tourisme ayant confié cette mission au Touring Club et à l’Onat n’a finalement pas apporté la solution tant attendue puisque l’anarchie a encore une fois pris le dessus dans ce genre d’opération.
Le président de l’Office du hadj, M. Barbara, impute cette situation à l’exiguïté des lieux dont la capacité maximale est de 1,5 million de pèlerins alors qu’ils sont quelque 3 millions qui effectuent le rituel chaque année.
Le journal El Qods El Arabi cite l’ouverture d’une enquête sur le déroulement de la saison du hadj et les défaillances d’organisation constatées par les autorités algériennes sur la base d’un rapport détaillé établi par l’ambassadeur d’Algérie en Arabie Saoudite. Les pèlerins algériens ont entamé la phase retour dans la soirée de samedi dernier. Quelque 71 vols assurés conjointement par la compagnie nationale Air Algérie et la compagnie saoudienne sont programmés pour transporter les pèlerins jusqu’au 10 décembre.
Nouria Bourihane