Saisie de l’avion d’Air Algérie, L’affaire prend une tournure diplomatique

Saisie de l’avion d’Air Algérie, L’affaire prend une tournure diplomatique

Selon une source des affaires étrangères, “les autorités algériennes ont fait part de leur agacement” suscité par cette affaire, exigeant des explications, d’autant plus que les autorités jugent que “les voies de recours auprès des instances judiciaires compétentes n’étaient pas toutes épuisées”, pour justifier la saisie de l’aéronef.

Quarante-huit heures après la décision de la justice belge, l’Algérie a rappelé ses ambassadeurs en Belgique et aux Pays-Bas pour “consultations”. Les autorités ont aussi convoqué, hier, les représentants diplomatiques de ces deux pays pour des explications. Selon une source des affaires étrangères, “les autorités algériennes ont fait part de leur agacement” suscité par cette affaire, exigeant des explications, d’autant plus que les autorités jugent que “les voies de recours auprès des instances judiciaires compétentes n’étaient pas toutes épuisées”, pour justifier la saisie de l’aéronef.

La même source a informé que le premier responsable de la société K’Air BV, un binational, Hamid Kerboua en l’occurrence, “est convoqué par le tribunal d’Alger pour le 17 décembre”. Elle a ajouté que ce même responsable a été convoqué auparavant, soit au mois d’octobre écoulé, pour tirer au clair l’affaire, mais il a jugé inopportun de se présenter.

Notre source des AE a expliqué que l’agacement des autorités algériennes est justifié, notamment, par cette atteinte à la souveraineté nationale. “L’avion appartient à une entreprise publique, elle est la vitrine de l’Algérie, donc attenter à son image, c’est toucher à sa souveraineté”, a-t-on encore dénoncé. Elle a précisé, par ailleurs, que toutes les voies diplomatiques ont été mises en alerte pour “informer le responsable de K’Air BV et lui transmettre la convocation de la justice algérienne”.

Une autre source a précisé que, depuis hier, les autorités algériennes ont entrepris “plusieurs démarches diplomatiques et légales”, afin, précise-t-elle, “d’obtenir la mainlevée sur la saisie de l’avion”, et ce, “dans les plus brefs délais” car l’avion est toujours cloué au sol. Avant-hier, soit 24h après les faits, Air Algérie a donné sa version dans un communiqué rendu public.

Elle a expliqué que sa décision de résilier le contrat qui la liait à la société néerlandaise K’Air BV depuis le 6 juillet 2008 était motivée par la non-capacité de cette société à réunir les financements nécessaires pour l’achat des appareils réformés. Le même communiqué a expliqué aussi qu’un recours en annulation a été engagé par Air Algérie en date du 7 mai 2014, et ce, après la sentence de la Cour internationale d’arbitrage qui a condamné Air Algérie prononcée le 31 mars 2014. Interrogé sur la nature de ces contrats qui lient Air Algérie à plusieurs sociétés étrangères, notamment celui de la vente des appareils réformés, Benzerroug Mohamed-Redouane, pilote et expert judiciaire, a expliqué que cette affaire de vente des pièces détachées remonte à plusieurs années. “Elle date de l’époque de Benouis”, a-t-il dit, précisant qu’elle concerne, notamment, la vente des aéronefs de type 727 et 737-200. “L’affaire a très mal tourné”, résume-t-il, soulignant qu’à l’époque “celui qui s’occupait du technique a été mis en prison”.

M. Benzerroug n’est pas convaincu par la version d’Air Algérie. Il doute et avance, pour sa part, que la compagnie nationale “cache des choses et ne dit pas la vérité”. Il en veut pour preuve “cette manière de laisser pourrir les choses”. “L’avion retenu est un 737-800 qui coûte pas moins de 60 millions de dollars”, a-t-il dit pour expliciter tout le manque à gagner pour Air Algérie. “L’immobilisation d’un appareil de cette taille coûte très cher”, a-t-il encore dit, ajoutant que cela intervient en fin d’année, sans parler, “du chamboulement du programme des vols”.

À préciser que M. Kerboua, P-DG de K’Air BV, a indiqué à TSA qu’il était disposé à régler à l’amiable l’affaire, à condition qu’Air Algérie “rembourse les deux millions de dollars de caution”. Il a expliqué que le pavillon national n’a pas respecté les termes du contrat et a fait dans la fuite en avant en refusant de remettre la documentation sur les avions réformés.

“Face aux demandes répétées et à l’insistance de la compagnie K’Air BV d’obtenir la documentation technique, la compagnie Air Algérie a décidé de résilier le contrat unilatéralement”, a affirmé M. Kerboua à TSA.

M. M