Saipem prévoit des pertes en 2013 à cause de ses difficultés « croissantes » en Algérie

Saipem prévoit des pertes en 2013 à cause de ses difficultés « croissantes » en Algérie

Saipem, la filiale du groupe énergétique italien ENI, affirme, par la voix de son directeur général, ne pas songer à quitter l’Algérie, en dépit des difficultés rencontrées sur le terrain qui vont lui coûter des dizaines de millions d’euros de pertes en 2013.

Saipem, filiale du groupe pétrolier italien ENI, s’attend à des pertes entre 300 et 350 millions d’euros (400 à 467 millions de dollars) pour l’année 2013, rapporte la presse italienne vendredi. La raison ? La Société évoque « une détérioration significative de notre position commerciale en Algérie » ainsi que « les questions de fonctionnement … en ce qui concerne deux contrats on-shore à un stade avancé d’exécution au Mexique et au Canada ».



Saipem a déjà réduit ses prévisions à la baisse en janvier derniers après les révélations sur des affaires de pots-de-vin concernant des contrats de services pétroliers en Algérie. Le directeur général de Saipem, Umberto Vergine admet que la société a été affectée par une « escalade inattendue » des enquêtes menées en Algérie, entraînant des retombées très négatives sur le plan commercial.

Saipem a annoncé, dans un communiqué, que les négociations avec la compagnie pétrolière algérienne ont été rompues et que même Sonatrach devait réclamer des dommages et intérêts, ainsi que des pénalités de retard dans des projets en Algérie, à l’image du projet d’usine de Menzel Ledjmet, le gazoduc GK3 et le train de GNL d’Arzew, selon la presse italienne.

Difficile retour à la normale

Malgré ses difficultés en Algérie, Saipem ne veut pas quitter le pays et vise à « rétablir des relations positives avec Sonatrach », insiste Umberto Vergine. Mais la situation en Algérie ne prête pas à une normalisation de sitôt. L’image de Saipem étant écornée par les scandales de corruption, la société est même sur le point de plier bagages pour ce qui concerne la division forage. Un départ qui devrait intervenir cet été, étant donné que Sonatrach avait instruit ses partenaires de ne plus confier les forages à Saipem, selon le secrétaire général du syndicat, Youcef Hachani.

Tout porte à croire que Saipem va quitter définitivement l’Algérie après l’achèvement des projets en cours. Saipem est au cœur d’une enquête, déclenchée en décembre dernier en Italie, sur des faits de corruption dans des contrats conclus en Algérie. La Société italienne est soupçonnée de versement de près de 200 millions d’euros de pots-de-vin à des responsables algériens afin d’obtenir des contrats.

La justice algérienne s’est emparée du dossier et a décidé de lancer une enquête sur ce qui est communément appelé « affaire Sonatrach II ». Par ailleurs, des fuites dans la presse font état d’une importante affaire dont les ramifications sont insoupçonnées. La presse a, d’ailleurs, ouvert un nouveau volet dans les pratiques illégales de la filiale de ENI en Algérie.

Surfacturation du fret

Le quotidien algérien « Le Temps d’Algérie » a entamé la publications de détails d’une « nouvelle affaire » concernant des importations de Saipem pour le compte de Sonatrach. Ces importations concernent plusieurs produits, dont la boulonnerie, des tubes en acier, des colliers de fixation, des tiges filetées avec écrous, des lames électriques, des vannes à boules, des anodes à courant, des structures métalliques et de nombreux autres produits et matériels.

« Dans ces transactions, le fret est facturé, parfois, à 350 euros et d’autres fois à près de 48.000 euros. Pourtant, la marchandise est transportée, souvent, du même pays (France) et parfois d’Italie », précise le journal qui s’appuie sur des documents en sa disposition. Le journal cite, entre autres transactions, l’importation de 17 colis armoires et accessoires, d’un poids de 8,831 tonnes, et un poids brut de 11,274 tonnes, par un fournisseur italien (numéro de quittance 1946, datée du 10 janvier 2011), où Saipem a facturé le fret à 479.999, 92 euros pour une marchandise dont la valeur financière a été facturée à 432.000,08 euros.