«Malgré mes qualités, j’ai dû bosser comme un fou pour m’imposer.»
«Pour réussir en Europe, il faut avant tout du talent.»
Partir ou rester est un choix que l’on fait. Continuer à savourer, à vivre intensément si vous voulez, une vie de star à l’algérienne avec tout ce que cela comprend en reconnaissance, amour et argent pour les plus chanceux ou partir voir le monde. Ce choix, Rafik Saïfi l’avait fait à l’été 2000. Champion d’Algérie avec le MCA alors, élu meilleur joueur de l’année, il était la star par excellence ! Pourtant, il avait choisi de tronquer cette allégresse pour une vie téméraire.
Supervisé par le Paris Saint-Germain et Troyes, il a fini par opter pour ce dernier. «C’était un choix à faire. Je l’ai fait et puis voilà ! Après, derrière, c’est vrai qu’il y avait l’envie de passer un cap. J’avais réalisé alors une bonne saison avec le Mouloudia, mais l’envie de voir plus grand, de passer un cap, m’a poussé à chercher à m’expatrier. A l’époque, j’avais deux ou trois touches.
Il y avait le PSG et Troyes entre autres qui me voulaient. Alain Perrin était venu jusqu’à Alger pour me superviser. Ceci m’a conforté dans mon choix d’y aller. C’est vrai qu’il fallait accepter d’abord l’idée de ne pas jouer directement, peut-être de gagner moins d’argent, de repartir presque de zéro, j’ai envie de dire. C’est comme ça que ça se passe en professionnel. A part une minorité de joueurs qui émergent vraiment du lot, les autres ont dû tous à un moment ou un autre faire leurs preuves.»
«Malgré mes qualités, j’ai dû bosser comme un fou pour m’imposer»
Qu’a-t-il appris du professionnalisme ? «Beaucoup de choses. Ça m’a aidé à me construire. Techniquement, j’avais toutes les qualités, mais physiquement, j’ai dû bosser comme un fou dès mes débuts. J’ai eu la chance de jouer tôt, mais l’apprentissage a duré.
Il y avait des moments où je ne jouais pas beaucoup, mais il fallait faire preuve de patience. Dès lors que le pas a été franchi, il fallait aller au bout. La patience, c’est ce qui a manqué à Metref, par exemple.
J’ai parlé plusieurs fois à son coach à Dijon, que je connais particulièrement. Il ne tarissait pas d’éloges sur ses qualités, mais Metref a choisi de rentrer au pays. Dommage ! La patience est très importante dans une carrière», explique Saïfi qui est resté quand même dix ans en Ligue 1.
«Pour réussir en Europe, il faut avant tout du talent»
Rafik Saïfi balaye d’un revers de main l’idée reçue qui veut que le footballeur algérien n’a pas le niveau pour jouer en Europe. «C’est faux ! On a de bons joueurs qui ont les qualités requises. Djabou, Delhoum, Derrag et Yahia-Chérif pour ne citer que ceux-là sont très intéressants. Après, il leur reste à faire le pas, à décider d’y aller.
C’est un pari que l’on fait. Ça peut marcher comme ça peut foirer, mais si on ne tente pas le pari, on ne le saura jamais !», explique t-il, tout en soutenant l’idée que seul le talent fait la décision.
Autrement, l’on pourra toujours compter sur les bons services d’un agent de renom, mais si on n’a pas le niveau, c’est cuit ! «Un agent, ça sert surtout lorsqu’il connaît du monde, mais il faut au préalable que le joueur ait le talent pour pouvoir s’imposer. Ce talent, certains de nos joueurs ne l’ont pas.»
«Nos joueurs devraient s’inspirer de Halliche»
«Lorsque j’ai été transféré à Troyes, j’étais déjà en sélection. Avoir le statut d’international, ça aide. Regardez Halliche : c’est vrai qu’il a d’énormes qualités, mais il faut reconnaître aussi que son parcours en sélection l’a beaucoup aidé à se construire une carrière. La sélection, c’est aussi une porte. C’est le parfait exemple du joueur algérien parti de rien pour arriver là où il est aujourd’hui. Nos joueurs devraient s’en inspirer.»