Saïfi : à nos frères syriens» 

Saïfi : à nos frères syriens» 

Avec l’arrivée du mois sacré de Ramadhan, votre rubrique « Allez le jeûne » revient pour creuser dans la vie et les habitudes des footballeurs et des artistes durant ce mois de piété. Nous avons choisi Rafik Saïfi pour commencer car ce Ramadhan sera particulier pour lui : c’est le premier qu’il passe en famille et en Algérie après 14 ans de professionnalisme.

Wach Rafik, ça va avec le Ramadhan ?

Ça va merci, c’est un début de Ramadhan ordinaire. Un peu moins ordinaire pour moi car je vais le passer avec mes parents. Je suis très content à l’idée de savoir qu’après l’Adhan, je serai entouré de mon père et de ma mère.

C’est le premier Ramadhan que vous commencez avec les parents depuis 14 ans.

C’est un détail qui m’a échappé. C’est vrai que ça faisait longtemps que je ne jeûnais plus avec les parents, la famille et ouled el houma. Que demander de plus ? Tu ne peux pas ressentir ce que je ressens en ce moment parce que toi tu es habitué à l’ambiance du Ramadhan avec ta famille. C’est une fois loin qu’on se rend compte de ce qu’on perd.

C’est aussi ton premier Ramadhan en tant que jeune retraité du football ?

C’est vrai et c’est bizarre. D’habitude, la première chose à laquelle je pense lorsque je me réveille c’est l’entraînement du matin. C’est mon premier réflexe. Ce n’est plus le cas désormais.

C’est donc la grasse matinée aujourd’hui ?

Détrompez-vous ! Même si je ne m’entraîne pas, je continue à me lever tôt.

Quel a été ton programme ce matin ?

Je me suis levé avant el imsak pour manger des trucs légers, faire la prière et lire quelques versets du Saint-Coran. Je me suis rendormi pour me réveiller vers 9h et sortir  faire un tour au marché. C’est vrai que c’est les parents qui font le marché, mais je n’ai pas le droit de rentrer les mains vides à la maison.

A quel âge as-tu commencé à jeûner ?

7 ans. Avant cet âge-là, je jeûnais la moitié de la journée, puis le lendemain je jeûnais l’autre moitié. A la fin je faisais mes comptes : pour deux demi-journées, je comptabilisais une journée de jeûne et le comble c’est que je croyais vraiment avoir jeûné.

On t’a fait un truc particulier ce jour-là ?

Sincèrement, je ne me rappelle plus. Il faut que je demande à ma mère, elle, c’est sûr qu’elle s’en souvient encore. Je sais par contre que j’ai été gâté avec une table bien garnie.

As-tu mangé par erreur ?

Non, jamais !

Ton humeur change-t-elle durant le mois de Ramadhan ?

Je suis le même, peut-être même plus apaisé, plus calme. Avec l’âge, on apprend à se maîtriser surtout en ce mois sacré de Ramadhan.

Dernière dispute durant le mois de Ramadhan ? Avec qui et pourquoi ?

Avant, je me bagarrais souvent, je m’énervais pour un oui ou pour un non. Que ce soit en Algérie ou en France. Vous savez, je me suis tellement disputé et bagarré avec les gens que je ne me souviens plus d’une dispute particulière. C’est le plus grave des défauts des Algériens durant le Ramadhan et j’essaie de le corriger en commençant par moi-même.

Pourquoi, selon toi, les Algériens sont tous nerveux durant le mois sacré ?

Ah si je savais ! C’est une seconde nature chez nous. On doit se corriger et se dire que ce mois sacré doit être une occasion pour changer cette mauvaise habitude. C’est la chose que je voudrais changer chez les Algériens.

Les Algériens deviennent aussi très feignants durant le mois de Ramadhan. Est-ce ton cas ?

Mais, je t’ai dit que je me suis levé pour le s’hour pour ensuite dormir un petit moment.

Et faire une sieste interminable après la prière du vendredi…

J’ai déjà prévu quelque chose après la prière. Je pars à Boufarik pour acheter zlabia wel qelbellouz.

Waqila bda yeghelbek ?

Pas du tout. Je ne suis pas un gros mangeur. Même quand j’étais en France et malgré du bi-quotidien en plein Ramadhan, la journée se passait bien.

Ne me dis pas que tu ne vas jamais dans la cuisine avant El Adhan ?

Juste un petit tour 20 minutes avant El Adhan, mais juste par curiosité car à la rupture du jeûne, je me contente juste d’une datte parce que je suis à la mosquée du quartier.

Chorba frik ou chorba vermicelle ?

Frik ya khouya.

Café ou thé ?

Ça dépend du moment.

… ?

Après le ftour, je préfère un bon café, mais après la prière des tarawih y a pas mieux que le thé.

Bourek ou brik ?

Les deux.

Rayeb ou L’ben… Mais là il faut choisir ?

L’ben.

Begri ou ghenmi ?

El Begri parce qu’il ne contient pas de graisse.

Hamoud ou Coca ?

Ni l’un ni l’autre. Je n’aime pas les gaz, je préfère Cherbet.

Si tu devais recevoir à ta table ce soir une célébrité ou une personne connue pour le f’tour, ce sera qui ?

J’ai déjà deux grandes personnalités pour ce soir, chikh ou laâdjouz.

Qu’as-tu prévu de faire ce soir après le ftour ?

Je vais profiter au maximum de mes parents, des amis et de la famille. De temps en temps un sixte au quartier ne ferait de mal à personne. Je ne peux pas dire non aux amis du quartier.

Pour qui voudrais-tu que les lecteurs prient en ce mois de rahma ?

A nos frères syriens. Mes prières vont pour les Syriens. Inch’Allah cette fitna prendra fin.

A quel ennemi d’hier voudrais-tu présenter tes excuses ?

Je n’ai pas d’ennemi et si je me suis trompé un jour ou si j’ai fait du mal à quelqu’un, que Dieu me pardonne.

Que penses-tu des gens qui jettent leurs sacs poubelles depuis leurs balcons ?

Le plus grave dans ce phénomène c’est qu’il est en train de se banaliser. En Algérie, l’éboueur ou le balayeur ou l’agent de surface comme on les appelle en France sont appelés zebbaline, mais les véritables zebbaline ce sont justement ces gens qui jettent leurs poubelles par la fenêtre. Le balayeur est plutôt un neddaf qui mérite beaucoup de respect.

Pourrais-tu adopter un enfant fi sabilillah ?

Fi sabilillah, je suis prêt à le faire. Je suis même prêt à tout.

Si tu avais le président de la République en face, que lui demanderas-tu ?

Rien de particulier. Je lui dirais Saha ramdanek et que Dieu lui prête vie.

Il y a quoi au four pour ce soir ?

Je ne sais pas et je ne pense pas le savoir avant d’être à table. Depuis 14 ans, je me contentais de plats sportifs même durant le Ramadhan et je sais que ce soir ma mère me prépare une belle surprise. C’est sûr que je vais commencer par une chorba et du bourek. Appelez-moi demain et je vous dirais ce que j’ai mangé comme deuxième plat.

Tu n’as pas prévu des parties de dominos ou de cartes avec les copains du quartier ?

Depuis que j’ai effectué une omra, j’ai décidé d’arrêter tout ça. Avec les copains de quartier ça sera des sixtes parce que j’ai un objectif durant ce mois sacré.

Lequel ?

Lire le Coran du début jusqu’à la fin inch’Allah.

Qu’est-ce qui te manque le plus durant le mois de Ramadhan ?

Quand j’étais joueur professionnel, tout me manquait : ma famille, mes amis, l’ambiance spéciale du Ramadhan. Aujourd’hui, el hamdoullah, je suis avec mes parents et rien ne va me manquer, j’espère.

Tu vas donc rester en Algérie jusqu’à l’Aïd ?

Malheureusement non car il y a aussi la petite famille qui m’attend en France. Le petit me manque beaucoup et je compte partager ce mois sacré entre mes parents et ma petite famille.

L’idéal, quoi !

En effet. D’ailleurs l’année 2012 se présente bien avec mon premier Ramadhan en Algérie depuis longtemps, la Omra que j’ai effectuée, ma retraite et les stages d’entraîneur que j’ai commencé. C’est de bon augure pour la suite.