Saidani dégaine sur Sellal et le DRS, Le flingueur

Saidani dégaine sur Sellal et le DRS, Le flingueur

Par ses propos, Amar Saâdani offre le pays en spectacle

A travers les attaques répétées contre le Premier ministre, c’est le marketing politique qui se décline et s’affine au fil des semaines. Il a pour unique but de flinguer le soldat Sellal.



Vous connaissez le chant du cygne. Ce n’est qu’au moment de passer de vie à trépas qu’il fait entendre sa dernière mélodie. On croyait que le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a tourné la page après ses déclarations faites à Reuters et à la chaîne de télévision Al Arabya, où il a soutenu que «le DRS faiseur de rois est une époque révolue» et qu’une nouvelle ère s’ouvre en Algérie.

Or, après cette première sortie de route, M.Saâdani redouble de férocité et en remet une couche. Avec une suffisance déconcertante, il persiste et signe: «Ne démentez pas à ma place. Je l’ai dit et je le répète. Aucun département n’a le droit de s’impliquer dans la vie politique, la justice et la presse. Il faut en finir avec le pouvoir parallèle.» En plus d’avoir intrigué les simples citoyens, cette «incursion» inexpliquée a provoqué une double levée de boucliers.

D’abord, dans son propre parti, le FLN où les moeurs et la culture politiques interdisent de pareilles maladresses. Ensuite, au sein de l’institution militaire.

Au MDN, les généraux sont outrés. Les langues se sont déliées lors de la cérémonie du 1er Novembres quand plusieurs de ces généraux ont ouvertement signifié à des journalistes, présents à cette cérémonie, leur mécontentement sur les propos tenus par le patron du FLN dans des médias étrangers, à l’égard de leur institution. Le tir était cadré et bien ciblé: il visait une structure précise de l ‘armée et quelle structure? Le DRS. Voilà donc qui est dangereux.

C’est en ce moment précis où l’Algérie se trouve dans une situation de citadelle assiégée par la menace terroriste aux frontières avec le Mali, la Tunisie et la Libye et au moment où l’escalade se fait de plus en plus dangereuse avec le Maroc, que le patron du FLN en rajoute. Peut-on se rater quand c’est de sa propre main que l’on se frappe? Par ses propos, Amar Saâdani offre le pays en spectacle et donne l’image d’un état qui se désintègre. «Le DRS est effeuillé, déstructuré et laminé, c’est la guerre au sommet du pouvoir algérien, le Président est très malade et incapable de gouverner, c’est la bataille à couteaux tirés entre les généraux,», se gargarise-t-on dans des débats à longueur de semaine dans les télévisions marocaines qui ne pouvaient pas espérer mieux de leur «ennemi» qui leur fait cadeau de munitions.

Dans cette tâche d’offrir le pays en spectacle, l’homme aux mille casseroles se reconnaît quelques talents ou du moins certaines compétences à faire du bruit. Le SG du FLN s’est aventuré, sans armes requises dans le terrain de la communication politicienne, alors que sa tâche la plus urgente consiste à mettre d’abord de l’ordre dans les kasmas de son parti.

Mais l’ambition politique enivre. Un de ses proches raconte: il a même confié à son entourage que «si le Président renonçait à se présenter, ma candidature pour lui succéder s’imposerait».

Or, tous les observateurs s’accordent sur le fait que la candidature de Bouteflika à la présidentielle lui revient à lui seul et quant à son état de santé, seuls ses médecins sont habilités à donner un avis.

Dans ces attaques en règle contre Sellal, c’est toute la fonction de Premier ministre qui est discréditée. Faut-il peut-être rappeler au patron du FLN que M. Sellal a été nommé par le Président Bouteflika qui est aussi président d’honneur du FLN. M Saâdani conteste-t-il à ce point et de cette manière les choix du Président Bouteflika? Cette «ingérence» grossière exhale des effluves d’un appétit politique démesuré

Car, à travers les attaques répétées contre le Premier ministre, c’est le marketing politique qui se décline et s’affine au fil des semaines.

Il a pour unique but de flinguer le soldat Sellal. Ce dernier adoubé par le chef de l’Etat est bien parti pour être nommé vice-président si la prochaine Constitution consacre ce poste. En plus, cette histoire de restructuration des services du DRS qui a pris les allures d’un feuilleton durant ces deux derniers mois, a été un prétexte pour les puissances occidentales de s’interroger à savoir à quoi obéit-elle au moment où un redéploiement stratégique s’opère en Afrique du Nord et au Sahel.

Selon un communiqué du parti, l’ambassadeur de France à Alger sera reçu aujourd’hui à 11 heures par le secrétaire général du FLN, ce qui dénote que Paris s’intéresse de très près à ce qui se passe dans les arcanes du pouvoir Algérie. Ce tête-à-tête aux allures d’une auscultation permettra, sans nul doute, à l’ambassadeur français de prendre le pouls politique du pays.

Dans ce bras de fer entre Sellal et Saâdani, le Premier ministre entend clarifier les choses et souhaite que le secrétaire général du FLN soit rappelé à l’ordre.