Le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a été démis de ses fonctions. Et c’est Saïd Sahnoun, vice-président amont, qui va assurer l’intérim. La passation de consignes devrait se dérouler aujourd’hui au siège de la compagnie nationale d’hydrocarbures. Ainsi, Sonatrach a changé trois fois de P-DG en moins de quatre ans. Zerguine avait été nommé à la tête de Sonatrach en novembre 2011 en remplacement de Nordine Cherouati, limogé.
Son limogeage est-il lié au bilan du groupe ? Abdelhamid Zerguine avait pris les commandes de la compagnie nationale dans une conjoncture particulière. Il avait hérité d’une compétitivité dégradée, écornée par le scandale qui a éclaboussé l’entreprise en 2009 et dont elle ne s’est pas encore remise.
En 2011, Sonatrach a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de 72 milliards de dollars, contre 56 milliards en 2010 et 44 milliards en 2009, alors que le volume global d’hydrocarbures produits lors du même exercice était de 206 millions TEP dont 147 millions TEP provenant des gisements opérés par Sonatrach seule. Un bilan approuvé par les organes de la société conduite par Zerguine.
En 2012 et 2013, Sonatrach n’a pas réussi à redresser les courbes de la production d’hydrocarbures qui déclinait, mais conjoncturellement, puisqu’elle s’est reprise en 2014, dégageant même une croissance assez conséquente : 13,5%.
Et cette performance on la trouve dans toutes les branches relevant du secteur : production de pétrole brut et de gaz naturel (+5,1%), liquéfaction du gaz naturel (+19,9%) et raffinage de pétrole (+ 61,1%).
Est-ce suffisant ? Sonatrach continue de souffrir d’un amont pétro-gazier affaibli par une décennie de turbulence et d’errements avec l’arrêt, ou presque, du développement gazier, une instabilité en matière de législation pétrolière et une perte de compétences-clés. Au plan partenariat, certains contrats signés, à l’exemple de celui liant le français Total à Sonatrach, s’en trouvent affectés, mis en veilleuse. Abdelhamid Zerguine, un profil au parcours sans histoire, voulait mettre de la souplesse dans les méthodes de gestion, rétablir l’ordre des priorités, mettant en avant un bon paquet de chantiers, notamment dans le secteur de la pétrochimie.
Il occupait le poste de vice-président de Sonatrach chargé du transport par canalisations (TRC), avant d’être désigné en 2010 par Cherouati directeur exécutif des activités internationales, puis responsable de la filiale de Sonatrach à Lugano, Suisse. Il se disait confiant en la capacité de la ressource humaine du groupe qu’il dirigerait à relever le défi dans une industrie pétrolière et gazière fortement gagnée par la concurrence.
Y. S