Saïd Sadi : « On ne peut pas mener de lutte pacifique quand on est assiégé »

Saïd Sadi : « On ne peut pas mener de lutte pacifique quand on est assiégé »

Finalement, la marche à laquelle a appelée le RCD s’est réduite à un rassemblement devant son siège de la rue Didouche Mourad, accompagné de heurts avec les forces antiémeutes présentes en force sur les lieux.

Bloqués depuis la matinée à l’intérieur du siège du parti par un impressionnant dispositif de police qui a encerclé tout le quartier, les militants du RCD, à leur tête le Dr Saïd Sadi, n’ont pu rejoindre la place du 1er Mai, l’endroit à partir duquel devait s’ébranler la marche sur le siège de l’assemblée nationale, boulevard Zighout Youcef. Les rangs des sympathisants du parti n’ont cessé de grossir aux alentours du siège d’Alger, malgré la présence massive des éléments des forces antiémeutes et de policiers en civil.

On parle de 300 à 500 manifestants qui se sont attroupés devant le siège du parti, la plupart brandissant l’emblème national, quelques-uns le drapeau tunisien, et scandant les slogans habituels du RCD : «Algérie démocratique», «Pouvoir, y en a marre», «Pouvoir assassin», «Oulech s’mah oulach» (pas de pardon, ndlr). Malgré leurs tentatives répétées, ils n’ont pu marcher sur la place du 1er Mai.

Chacune de leur «sortie» sera repoussée par les forces de sécurité. Haranguant la foule à partir du balcon, Saïd Sadi accuse la police d’avoir empêché d’autres manifestants venus d’autres wilayas d’arriver à Alger en bloquant les trains et les bus. Il dira aussi que des étudiants qui voulaient rejoindre la capitale ont été arrêtés et emmenés dans des commissariats. De quoi faire monter la tension d’un cran.

7 policiers blessés, des députés malmenés

Le chef du RCD poursuit son intervention, indiquant qu’il est «prisonnier» dans le siège de son parti. «Je ne peux pas partir d’ici», a-t-il affirmé aux manifestants et dizaines de journalistes présents. «On ne peut pas mener de lutte pacifique quand on est assiégé», a-t-il ajouté en s’attaquant avec une rare violence au «système».

«Cette situation ne peut pas continuer», a indiqué Saïd Sadi qui considère le déploiement de la force pour empêcher sa marche comme un recul significatif au plan des libertés. «Nous sommes passés de l’état d’urgence à l’état de siège», a-t-il clamé.

Vers 11h, les premiers heurts sérieux commencent.Plusieurs personnes sont blessées dont des policiers. Athmane Maazouz, député du RCD, chef de groupe parlementaire, est blessé au visage. Le député Arezki Aïder aurait reçu un coup de bâton sur la tête. On a vu aussi Redha Boudraa, responsable du parti au niveau de la wilaya de Béjaïa, la tête couverte de sang. Il est évacué avec un autre manifestant blessé dans une ambulance.

On notera plusieurs blessés dont, au moins, deux policiers. Après un calme précaire qui n’aura duré qu’une petite demi-heure, la situation s’envenime. Aux environs de 13 h 00, un groupe de manifestants force le dispositif et réussit à marcher quelques centaines de mètres le long de la rue Capitaine Menani, perpendiculaire à la rue Didouche Mourad. Des heurts vont éclater de nouveau, faisant quelques blessés des deux côtés.

Le calme revient et, vers 13 h 50, Said Sadi et des membres de la direction du parti quittent le siège, toujours encerclé par un important dispositif policier. L’attroupement devant le siège du parti est dispersé.

Dans une déclaration à la presse, Rafik Hassani, député RCD, indique que le bilan définitif n’est pas encore établi en précisant qu’il y a beaucoup de blessés et d’arrestations. «J’ai moi-même pris en charge trois blessés», a-t-il ajouté.

Un collectif de députés a été constitué pour demander la libération des manifestants arrêtés lors des tentatives de percer le dispositif de sécurité mis en place autour du siège du parti.

Selon diverses sources, il y aurait au moins 17 blessés dont 7 policiers. Deux d’entre eux seraient dans un état grave. On parle d’une centaine d’arrestations. La police indique de son côté avoir arrêté 5 personnes seulement.

Ali Laïb