Selon notre confrère El Khabar, le président du RCD a avoué n’avoir «aucun problème» avec Ali Benhadj, l’ex-numéro deux du Fis dissous.
Comme preuve, Saïd Sadi révèle qu’il a même invité une fois le dirigeant islamiste à assister à une rencontre organisée par le RCD. Le quotidien arabophone qui rapporte l’information dans sa rubrique Souk El Kalame (la foire à paroles), ajoute que le Dr Sadi a affirmé qu’il respecte «le combat et les sacrifices» de Ali Benhadj. «Nous avons été emprisonnés et torturés ensemble», a indiqué le patron du RCD, ajoutant aussi qu’il a du respect pour l’ex-dirigeant islamiste. «Tout ce que je souhaite, c’est que M. Benhadj respecte l’opinion des autres», a conclu M. Sadi.
Pour le commun des mortels, pareils propos tranchent singulièrement avec les thèses défendues jusque-là par le RCD, un parti dont les positions politiques sont aux antipodes de l’idéologie développée par le courant islamiste radical, représenté en l’occurrence par le Fis dissous. Plus qu’inhabituelle, et pour le moins étonnante, cette sortie médiatique du responsable du RCD, dont on connaît pourtant l’aversion profonde pour les mouvements islamistes et en particulier le parti dirigé alors par le duo Abassi-Benhadj, s’assimile-t-elle à une simple ruse politicienne ou prélude-t-elle à un changement d’appréciation sur le courant islamiste ?
Dans un cas comme dans l’autre, on ne peut qu’être dubitatifs concernant des propos aussi flatteurs sur l’un des personnages les plus controversés de la République.
Réagissant aux propos de Saïd Sadi, la présidente de l’organisation nationale des familles victimes du terrorisme (ONVT) n’y a pas été avec le dos de la cuiller : «Il a perdu les pédales, je crois qu’il est malade. On n’a pas idée… pour quelqu’un qui se dit démocrate ! Et dire que beaucoup de militants de son parti se sont fait tuer à cause de Ali Benhadj». Mme Flici, visiblement irritée, poursuit : «Il est malade. Que veut-il ? Enflammer à nouveau l’Algérie ? Désormais, je dirai à tous les Algériens de ne plus le suivre, de ne plus l’écouter. Excusez-moi, je crois que ce n’est plus le même homme, il a perdu les pédales.»
Pour la classe politique, du moins les partis que nous avons pu joindre, les déclarations de Sadi l’engagent seul. Aïssi Kassa, porte-parole du Front de libération nationale (FLN), précise d’emblée que son parti n’a pas l’habitude de commenter les commentaires des autres (dirigeants de partis). «Chacun est responsable de ses déclarations», nous dit-il. «Je n’ai pas eu vent des propos du président du RCD, mais si c’est le cas comme vous le dites, cela ne nous surprend guère», ajoute notre interlocuteur. Et d’expliquer : «Nous avons l’habitude des gens qui changent d’opinion, ces individus ont des opinions à géométrie variable.Tout simplement.»
Benallou Toufik, le chargé de la communication du parti Ahd 54, indique d’emblée qu’il n’a pas à commenter les propos du président du RCD. «Il est responsable de ses déclarations, et ses propos n’engagent que lui et lui seul», affirme-t-il, indiquant que «Ahd 54 n’est pas là pour commenter des déclarations de tel ou tel dirigeant de parti politique. Que chacun assume ce qu’il dit. C’est tout ce que nous pouvons dire».
Miloud Chorfi, porte-parole du RND, refuse de s’exprimer sur le sujet. «Non, je ne peux pas commenter les propos des dirigeants des autres partis. Nous n’avons pas l’habitude de réagir à ce type de déclarations. Chacun peut dire ce qu’il veut, c’est son problème, pas celui du RND». Ramdane Taazibt, du PT, a été on ne peut plus expéditif : «Excusez-moi, nous n’avons pas l’habitude de faire de commentaires sur ce genre d’affaires. Non, nous n’avons pas de commentaires à faire là-dessus».
Par Ali Laïb