Le président du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), Said Sadi, livre pour les lecteurs de DNA son témoignage sur la marche réprimée du 12 mars ainsi que sur les procédés employés par le régime pour étouffer la contestation sociale et politique.
« Ce matin je sortais vers 10H30 en compagnie de maître Ali Yahia chez qui je me trouvais. Sitôt montés dans notre véhicule et suivi par un autre de protection, une voiture Skoda blanche nous file. Arrivés à hauteurs du musée du Bardo, on se retrouve devant un embouteillage à l’évidence provoqué pour nous empêcher d’avancer.
Nous contournons la rue Didouche par Ghermoul toujours pris en chasse par nos poursuivants qui signalaient par radio notre position. A peine le cinéma l’Afrique dépassé, une voiture Polo bleue grillant la priorité enfonce le côté gauche de notre véhicule visant le train avant pour nous immobiliser.
Notre chauffeur esquive en partie la charge et s’en tire avec un froissement de carrosserie. Nos deux véhicule continuent leur progression jusqu’à la rue Hassiba toujours flanqués de nos cerbères. A une centaine de mètres de la place du 1er mai, des centaines de policiers débordant des deux trottoirs essaient de nous ralentir. Nous avançons.
Une fois sur la place nous sommes littéralement happés et séparés par des nuées de policiers. Au bout de vingt minutes je me retrouve poussé dans l’hôpital Mustapha. En clair quand ce n’est pas le vol d’un passeport ou un coup de couteau ce sont des procédés de cascadeurs qu’utilise le pouvoir pour nous empêcher de marcher ou de nous exprimer. Que puis-je en dire à chaud ?
L’Algérie de Bouteflika et du général Toufik est une voyoucratie. Depuis deux mois, il y a une stratégie indigne d’une institution officielle quel que soit le régime considéré.
Il y a une mobilisation de la quasi-totalité des médias publics et privés orientés vers des slogans racistes et haineux, voire même des appels au meurtre.
Dés que le RCD a décidé d’investir la rue, une stratégie visant à déstabiliser tout rassemblement destiné relayer la mobilisation populaire pour lui donner un sens politique car le pouvoir veut toujours fixer la contestation dans l’émeute.
Cette démarche a été mise à nu puisque les structures sollicitées se sont avérées être des instruments d’infiltration. Par ailleurs la stratégie de provocation à travers la mobilisation des baltaguias a failli provoquer le pire.
Aujourd’hui encore une dizaine de cars immatriculés 02 et 09 ont été convoyés jusqu’à la gare ferroviaire de l’Agha. Les policiers les ont encadrés et ils n’ont repris le départ que vers 12 H 30 après que les policiers leurs aient distribué des casse croutes.
Un pouvoir qui revendique 90 % des électeurs et qui laisse marches ses clientèles, on l’a vu la semaine passée avec la marche des gardes communaux qui appartiennent ne l’oublions pas à un corps constitué, et qui a peur de laisser marcher des citoyens à mains nues, en jouant de la haine ethnique ou de la stigmatisation, est à la fois disqualifié et dangereux pour la nation.
Chaque jour des citoyens organisés ou non se mobilisent en dehors et contre les institutions. Le pouvoir ne trouve rien d’autres à faire qu’à essayer de lancer des initiatives factices pour faire diversion sur la toile contrer l’opposition.
Depuis 1957, l’Algérie est prise en otage par un système maffieux qui s’appelait MALG, SM et aujourd’hui DRS. Tant que la mise sous contrôle d’un pouvoir civil démocratique de ce service n’est pas définitivement faite, l’Algérie n’en aura pas fini avec les crimes, les corruptions et les régressions.
La mobilisation et la détermination de citoyens qui se sont mobilisés en masse e samedi démontrent que les manœuvres du pouvoir ne peuvent rien contre la dynamique du changement qui ira j’en suis persuadé en s’amplifiant. »