En marge d’une vente-dédicace de la quatrième édition de son livre sur Amirouche, Saïd Sadi a affirmé qu“à 80 dollars le baril de pétrole, le régime vit ses derniers soubresauts.
L’ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le docteur Saïd Sadi, a animé, hier, samedi, dans la grande salle polyvalente d’Azazga, une conférence-débat où il a encore abordé de brûlants sujets historiques et politiques. Entamant la conférence par ses recherches menées au sujet du parcours
d’Amirouche, le docteur Saïd Sadi a déclaré à l’assistance que son travail lui a permis de déceler trois variantes dans le combat du chef de la Wilaya III : d’abord Amirouche faisait abstraction des barrières sociales, ensuite, en plus d’être un homme de terrain, Amirouche était un homme de réflexion et, enfin, il y a une dimension éthique chez celui qui a organisé la sécurité du Congrès de la Soummam.
L’orateur refuse toute tentative de falsification de l’histoire en revenant sur les plus grands événements qui se sont déroulés depuis l’Indépendance. “Il faut éviter à la jeunesse d’aujourd’hui l’exil de la mémoire”, dira le Dr Sadi qui a ainsi évoqué son entrevue ave le colonel Ouamrane, en 1981, et au cours de laquelle, il l’a sollicité pour des éclaircissements au sujet de Boussouf qui se jouait d’eux. “Je lui ai dit : ‘Pourquoi vous êtes-vous tus à maintenir le mensonge ? Saviez-vous que le silence est une démission et pire encore une compromission ? Ne faudrait-il pas concilier les témoignages pour réconcilier les Algériens avec leur histoire ?’ Il m’avait promis des témoignages avant de se rétracter. Mais Ouamrane et beaucoup d’autres témoins ont fini par accepter de me livrer les secrets car leur conscience les ont interpellés”, explique l’auteur d’Amirouche, une vie, deux morts, un testament.

Évoquant l’histoire de “L’oiseau bleu”, le Dr Sadi, citant les principaux acteurs de l’opération côté ALN, tels Tahar Achiche, Hand Ouzaïd, Krim Belkacem et Vriroche, il a indiqué que “cette page de l’histoire de l’Algérie n’est pas une petite affaire. Le pouvoir ne l’a jamais évoquée, elle est même complètement escamotée, pour ne pas dire effacée de la mémoire des décideurs, ceci alors que France coloniale la considère comme la plus grande humiliation subie. Jacques Soustèle, son principal architecte, a choisi la Kabylie, et pas ailleurs, pour la mettre à exécution. Un plan diabolique qui visait la destruction des forces de l’ALN et qui consistait en une tentative de création d’une force anti-maquis, Force ‘K’ comme ‘kabyle’, à l’instigation de services secrets. Elle s’est soldée par un cuisant échec et elle demeura longtemps ignorée de l’opinion française. Elle a permis de dévier de l’objectif principal des ses concepteurs et d’aller renflouer les caisses du FLN et d’armer les combattants en armes de guerre et en munitions”. Cette page d’histoire devrait faire l’objet de films et de pièces de théâtre mais, conclut-il, rien n’a été fait parce que les décideurs ne sont pas les acteurs. Seule une entreprise de cinéma, AVT film, a réalisé un documentaire explosif sur cette opération qui a ébranlé les services secrets français.
Abordant la politique nationale actuelle, l’orateur a qualifié l’inauguration de l’usine Renault Symbol d’Oran de “grosse arnaque qui ne profite qu’au constructeur avec pour l’Algérie les 49% d’apports”. Le Dr Sadi a, par ailleurs, déclaré : “La situation est grave, le régime vit ses derniers soubresauts et la fin est toute proche. À 80 dollars le baril de pétrole, le régime ne peut pas tenir longtemps. Je suis offusqué par les déclarations d’un homme politique qui ose dire que tout est dans la main du Président, ceci alors que toutes les réserves de change sont hébergées dans la trésorerie américaine. Nous sommes dans une situation où le pouvoir politique n’existe pas.” Sadi a conclu en appelant la Kabylie au rassemblement avec la conjugaison de son intelligence, de ses ressources et de ses valeurs, pour ne pas hypothéquer son avenir.
K. N. O