Saïd Sadi au café littéraire d’Aokas: “Le message de la Soummam doit être revisité”

Saïd Sadi au café littéraire d’Aokas: “Le message de la Soummam doit être revisité”

Les premières attaques subies par le projet soummamien avaient émané de Ben Bella qui ne cessait de mener une campagne de dénigrement contre l’architecte du Congrès de la Soummam, le défunt Abane Ramdane.

Le Dr Saïd Sadi a qualifié, hier, depuis la ville d’Aokas, la plateforme de la Soummam d’acte de naissance de l’État algérien et d’un certificat d’incompatibilité démocratique du système politique de l’Algérie indépendante, précisant que “la charte de la Soummam avait donné naissance aux institutions ayant permis à l’Algérie combattante de mener sa Révolution jusqu’au bout”.

Animant hier un café littéraire à la salle de cinéma de la station balnéaire d’Aokas, l’ancien leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a abordé le thème “Plateforme de la Soummam : repères historiques, acquis politiques et référents culturels”.

Intervenant devant une assistance nombreuse, l’orateur a d’emblée estimé que “la plateforme de la Soummam, qui fut une démarche intellectuelle, politiquement opérationnelle, doit être revisitée et réétudiée. Elle fut élaborée par des hommes modernes, très audacieux, non dogmatiques, mais plutôt pragmatiques. Ce qui explique leur capacité de transcender leurs considérations partisanes devant la priorité de la cause nationale”.

Selon le conférencier, la charte de la Soummam prône les principes fondamentaux de la démocratie, dont la laïcité. Afin d’étayer ses propos, le Dr Sadi citera, à ce titre, le témoignage du défunt Lakhdar Bentobal, l’un des acteurs de la rencontre d’Ifri, qui lui avait confié que “la question de la laïcité a bel et bien été débattue et assumée lors du Congrès de la Soummam”, ce qui l’avait amené à suggérer à l’ancien président du RCD de “ne pas lâcher prise à propos de ce principe fondamental de la démocratie et de la modernité”.

Après avoir décortiqué les grands axes de la charte de la Soummam, ainsi que sa portée historique, le Dr Saïd Sadi se demandera : “Pourquoi le projet soummamien a-t-il avorté ?” La réponse réside, selon lui, dans ce qu’il qualifie de “premier coup d’État contre l’Algérie” qui avait eu lieu en août 1957, soit une année après la tenue du Congrès de la Soummam, au Caire (Égypte). Allusion faite aux “pressions” exercées à l’époque par le président égyptien d’alors, Djamal Abdel Nasser, via Fathi Dib, alors patron des services secrets, sur celui qui deviendra le premier président de la République algérienne, le défunt Ahmed Ben Bella. Selon le Dr Sadi, les premières attaques subies par le projet soummamien avaient émané de Ben Bella qui ne cessait de mener une campagne de dénigrement contre l’architecte du Congrès de la Soummam, le défunt Abane Ramdane. “Les attaques de Ben Bella, qui revendiquait ouvertement son appartenance au courant arabo-musulman, ont coûté l’isolement d’Abane. Néanmoins, à travers celui-ci, ce fut le projet de la Soummam qui était réellement visé”, a-t-il soutenu. Et pour conclure, le Dr Sadi se dit persuadé que “la bataille entre les malgaches (anciens du Malg) et le message de la Soummam se poursuivront jusqu’au jour où l’Algérie pourra se relever”.

KAMAL OUHNIA