Le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine reste fermement attaché au principe de l’adoption d’une loi criminalisant le colonialisme. La question pourrait ressurgir lors du 11e congrès ordinaire de l’ONM qui se déroulera à Alger du 17 au 19 mars.
L’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) estime essentielle et urgente l’adoption par le Parlement algérien d’une loi criminalisant le colonialisme. «Nous ne sommes pas près d’abandonner l’adoption de ce texte. C’est une question de principe. Le Parlement français a adopté une loi pour présenter le rôle positif du colonialisme. Cette loi est une hérésie et nous devons donc répondre à notre tour pour qu’ils comprennent que le colonialisme est un acte purement criminel et qu’il n’a aucune portée civilisationnelle », a insisté, hier, Saïd Abadou. Rencontré à la villa Boumaaraf, siège de l’ONM, Abadou n’a pas caché sa déception quant au rejet par le bureau de l’actuelle Assemblée populaire nationale, de la proposition de loi criminalisant le colonialisme, déposée en janvier 2010 par un groupe de députés. «C’est tout à fait incompréhensible. Je ne comprends pas pourquoi ce texte a été rejeté par le bureau de l’Assemblée populaire nationale. Les députés de cette législature ont une grande responsabilité envers l’histoire. Au même titre d’ailleurs que les députés de la prochaine Assemblée. Mais à mon avis, les futurs députés auront plus de liberté, car les élections se dérouleront dans un cadre plus démocratique, plus serein.
Lorsqu’on est bien élu, on jouit de plus de liberté. Les parlementaires doivent comprendre une bonne fois pour toutes que l’adoption de ce texte n’est pas une demande qui émane de notre organisation. C’est une revendication légitime de l’ensemble du peuple algérien. » Pour Saïd Abadou, la récente adoption d’une loi en faveur des harkis et la multiplication des déclarations anti-algériennes entrent dans le cadre d’un «esprit colonial» encore présent dans la sphère politique française. «Le monde avance et eux reculent. Ils peuvent soutenir leurs harkis, ce seront toujours eux les perdants. Le président Boumediène appréciait les critiques de français, d’après lui cela signifiait que l’Algérie se porte bien. Par contre, il disait qu’il fallait s’inquiéter lorsqu’ils nous encensent. Les critiques pleuvent, donc tout va bien pour nous», ironise Abadou. Pour ce qui est du 11e congrès, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine annonce la participation de 900 délégués. «Nous devrons recevoir près de 300 invités lors de la cérémonie d’ouverture. De hautes personnalités ont confirmé leur participation, à l’instar des moudjahidine qui ont participé au 1er Novembre 1954, des membres du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), des anciens présidents de la République et des chefs de gouvernement. Les responsables de partis politiques et d’organisations syndicales seront également présents. » Le président Abdelaziz Bouteflika assistera-t-il à cette cérémonie ? «Rien n’a encore été confirmé pour l’instant. Le chef de l’Etat est membre de l’Organisation en qualité de moudjahid et il est également président d’honneur de l’ONM. A mon avis, sa participation reste possible puisqu’il a récemment honoré les travailleurs lors du 24 Février et les femmes à l’occasion du 8 Mars», a-t-il expliqué. Interrogé sur sa volonté de briguer un nouveau mandat à la tête de l’ONM, Saïd Abadou a soutenu n’avoir pas encore pris de décision définitive. «Sincèrement, je n’ai rien décidé. En fait, j’estime que c’est aux congressistes de trancher cette question. Attendons le congrès.»
T. H.