Saïb «Maintenant, l’Algérie est dans le coup»

Saïb «Maintenant, l’Algérie est dans le coup»

Chaque mardi, Football365 prend des nouvelles d’un ancien joueur de L1 retiré des terrains. Invité du « Que deviens-tu » cette semaine : Moussa Saïb, l’ancien Auxerrois, parle du derby maghrébin, entre autres.

Moussa Saïb, que faites-vous aujourd’hui ?

– Pour le moment, je ne fais rien de spécial. Je suis en train de gérer ma vie tranquillement. Je profite de ma vie de famille. Je me suis retiré de la vie sportive. Avant, j’étais consultant pour Canal Plus Maghreb. Mais comme ils ont arrêté, je ne fais plus rien. J’ai une fille dont je m’occupe. Je sors souvent manger avec des amis avant de rentrer vers 19h00 à la maison.

– Vous êtes un ancien international algérien. Que pensez-vous de la victoire des Verts contre le Maroc dimanche (1-0) ?

– Heureusement que l’Algérie a gagné. On n’avait pas le choix, surtout après les deux premiers matchs mal gérés par l’Algérie. Contre le Maroc, on n’avait pas le droit à l’erreur. Ce qu’il faut retenir de ce match, ce sont les trois points qui permettent à l’Algérie d’être toujours dans le coup et de retrouver de la confiance. Cela permet de préparer sereinement les trois dernières journées.

– L’ambiance de feu au stade d’Annaba a dû vous rappeler quelques souvenirs…

– Oui, c’est vrai. C’était mon premier match international. À l’époque, j’étais un gamin et je jouais un match qualificatif pour la Coupe du Monde. C’était fabuleux.

– En France, vous avez brillé à Auxerre durant les années 1990. Que retenez-vous de cette période ?

– C’est ma meilleure période en club. C’est là où j’ai gagné tous les titres. L’un des plus beaux titres que j’ai gagnés, c’est le doublé championnat-Coupe de France avec Auxerre en 1996. Ce n’est pas donné à tout le monde de réaliser le doublé.

– La Ligue des Champions était également un grand souvenir….

– Je m’en rappelle très bien. J’étais champion de France. J’avais fini meilleur passeur du championnat et on a joué la Ligue des Champions puisqu’à l’époque, seul le champion était qualifié en Coupe d’Europe. On avait réalisé des matchs fabuleux. C’est une expérience inoubliable.

– Guy Roux a dû jouer un rôle essentiel dans votre éclosion…

– Oui, mais je ne suis pas le seul. Il a compté énormément dans la carrière de beaucoup de joueurs. Il a su comment gérer leur carrière sportive. C’était un peu comme un père pour nous. Il était toujours aux petits soins avec nous. Il est toujours présent.

– Il a notamment été conciliant avec vous en période de Ramadhan…

– Au début, il était contre cela.

Je ne jouais pas. Il m’a donné un argument en me disant que le corps humain était comme une voiture. Pour régler ce problème, il a appelé le recteur de Paris pour lui expliquer que je ne devais pas faire le Ramadhan. Ce dernier lui a dit qu’un musulman pouvait ne pas jeûner s’il effectue 80 kilomètres dans la journée. Il est donc venu me voir pour me dire qu’il avait trouvé une solution pour que je ne le fasse pas. Il m’a demandé de faire l’aller-retour Auxerre-Sens puis de manger après. Je lui ai dit que je ne pouvais pas car je faisais le Ramadhan par conviction. À partir de ça, il a respecté ma décision. Et c’est même lui qui nous donnait des trucs à manger vitaminés.

– Quel regard portez-vous sur la crise traversée par Auxerre ?

– C’est différent. Nous, chaque année, on jouait l’Europe avec Auxerre. On était toujours présent sur la scène européenne. Aujourd’hui, cela a beaucoup changé. Je ne comprends pas comment cela a pu basculer du mauvais côté en peu de temps. C’est dur de se retrouver du jour au lendemain à jouer le maintien après avoir affronté le Real Madrid ou l’Ajax d’Amsterdam en Ligue des Champions.

– Après votre passage à Auxerre, vous êtes passé par Valence puis Tottenham. Pas un franc succès

– On ne peut pas réussir partout. J’ai eu une carrière fulgurante à Auxerre. C’est vrai que j’ai eu un petit passage à vide à Valence et Tottenham. Mais je ne regrette rien par rapport à tout ce que j’ai accompli durant ma carrière. J’ai côtoyé les plus grands joueurs et les plus grands entraîneurs. J’ai également joué dans trois championnats totalement différents (France, Espagne, Angleterre). C’est fabuleux pour moi.

– Avant de signer à Valence, vous avez failli signer à Arsenal. Pouvez-vous revenir sur cet épisode ?

– C’est simple. À l’époque Arsène Wenger, qui était déjà l’entraîneur d’Arsenal, était venu me voir à Paris. J’étais avec mon manager. À ce moment-là, au mois de décembre, il me restait un an de contrat avec Auxerre. J’ai alors signé un précontrat avec Arsenal. Tout était réglé au mois de décembre pour pouvoir signer le contrat au mois de juin. Mais c’est le climat anglais qui m’a effrayé. C’est pourquoi je me suis décidé à signer à Valence car c’est le même climat qu’en Algérie. J’avais 24 ans. Je me suis dit que cela ne servait à rien d’aller en Angleterre. J’ai fait un choix. Peut-être le seul de ma carrière que je peux regretter.

– Durant votre carrière, il y a souvent eu des blocages entre vos clubs et la sélection algérienne. Qu’en pensez-vous ?

– Oui mais c’est un peu normal. Il faut comprendre l’entraîneur du club, puisque c’est ton employeur et il te paie. Pendant une semaine, tu es obligé de t’absenter. Quand tu es une pièce maîtresse de ton équipe, ce n’est pas facile. J’ai eu un problème avec Auxerre car il y avait un match avec l’Algérie en même temps. C’est alors que Guy Roux m’a dit que je ne pouvais pas partir en sélection. Finalement, je suis parti avec l’Algérie et Guy m’avait menacé. Tout est rentré dans l’ordre après. A l’époque, on n’était pas protégé par la Fédération mais on venait pour le drapeau…

– Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir joué une Coupe du Monde ?

– Oui, mais j’ai joué une Coupe du Monde des clubs (rires). Malheureusement, l’Algérie traversait une série noire quand je jouais en sélection. C’était difficile de se qualifier en Coupe du Monde. Mais j’ai quand même gagné la Coupe d’Afrique des Nations en 1990. Les mondialistes 2010, eux, n’ont pas de Coupe d’Afrique (rires).

– Vous êtes souvent arrêté en plein Paris. Votre cote de popularité n’a pas changé auprès du public…

– Cela fait énormément plaisir. Quand je jouais, je ne pouvais pas me rendre compte de l’impact que j’avais sur les gens. Même si cela fait dix ans que j’ai arrêté le haut niveau, les gens se rappellent encore de toi. C’est là que je me rends compte que j’ai fait quelque chose durant ma carrière.

– La plupart des footballeurs prennent du poids une fois en retraite. Pas vous. Quel est votre secret ?

– Je m’entraîne régulièrement. Je fais des matchs avec des amis de temps en temps. Je ne bois pas d’alcool et je ne fume pas non plus. J’essaye de maintenir une certaine hygiène de vie.

– Accepteriez-vous un retour sur la scène sportive ? Au sein du football algérien par exemple…

– Oui, pourquoi pas. Il ne faut pas être égoïste dans la vie. J’ai joué au football pendant dix ans. J’ai côtoyé trois grands championnats. Sans parler de mon expérience en Arabie Saoudite et aux Émirats. Le problème, ce sont les instances en Algérie. Personne ne m’a sollicité en Algérie alors que je suis prêt à y aller. Ce n’est pas moi qui vais frapper à la porte. C’est dommage, mais peut-être que les gens ne veulent pas de nous.