Sahel 2017: des défis sécuritaires, une crise humanitaire et des influences étrangères

Sahel 2017: des défis sécuritaires, une crise humanitaire et des influences étrangères

 Le continent africain a suscité de plus en plus l’intérêt de la communauté internationale, notamment la région du Sahel en 2017, où des actions de lutte antiterroriste ont été menées afin de sécuriser cette partie de l’Afrique et préserver la paix et la sécurité internationales, ce qui expose le Sahel aux « calculs » stratégiques d’acteurs étrangers désirant élargir leur influence et maintenir leurs intérêts sur le continent.

Des analystes politiques et des experts militaires en questions africaines ont affirmé que l’éradication du groupe terroriste dit « Daech » ainsi que la  suractivité des groupes terroristes dans la région du Sahel ont suscité l’intérêt international à l’Afrique traduit par une forte présence militaire à travers l’établissement des bases militaires, l’envoi des conseiller et experts militaires, l’augmentation des programmes d’entrainements et de manœuvres ainsi que la signature de conventions de financement des forces et opérations militaires.

« Daech a essuyé un échec dans la région du Moyen-Orient » ont mentionné les experts du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme  (CAERT), dans leurs recommandations lors de la dernière réunion tenue en Algérie, en faisant allusion aux avertissements croissants concernant le  déplacement de près de 6.000 éléments armés de ce groupe terroriste vers la région du Sahel en provenance de l’Irak et de la Syrie.

Dans le but de faire face à ces défis sécuritaires menaçant le continent, l’Union africaine (UA) a appelé à une forte approche globale et flexible  touchant tous les aspects économique, social, politique et militaire pour empêcher l’extrémisme violent à même d’éradiquer les facteurs favorisant le  terrorisme à travers tout le continent africain en se basant sur la prévention tout en accordant la priorité aux jeunes.

Parallèlement à la croissance des avertissements quant au transfert de l’activité terroriste vers l’Afrique notamment la région du Sahel, de nouvelles approches sécuritaires occidentales ont émergé (France et Etats Unis) pour faire face au terrorisme en adoptant des politique d’intervention par procuration à travers la mise en place des forces territoriales ou locales, outre la prolifération des techniques sécuritaires avancées notamment les drones dans certains pays proches des zones de conflits.

C’est pourquoi le Président français, Emmanuel Macron a mobilisé son soutien au profit du Groupe 5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger  et Tchad), formée octobre passé pour faire face aux groupes terroriste dans la région.

Le premier ministre italien, Paolo Gentiloni, a exprimé, pour sa part, la détermination de son pays de transférer un nombre de ses forces se trouvant  en Irak (470 individus) vers le Niger, alors que la chancelière allemande, Angela Mirkel, a appelé à l’impératif d’accélérer l’application des mesures  de lutte contre le terrorisme dans la région à travers des aides logistiques et financières de la part de l’Union européenne (UE).

L’assassinat de quelques soldats américains dans une embuscade au nord du Niger octobre dernier a consolidé la volonté du Pentagone à consacrer  l’existence militaire américaines dans la région du Sahel à travers un accord avec les autorités de Niamey permettant aux forces américaines  d’utiliser des drones à partir d’une base en cours de réalisation à Ghadamès, qui est la deuxième du genre après celle de Djibouti.

A la proche du lancement des opérations de la force militaire du G5 Sahel appuyée par la France pour « faire face au terrorisme dans la région », des  experts en questions africaines ont minimisé la capacité de cette force à relever ces défis, indiquant que l’échec de ces efforts mène la région du  Sahel à une guerre de bandes permanente et à une guerre par procuration qui ravage encore plus l’économie vulnérable de ses Etats tout en fragilisant leur sécurité et leurs capacités pour contrecarrer la migration clandestine, le trafic de drogues et la criminalité transfrontalière.

Crise à triple dimensions dans une région riche en ressources naturelles

Bien que la région du Sahel recèle d’importantes richesses naturelles telles que l’or, l’uranium et le pétrole, il n’en demeure pas moins qu’elle  compte parmi les régions à plus faible croissance dans le monde comme en témoignent ses populations qui souffrent d’une crise à triple dimension, à savoir la pauvreté, la rudesse du climat et l’insécurité.

Selon des rapports de l’ONU et d’agences de secours internationales, les besoins de la région du Sahel en 2017 s’élevaient à 22 milliards de dollars. Un montant nécessaire pour faire face à une crise alimentaire et humanitaire aigue qui a pris en proie huit pays de la région (Tchad, Mali, Niger, Cameroun, Nigéria, Burkina Faso, Mauritanie et Sénégal), et pour venir en aide à pas moins de 15 millions de personnes hantées par le spectre de la famine.

Pas moins de 11 millions de personnes dans les pays riverains du Bassin du Lac Tchad ont besoin de secours urgents et 500.000 autres au moins  commencent à présenter des symptômes de malnutrition, notamment au Mali qui fait face à des tensions d’ordre politiques et économiques, ajoute-t-on de même source.

Les Nations Unies ont intensifié les appels en faveur de la reconstitution des réserves des pays concernés en produits alimentaires de base dans une  tentative de faire revenir 5 millions d’habitants qui ont quitté leurs villages en raison des conditions de vie difficiles et de la sécheresse vers leurs pays d’origine, et pour limiter les mouvements de migrants clandestins vers le nord, a indiqué le coordinateur général de l’ONU pour les activités de secours humanitaires, Toby Lanzer.

La région du Sahel pourrait faire face à de « graves répercussions » si des mesures n’étaient pas prises pour stopper les vagues d’exode, a mis en  garde un responsable au Comité international de la Croix rouge (CICR) lors d’un forum international sur la paix et la sécurité en Afrique. Ceci doit  se faire par la relance de l’activité commerciale afin de convaincre les populations de rester dans leurs régions respectives, a-t-il estimé.

L’expert international a déploré le fait que les efforts soient centrés sur les questions sécuritaires dans la région « au moment où des familles  entières souffrent de famine et voient leurs chances de vie s’amenuiser ».

Les experts et observateurs de la question africaine conviennent de l’absence d’une approche globale de développement pour le traitement de la  crise à laquelle est confrontée la région du Sahel. Les préoccupations des acteurs sur les plans interne et externe s’articulent soit autour de l’aspect sécuritaire et militaire ou la lutte antiterroriste, ce qui entraine un échec récurrent en matière de résolution de la crise en raison de l’exclusion des autres approches.

Le règlement de la situation dans cette région sensible requiert des solutions durables et des mesures diverses et intégrées, affirment les experts qui préconisent de ne pas se restreindre à la seule dimension sécuritaire et militaire.

Pour ces spécialistes, couper les liens entre les jeunes, les groupes terroristes et les réseaux de crime organisé, nécessite impérativement de  contenir les diverses orientations politiques, notamment chez les jeunes ainsi que le soutien du dialogue politique interne dans les pays de la région à travers la recherche de solutions réalistes aux conflits locaux « séparatistes » qui surviennent souvent en raison de politiques de marginalisation et d’exclusion prenant en compte les spécificités culturelles et ethniques.