Les Marocains et les Sahraouis ont repris, hier, le chemin des négociations pour une rencontre informelle qui se tient à Vienne, en Autriche.
La rencontre, qui se poursuit jusqu’à demain, est informelle mais revêt une importance capitale.
Son importance est d’autant plus établie que le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, a fait le déplacement jusqu’à la capitale autrichienne, selon les informations rapportées avant-hier en soirée par l’AFP.
«Le royaume du Maroc participera, du 9 au 11 août, à une réunion informelle restreinte, préparatoire du cinquième round de négociations, visant à trouver une solution politique et définitive […] au sujet du Sahara», a précisé le ministère marocain dans un communiqué diffusé avant-hier et repris par plusieurs médias.
La présence du ministre marocain n’a pas été confirmée officiellement, mais l’importance que donne le royaume marocain à cette rencontre converge vers cette hypothèse.
L’annonce de cette rencontre avait été faite la semaine dernière déjà par le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, au cours d’une visite éclair au Maroc.
Bien sûr que le ministre espagnol, qui a la primauté de l’information, n’a pas agi sans le consentement des ses interlocuteurs.
Au mois de juin dernier, Christopher Ross, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Organisation des nations unies, avait affiché son optimisme quant à l’avancée du dossier sahraoui.
C’était au cours d’un voyage qui l’avait mené dans la région. «Je crois que nous sommes sur le bon chemin pour procéder à la prochaine étape dans la recherche d’une solution à cette grande question», avait-il affirmé à Alger, laissant transparaître, pour la première fois depuis longtemps, des signes positifs.
Car, cela fait bien longtemps que les deux parties en conflit, le Maroc et le Polisario, ne se sont pas rencontrées.
Les derniers entretiens entre les deux délégations remontent, en effet, à mars 2008 lors du quatrième round de négociations organisé à Manhasset, dans la banlieue de New York, aux Etats-Unis. Bien sûr que la situation est restée en l’état malgré ces contacts.
Le Maroc s’est agrippé à son plan d’autonomie, tandis que le Polisario tient à sa seule et unique revendication qu’est l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
L’échec de ces pourparlers, dus essentiellement à l’intransigeance marocaine, avait poussé l’ancien envoyé spécial de l’ONU, le Néerlandais Peter van Walsum, à démissionner de son poste en janvier 2009.
Il faut dire que le diplomate ne faisait plus consensus, puisqu’à un certain moment, il avait même affirmé que l’idée de l’autodétermination n’était pas «réaliste».
Et c’est c’était le clash avec les Sahraouis qui estimaient, à juste titre, que l’envoyé de l’ONU avait déjà pris position en faveur des Marocains.
Mais depuis l’arrivée de Christopher Ross, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Alger, les choses ont quelque peu changé.
Puisqu’en plus d’ouvrir la porte à de nouvelles négociations -et c’est l’objectif principal de la rencontre de Vienne- le diplomate espère arriver très prochainement à une avancée certaine dans le conflit, l’un des plus vieux du monde.
Cela se passe à un moment où les capitales occidentales commencent à faire quelque pression sur Rabat afin d’assouplir, au moins, ses positions afin d’amorcer un début de solution.
Mieux que cela, certains responsables sahraouis et des médias indiquent que le président américain, Barack Obama, a incité le roi du Maroc à aller de l’avant dans la recherche d’une solution définitive à ce conflit.
A rappeler que le Sahara occidental est un vaste territoire désertique occupé par le Maroc en 1976 après le départ du colonisateur espagnol.
Des milliers de Sahraouis se sont alors réfugiés à Tindouf où ils vivent essentiellement grâce à l’aide internationale.
Un conflit armé opposant les deux parties avait fait des dizaines de victimes, avant que le Maroc et le Polisario (Front populaire pour la libération du Sahara et le Rio de Oro) ne signent en 1991, un cessez-le-feu sous l’égide des nations unies.
Depuis, les deux parties sont dans une situation de ni guerre ni paix. Il n’y a certes plus d’attaques armées, mais la situation est en stand by et les milliers de Sahraouis, des deux côtés des frontières, souffrent soit de la séparation soit de la colonisation.
La rencontre de Vienne apportera-t-elle une lueur d’espoir à la dernière colonie d’Afrique ?
Ali Boukhlef