Sahara occidental-Maroc-ONU : La réunion informelle de New York s’achève sans grande avancée

Sahara occidental-Maroc-ONU : La réunion informelle de New York s’achève sans grande avancée

Les travaux de la troisième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc ont pris fin mardi soir à Manhasset (New York) sans avancée notable, les deux parties ont décidé de la tenue de deux autres réunions informelles en décembre prochain et au début de l’année 2011 ainsi que de la reprise des visites familiales.

Cette rencontre s’est tenue sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie.

A l’issue de cette troisième série de négociations informelles tenues durant deux jours, M. Ross a lu devant la presse le communiqué de cette réunion, qui souligne que le Front Polisario et le Maroc ont tenu  »des discussions amples et franches sur les propositions de chacune des deux parties sur le Sahara occidental dans un esprit de respect mutuel, en dépit du fait que chaque partie a continué à rejeter les propositions de l’autre comme base de négociations à venir ».

Afin de créer un climat propice au progrès de ce dossier, les parties ont commencé à  »construire une nouvelle dynamique pour la suite du processus de négociations », a indiqué M. Ross.

L’envoyé personnel de M. Ban Ki-moon a fait savoir que les participants à cette réunion ont décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre 2010 ainsi qu’au début de l’année prochaine, dont le lieu n’a pas été encore défini,  »afin de poursuivre, selon des approches novatrices, le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ».

Pour la première fois, a-t-il poursuivi, les délégations des deux parties et des Etats voisins se sont réunies pour aborder ensemble la reprise du programme de mesures de confiance (qui comprend notamment les échanges de visites entre familles séparées par le conflit) dirigé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Pendant cette réunion, les parties ont ainsi convenu de  »reprendre sans délai les visites familiales par avion sur la base d’une application stricte du plan d’action agréé en 2004 », a indiqué M. Ross, ajoutant que les parties ont aussi convenu  »d’accélérer l’inauguration de visites par voie terrestre. » Les quatre délégations (le Front Polisario et le Maroc et les deux pays observateurs) ont également prévu de se réunir prochainement à Genève avec le Haut Commissariat pour les réfugiés  »afin de revoir la mise en œuvre du plan d’action dans sa totalité et d’avancer vers le lancement des visites par voie terrestre », a-t-il avancé.

Pour sa part, le chef de la délégation sahraouie, M. Khatri Addouh, a déclaré à la presse qu’au cours des deux journées des discussions, chaque délégation a accepté de discuter, à la demande de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, de la proposition présentée par l’autre partie.

Aussi, les deux délégations ont  »discuté en profondeur de l’ensemble des mesures de confiance contenues dans le plan d’action de 2004 et ont accepté de dédier une séance spéciale à Genève dans les délais les plus rapprochés », a-t-il affirmé, ajoutant que  »les deux parties ont accepté de continuer le processus de négociations sous l’égide des Nations unies ».

A ce propos, M. Addouh a affirmé que la délégation sahraouie a montré, encore une fois,  »la disponibilité du Front Polisario à continuer à coopérer pour la réussite des efforts de la communauté internationale, fort de la légalité de sa cause et de l’attachement du peuple sahraoui à ses droits, à la liberté et à l’indépendance pour lesquels il a consenti tant de sacrifices ».

Abordant l’attaque brutale menée lundi par les forces marocaines contre les camps sahraouis de Gdeim Izik et d’El Laayoune, M. Addouh a souligné que malgré ces évènements tragiques,  »le Front Polisario a décidé de répondre positivement à l’appel de l’ONU pour la poursuite des négociations avec la puissance occupante afin d’exprimer, une fois de plus, l’attachement des Sahraouis à la voie démocratique pour résoudre un conflit de décolonisation sur la base du respect inaliénable du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance ».

Rendant hommage  »aux martyrs et victimes de cette attaque abjecte des forces militaires et de la sécurité marocaines », le chef de la délégation sahraouie a soutenu que  »la politique de terreur suivie par l’occupant marocain au Sahara occidental doit être condamnée par toute la communauté internationale ».

Dans ce sens, il a relevé que le peuple sahraoui, dans les territoires occupés,  »fait face à un danger réel » et que  »les autorités marocaines impliquent les colons dans la chasse aux Sahraouis dont des dizaines ont été arbitrairement arrêtés et torturés ».

Tout en remerciant  »les pays et organisations qui ont exprimé leur préoccupation et leur solidarité en ce moment tragique pour le peuple sahraoui », le chef de la délégation sahraouie a réitéré son appel pressant au secrétaire général de l’ONU et au Conseil de sécurité  »pour assumer leurs responsabilités en protégeant le peuple sahraoui en attendant le parachèvement du processus de décolonisation en cours au Sahara occidental. »

Il est à rappeler que la quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies chargée de la décolonisation avait adopté le 11 octobre dernier une résolution qui réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, qui sera soumise à l’adoption par l’assemblée générale de l’ONU en décembre prochain.

Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset, et trois réunions informelles, jusqu’à maintenant, dont l’une à Vienne et deux à Manhasset.

Découverte de huit autres corps de sahraouis dans la ville d’El Ayoun

Huit corps de sahraouis ont été découverts mardi dans différentes parties de la ville occupée d’El Ayoun, au lendemain du massacre commis par les forces d’occupation marocaines contre des sahraouis désarmés dans le camp de Gdeim Izik, a indiqué mercredi le ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l’étranger.

Les corps de trois personnes ont été retrouvés sur les rives de Oued Sakia El Hamra, « dont deux ont été abattues par balles alors que la troisième a été écrasée par un véhicule qui pourchassait les habitants du camp », a précisé la même source. Un quatrième corps, celui d’un enfant de 7ans, a été découvert dans le quartier « Douirat », à El Ayoun, à la suite d’une intervention de l’armée et des colons marocains contre les manifestants dans ce quartier, a ajouté la même source. Les corps de quatre autres personnes « dont les circonstances de leur mort demeurent inconnues » ont été retrouvés entre la région de Aouda et Oued Sakia El Hamra, selon la même source.

Un premier bilan annoncé mardi par le gouvernement faisant état de de 11 morts, 723 blessés et 159 disparus s’est alourdi portant le nombre de morts à 19.

La ville occupée d’El Ayoun « vit toujours dans un état siège militaire et sécuritaire et un couvre-feu dans un climat de terreur et de menaces contre les citoyens sahraouis », affirme le ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l’étranger.

Rome : Rassemblement demain de milliers de sympathisants de la cause sahraouie devant l’ambassade du Maroc

Plusieurs associations italiennes de solidarité avec le peuple sahraoui ont prévu de tenir un rassemblement demain après-midi devant l’ambassade du Maroc à Rome pour protester contre la répression exercée contre les populations sahraouies, dans les terrrioires occupés, a appris l’APS hier auprès du représentant du Front Polisario à Rome, Omar Mih.

Ce rassemblement, auquel prendront part également des leaders et militants de partis politiques italiens, des syndicalistes et des sympathisants de la cause sahraouie, sera l’occasion pour dénoncer les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et la dernière attaque meurtrière perpétrée par les forces de sécurité marocaines contre le « camp de la liberté » près d’El-Ayoun occupée, a-t-il précisé.

Les protestataires mettront aussi à profit ce rassemblement pour appeler le gouvernement italien, l’Union européenne et les Nations unies à dénoncer la politique marocaine au Sahara occidental et à intervenir pour protéger les droits des populations sahraouies dans les territoires occupés, a-t-on-ajouté de même source. Ils demanderont, par ailleurs, la mise en œuvre des résolutions onusiennes qui réaffirment le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers un référendum régulier sous l’égide des Nations unies, selon cette source.

De nombreuses voix en Italie se sont élevées, ces derniers jours, pour condamner l’attaque brutale des forces de sécurité marocaines contre ce camp qui a fait 11 morts 723 blessés, tous des civils sans défense.

Paris : La CGT française demande à la France et à l’UE de dénoncer l’agression

La Confédération générale des travailleurs (CGT) a demandé à la France, à l’Union européenne et à l’ONU de dénoncer l’ »inadmissible » répression marocaine sur un camp de civils sahraouis à El Ayoun occupée et de « se prononcer publiquement » pour le respect des droits humains et sociaux de la population sahraouie.

Dans le communiqué rendu public, le syndicat appelle aussi la MINURSO (Mission onusienne pour l’organisation du référendum au Sahara occidental) à « s’interposer entre les agresseurs et les agressés afin de protéger ces derniers parmi lesquels il y a beaucoup de femmes et enfants ».

Selon un bilan provisoire du ministère sahraoui de l’Information, l’assaut donné lundi par les forces marocaines contre un campement de Sahraouis près d’El Ayoun occupée a fait onze morts et 723 blessés parmi les civils.

La CGT condamne cette « brutale agression » qui est, à ses yeux, « inadmissible » car visant « près de 30.000 Sahraouis qui s’étaient regroupés (depuis plusieurs semaines) pacifiquement dans un camp de toile dans le désert, afin de réaffirmer leurs droits sur le territoire du Sahara occidental occupé par le Maroc et pour défendre leurs droits sociaux bafoués ».

Pour le syndicat français, les « autorités marocaines font preuve, une nouvelle fois, de leur volonté de ne pas négocier une solution à ce conflit historique, alors que des résolutions de l’ONU l’exigent (notamment la tenue d’un référendum d’autodétermination) ». Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait qualifié de « très graves » les heurts intervenus suite à l’assaut donné par les forces marocaines d’occupation.

« Il y a un problème d’urgence parce qu’à El-Ayoun les chocs ont été violents, les incidents très graves. On ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville, le nombre de blessés et le nombre de morts », a-t-il déclaré lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale française.

Rassemblement de soutien aux Sahraouis hier à Paris

Plusieurs associations solidaires du peuple sahraoui dans sa lutte pour l’autodétermination ont appelé hier à un rassemblement à la place du Trocadéro à Paris pour dénoncer la violente répression des forces d’occupation marocaines contre les populations civiles sahraouies dans les territoires occupés.

Elles exigent du gouvernement français, de l’Union européenne et des Nations unies d’agir pour arrêter ces massacres et pour le respect des droits de l’homme au Sahara occidental. Ces associations exigent également la libération des prisonniers politiques et l’organisation « dans les meilleurs délais » d’un référendum d’autodétermination « seul moyen pour une solution juste et définitive au Sahara occidental dans le cadre du respect du droit et de la légalité internationale », ont-elles indiqué dans leur appel.

Ces associations, une vingtaine, sont soutenues par des partis politiques dont les Verts et le PCF, ainsi que par la CGT et l’Union syndicale solidaire.

Dans leur appel, elles condamnent la violente intervention des forces policières et militaires marocaines lundi contre la population sahraouie et interpellent la communauté internationale à « réagir à cette nouvelle provocation du Maroc et exercer des pressions sur lui et élargir le mandat du MINURSO au respect des droits de Les forces marocaines d’occupation ont donné lundi dernier l’assaut contre les campements regroupant près de 25.000 Sahraouis, érigés depuis un mois près de la ville d’El-Ayoun, en signe de protestation pour réclamer leur droit à l’autodétermination et pour des conditions de vie décentes et dignes.

La répression sanglante a fait 11 morts et 723 de blessés, selon un bilan provisoire du ministre sahraoui de l’Information.