La politique américaine vis-à-vis du problème sahraoui serait-elle réellement en voie de changement ?
Tous les indicateurs semblent indiquer cette voie.
Pas plus tard que jeudi dernier, la commission financière du Sénat a appelé le secrétariat d’Etat américain à présenter un rapport sur le respect des droits de l’Homme par le Maroc au Sahara occidental.
Le respect de ces droits par le Maroc serait la condition de soutien économique dans le budget de l’année prochaine, a souligné la commission dans sa demande.
Sur son site Internet le quotidien marocain Atajdid a diffusé une recommandation de la commission que préside le sénateur démocrate Patrick Leahy dans laquelle elle appelle clairement le ministère «à présenter, dans un délai de 45 jours, un rapport sur la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental».
Dans cette recommandation, la commission «demande au ministère des Affaires étrangères de lui présenter, dans un délai de 45 jours, après l’adoption du budget des opérations extérieures américaines pour l’année financière 2010, un rapport détaillé sur les démarches entreprises par le Maroc, durant les douze derniers mois, en matière de droits de l’Homme».
Selon la recommandation, ce rapport doit porter également sur le degré du respect par le Maroc de la liberté d’expression dans les territoires sahraouis occupés.
Il est indéniable que si les Américains venaient à changer leur position vis-à-vis de ce conflit, la question sahraouie pourrait enfin sortir de l’impasse qui perdure depuis le cessez-le-feu en 1991.
Une impasse devant laquelle semble être impuissante l’institution onusienne dont l’émissaire spécial n’a même pas pu rencontrer le roi Mohamed VI.
Les quatre précédents rounds de négociations n’ont fait que confirmer l’incapacité de l’institution onusienne à imposer une solution juste et durable à la partie marocaine.
Laquelle refuse absolument de discuter d’une autre solution que celle de l’autonomie qu’elle a proposée depuis quelques années déjà.
Les Sahraouis commencent, toutefois, à rallier de nouveaux alliés et à arracher de nouvelles victoires diplomatiques.
Les dernières déclarations du secrétaire d’Etat italien aux Affaires étrangères, M. Enzo Scotty, s’inscrivent certainement dans ce chapitre. M. Scotty a réaffirmé que l’Italie plaide pour une solution du conflit au Sahara occidental qui «garantit le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».
Intervenant, mercredi dernier, devant la Commission des relations extérieures du Parlement italien, M. Scotty a fait part de la volonté de l’Italie à encourager les deux parties en conflit, à savoir le Front Polisario et le Maroc, à engager «un dialogue franc et ouvert, sans conditions préalables», afin de réaliser un réel progrès pour la relance des négociations sous les auspices de l’ONU, indique SPS.
«L’Italie a toujours maintenu une position neutre et équilibrée à l’égard de la question du Sahara occidental», a-t-il souligné, en réponse aux députés du Parti démocratique et de la Ligue du Nord.
«Nous avons toujours répété qu’une solution juste et durable au différend sur le Sahara occidental ne peut être trouvée que dans l’espace du dialogue direct entre le Maroc et le Front Polisario, sous l’égide de l’ONU pour trouver une solution qui garantisse le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux dispositions des résolutions du Conseil de sécurité et des résolutions de l’assemblée générale», a-t-il affirmé.
Pour rappel, cette position arrive quelque mois après celle du ministre italien des Affaires étrangères, M. Franco Frattini.
Lors de sa visite en mai dernier à Rabat et à l’issue d’autres réunions avec les autorités marocaines et les représentants du Front Polisario, M. Frattini avait affirmé le droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même et à exercer son droit à l’autodétermination.
L’agence de presse sahraouie (SPS), qui a rapporté l’information, a affirmé également que le Conseil de la ville de Rome a adopté mercredi une motion de soutien au peuple sahraoui dans sa lutte de libération nationale, appelant l’ONU à mettre en œuvre ses résolutions tendant à décoloniser le Sahara occidental et le gouvernement italien à reconnaître au Polisario son statut diplomatique en Italie.
La motion réclame également un travail «au niveau européen et international pour appuyer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui» et œuvrer afin que le Maroc garantisse «le respect des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental», précisera-t-elle.