Le chef de l’ONU Ban Ki-moon a appelé, hier, lundi, à une résolution «urgente» de la crise au Sahara occidental de peur des retombées dans la région du conflit faisant rage au Sahel, en particulier au Mali.
«La montée de l’instabilité et de l’insécurité au sein et autour du Sahel requiert une solution urgente de ce conflit qui dure depuis longtemps», a-t-il alerté dans un rapport au conseil de sécurité. Son envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, avait déjà eu de tels propos au début du mois à Alger, alors que se poursuivait l’intervention militaire contre des islamistes au Mali.
Celui-ci, dans la région depuis le 20 mars, s’est engagé dans de nouvelles tentatives de négociations entre le Maroc et le mouvement indépendantiste du Front Polisario. Il a notamment rencontré les autorités marocaines et algériennes, ainsi que des représentants du Polisario. «Tous les gouvernements consultés ont soulevé de sérieuses inquiétudes quant au risque que les combats au Mali puissent avoir des retombées dans les pays voisins et contribuent à radicaliser les camps de réfugiés du Sahara Occidental», a précisé le SG de l’Onu. Selon le rapport, un dirigeant de la région a décrit ces camps comme «une bombe à retardement». Depuis plusieurs années, des groupes liés à Al-Qaîda sévissent dans les pays de la bande sahélo-saharienne. La cause sahraouie ne soulève non seulement les inquiétudes de l’organisation onusienne, mais également des personnalités de plusieurs pays, qui appellent à la résolution de cette question dans les meilleurs délais. Hier encore, des personnalités belges ont dénoncé le silence de leur pays devant «les violations si évidentes» des droits humains par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental, qualifiant cette attitude d’«étonnante». «Ce silence de la Belgique devant les violations si évidentes des droits humains» par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental «peut étonner», ont souligné Vincent Chapaux, Eric David et Pierre Galand, respectivement chercheur en relations internationales, professeur en droit international et ancien sénateur, dans une tribune parue dans le site d’information belge Le Soir. Pour ces trois personnalités, ce silence s’explique «en réalité par le fait que, en coulisse, ce dossier est considéré comme explosif». «Parce qu’ils assimilent l’opinion du royaume du Maroc à celle des citoyens belges d’origine marocaine, nombre de politiciens actuels ont peur, en s’opposant à l’un, de perdre le vote des autres», ont-ils soutenu. «Mais la prémisse du raisonnement est fausse. Il existe certes des Belges d’origine marocaine qui soutiennent l’annexion du Sahara occidental et qui vont, à la demande de l’ambassade, manifester périodiquement pour la poursuite de l’occupation, mais il existe tout autant qui, soit ne s’intéressent pas à la politique du pays de leurs parents ou grands parents, soit s’opposent à la poursuite de l’occupation», ont-ils expliqué. Selon ces trois personnalités, les choses ont commencé à changer concernant ce dossier, en devenant «sensible au sein de la communauté internationale du moins au sein de l’Union européenne».
R. I. / Agences