La position de la France à l’égard de la question sahraouie est un obstacle pour la paix et la sécurité, a indiqué mardi le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, soulignant qu’il n’était jamais tard de réviser cette position.
« Nous pensons, toutefois, qu’il n’est jamais tard pour (la France) réviser une position, qui est perçue aujourd’hui comme un obstacle pour les intérêts bien compris de la France qui sont ceux de la paix et de la justice », a affirmé M. Abdelaziz dans une lettre ouverte adressée au président français, François Hollande, à la vielle de son voyage au Maroc.
Ces valeurs, a-t-il ajouté, « constituent une puissante motivation pour s’assurer la coopération et l’amitié de toutes les nations et de tous les peuples de notre région ».
« Les leçons tirées des évènements en cours dans la région voisine du Sahel confirment cette vérité », a-t-il noté dans cette lettre publiée par El Watan.
Le président sahraoui a rappelé qu’en 1975, le processus de décolonisation du Sahara occidental, qui avait été défini par de nombreuses résolutions de l’Onu et par la Cour internationale de justice « fut brutalement détourné par un acte de force contraire à la légalité internationale ».
« La position adoptée par la France devant ces évènements nous avait franchement surpris et déçus, parce que nous pensions qu’elle ne reflétait pas les meilleurs traditions et valeurs républicaines qui ont fait de la France une nation inspiratrice des luttes des peuples pour la justice et la liberté et le berceau de la notion même des droits de l’homme », a-t-il regretté.
M. Abdelaziz a fait remarquer que le Maroc a exploité de « manière excessive » cette position « qui a causé des souffrances à un petit peuple pacifique qui n’aspire qu’à vivre libre et souverain dans sa patrie en paix avec tous les pays du monde ».
« Plus grave, cette instrumentalisation abusive a causé des dommages considérables à l’ensemble de la région qui n’a connu, depuis lors, ni la stabiliténi l’harmonie nécessaires pour relever les défis du présent et de l’avenir », a poursuivi le président sahraoui.
Il a estimé, en outre, que l’élection de M. Hollande à la présidence de la République française « a ouvert la voie à la France pour qu’elle joue un rôle décisif dans la recherche d’une paix juste et durable au Sahara Occidental sur la base des résultats et des efforts investis par l’Onu ».
« Ces efforts, a poursuivi M. Abdelaziz, ont abouti à la confirmation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la nécessité pour ce droit d’être exercé à travers un référendum organisé et supervisé par l’Onu en coopération avec l’Union africaine (UA).
Dans ce cadre, il a assuré la France de la coopération de la direction politique sahraouie « pour engager une réflexion sereine dans le but de faciliter à nos voisins marocains une sortie honorable et bénéfique ».
« Compte tenu de la doctrine de l’Onu et de la position de l’UA, la question de Sahara Occidental en tant que problème de décolonisation, s’articule autour de deux principes fondamentaux », a par ailleurs indiqué M. Abdelaziz
Il s’agit d’un côté du droit à l’autodétermination des peuples et pays coloniaux et de l’autre côté le principe de lÆintangibilité des frontières héritées de la période coloniale, qui a été consacré par l’OUA (Organisation de l’unité africaine) comme principe fondamental à même de garantir la sécurité du continent, a-t-il expliqué.
« C’est la validité et la pérennité de ces deux principes qui expliquent le fait que les prétentions de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental n’aient été reconnues par aucun pays dans le monde », a souligne M. Abdelaziz.
Le Sahara Occidental, considéré depuis 1964 par l’Onu comme un territoire non-autonome, est la dernière colonie en Afrique que le Maroc, soutenu par la France, occupe depuis 1975.