L’ex président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), M. Said Sadi a tiré à boulets rouges ce matin contre le candidat Ali Benflis et le probable Mouloud Hamrouche. Invité au Forum du journal Liberté, l’ex candidat à l’élection présidentielle, en 1995 puis en 2004 a rudement chargé les deux acteurs politiques tout en avouant son inquiétude de la situation du pays.
“Je me suis déchargé de toute responsabilité pour démontrer que la transmission générationnelle est possible. L’Algérie est en péril. Ce qui me pousse au débat c’est les termes de la propagande qu’on nous impose. La logique reptilienne du système impose des débats clos. La confiscation et le conditionnement de la communication sont les vecteurs de la crise actuelle. Il nous faut ouvrir les yeux”, tonne Said Sadi.
Et de diriger son “canon” sur ces cibles politiques de prédilection. “Aucune voix contre le 4e mandat n’a été entendue lors du 3e mandat. Ils entendent le même centre du pouvoir qui leur souffle leurs indignations. Tous les candidats refusent le 4e mandat.
Quelle différence entre celui qui dit je ne veux pas laisser ma place et celui qui dit j’y vais malgré tout ? Quelle différence entre un homme du système qui veut rester au pouvoir et celui qui dit je ne veux pas me présenter si le système à un candidat ? Comment appeler à un contre-pouvoir et en appeler l’armée ? Pour Said Sadi l’appel ne souffre pas l’ombre d’un doute : “Ceci est un putsch !”.
“Débat dangereux”
C’est connu, l’ex chef du RCD rejette la stratégie des anciens chefs du gouvernement, et spécialement le duo Hamrouche-Benflis qui ressort à chaque scrutin présidentiel. Il en a profité ce matin pour les remettre à leurs places. Mais la tribune de Liberté a servi aussi à Sadi pour s’exprimer sur la polémique ayant accompagné les attaques de Saadani contre le DRS et son chef.
Sadi qui a signé ces dernières années son divorce avec les “services spéciaux” auxquels il impute tous les drames du pays, a pointé le silence des acteurs politiques sur les assauts contres les institution. “Comment déplorer les critiques contre les service secrets et tolérer les attaques contre des institutions ? Personne ne demande à divulguer la liste des agents du DRS. Il faut que les citoyens exigent que le DRS soit sous tutelle d’une institution. Le débat actuel est dangereux, bâti sur le tabou. Ceux qui refusent de rentrer dans le chantage de la stabilité, on leur explique que dans les autres pays les “services sont puissants”.
En filigrane, l’ex leader du RCD, apporte, à son cœur défendant et même si pour d’autres raisons, de l’eau au moulin de Saadani. Pour autant, Said Sadi pense que le bilan du chef de l’Etat “ne peut être dissocié à celui du DRS”.
Impasse historique
L’orateur souligne d’emblée que “mon propos est celui d’un citoyen inquiet. La situation est compromise pour l’avenir de la nation. Les pouvoirs parallèles supplantent les pouvoirs réels”. Connu pour son sens aigu de la formule, Sadi assène que le “système connait parfois des conflits, mais la conduite reptilienne développe des réflexes pour la survie de l’espèce”.
Il en veut d’autant plus “qu’aucun pouvoir algérien n’a voulu lutter contre la corruption. Sauf pour le cas d’une sanction”. Et d’ajouter que “Le coût financier du pouvoir parallèle sera énorme”. Pour Said Sadi la situation actuelle de l’Algérie ne traduit pas une crise politique mais une “impasse historique” compte tenu du fait que la corruption, est, d’après lui, “au coeur du système algérien”.