Sabrina Sebaïhi poursuit une ex-ministre française pour incitation à la haine contre les Algériens

Sabrina Sebaïhi poursuit une ex-ministre française pour incitation à la haine contre les Algériens
Sabrina Sebaïhi

La députée française d’origine algérienne Sabrina Sebaïhi a déposé une plainte officielle auprès du procureur de la République de Paris contre l’ancienne ministre française Noëlle Lenoir, l’accusant d’incitation publique à la haine.

L’affaire trouve son origine dans des propos tenus par Noëlle Lenoir, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes (2002-2004) et présidente du comité de soutien à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors de l’émission L’Heure des Pros 2 – L’été diffusée le 8 août 2025 sur la chaîne CNews.

Plainte pour propos discriminatoires contre les Algériens

Au cours du programme, Noëlle Lenoir a déclaré :

« Prenons l’exemple de l’Algérie : vous avez des millions d’Algériens qui présentent des risques majeurs, qui peuvent sortir un couteau dans le métro, à la gare, dans la rue, ou encore prendre une voiture pour foncer sur une foule. »

Elle a également estimé qu’il était « excessif » de maintenir ces personnes plusieurs mois sur le territoire français avant leur expulsion, affirmant qu’« elles n’ont pas leur place ici et qu’elles nous menacent ».

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Accusation d’incitation à la haine et à la discrimination

Pour Sabrina Sebaïhi, ces propos généralisent un danger criminel à l’ensemble des Algériens uniquement en raison de leur nationalité, ce qui, selon elle, entre dans le champ de l’article 24 de la loi française du 29 juillet 1881, qui sanctionne l’incitation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence.

La députée, qui dénonce un discours « discriminatoire et de stigmatisation collective », rappelle que ces déclarations surviennent dans un contexte politique et médiatique marqué par une montée des discours hostiles à la communauté algérienne, sur fond de tensions diplomatiques entre Alger et Paris, notamment après les récentes restrictions françaises sur les visas.

Elle demande au parquet d’ouvrir une enquête et de l’informer de l’avancée du dossier, estimant qu’« un tel discours n’a pas sa place dans le débat public ».

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Soutiens et réactions à la plainte de Sabrina Sebaïhi

Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale algérienne, Mohamed Heni, a salué l’initiative de la députée, rappelant sur ses réseaux sociaux que « comparer des millions d’Algériens à des criminels n’est pas une opinion, mais un délit de haine ».

Ces propos de Noëlle Lenoir ont provoqué une vague d’indignation dans les milieux politiques et associatifs, tant en Algérie qu’en France. Plusieurs voix appellent à ce que la justice française se saisisse rapidement du dossier, afin de rappeler les limites légales de la liberté d’expression en matière de discours discriminatoires.

Polémique autour des propos stigmatisants dans les médias

Noëlle Lenoir, figure politique et avocate, n’a pas encore réagi publiquement à la plainte. Mais cette affaire risque de raviver le débat sur la place des propos stigmatisants dans le discours médiatique, particulièrement sur les chaînes d’information continue, souvent accusées de nourrir un climat de méfiance envers certaines communautés.

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