Saâdani se place dans l’après-Ould Abbes

Saâdani se place dans l’après-Ould Abbes
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Saâdani inscrit sa démarche, presqu’informelle peut-on dire, au-delà de cette échéance, puisqu’il évoque la perspective de la présidentielle de 2019.

Muré dans un silence énigmatique depuis son départ de la tête du FLN, le 24 octobre 2016, le tonitruant Amar Saâdani sort enfin de sa réserve pour adresser un message à la fois aux militants et aux sympathisants du parti ainsi qu’à tous les Algériens, les appelant à aller voter massivement pour donner de la légitimité au prochain Parlement ; un message truffé de piques à l’endroit de l’actuelle direction du FLN. Et exceptionnellement au moment où son successeur Djamel Ould Abbes “s’interdit” d’évoquer autre chose que les législatives du 4 mai prochain, Amar Saâdani inscrit dans sa lettre envoyée le 20 avril dernier, dans la perspective de la présidentielle de 2019.

Passés les enjeux de cette élection qui doit bénéficier d’un effort de communication et de sensibilisation, selon ses propres termes, Amar Saâdani n’a pas caché son doute sur la manière avec laquelle ont été confectionnées les listes des candidats du part. Que l’on en juge : “Je sais que certaines de ces listes ne sont pas à la hauteur des attentes de chacun, qu’elles ne satisfont pas tout le monde, qu’elles souffrent parfois d’incohérences, qu’elles peuvent avoir par inadvertance omis ou mal classé nombre de nos militants parmi les plus méritants.” Une remise en cause, on ne peut plus claire, des choix d’Ould Abbes, qui a déclaré assumer tout seul ce choix en réponse à leurs contestataires. Faut-il, par ailleurs, relever que jamais un haut responsable, même controversé, de la stature de Saâdani, n’a remis en cause, du moins publiquement, les choix de candidatures du parti.

Cela d’autant plus qu’il parle en tant que membre du comité central et ancien secrétaire général du parti. Il se suffira, cependant, de cette phrase de désapprobation pour consacrer le reste de sa lettre aux enjeux de cette élection, mais aussi et surtout pour donner des conseils et des orientations aux électeurs, aux militants, aux sympathisants et à tous les Algériens pour voter massivement et opter pour le bon choix : la continuité du programme du président de la République. “Au-delà des militants FLN, cet appel s’adresse à toute la jeunesse algérienne pour qu’elle s’arme d’espoir et de convictions patriotiques fortes, se mobilise et s’investisse dans l’édification économique, sociale et culturelle du pays”, lit-on dans la missive. Autant dire que Saâdani, sans responsabilité politique, veut ratisser large en apportant sa contribution à la victoire du FLN, car, explique-t-il, “l’enjeu pour notre parti est de sortir victorieux de la joute électorale du 4 mai 2017 en permettant au FLN de conserver et de consolider le rang de première force politique que lui convoitent d’autres mouvements de la scène politique nationale”. Mais pas seulement. Saâdani inscrit sa démarche, presqu’informelle peut-on dire, au-delà de cette échéance, puisqu’il évoque la perspective de la présidentielle de 2019. Une élection à laquelle est appelée à contribuer la future assemblée nationale et surtout à réussir puisqu’intervenant durant son mandat. Saâdani est le seul à trouver un lien entre ces deux échéances alors qu’il n’est même pas acteur dans la campagne pour les législatives de son parti.

Même si les jeux sont déjà ouverts, à en croire Abdelaziz Ziari, qui a affirmé que des personnalités sont déjà en campagne pour la présidentielle, dans les faits, hormis les tournées de quelques ministres, et celles du Premier ministre perçues comme entrant dans ce cadre, il n’y a aucun indice palpable pour accréditer cette assertion. A contrario, cette sortie inattendue de Saâdani laisse entrevoir des changements qui lui accorderaient une place dans l’échiquier. Aussi, se place-t-il, en rendant publique même tardivement sa lettre, dans l’après Ould-Abbes dont il est le seul à critiquer les choix des candidats. Il ne désespère certainement pas de revenir et à tout le moins reprendre le poste qu’il avait quitté, fin 2016, forcé.