Les hostilités ont cessé, mais ce n’est pas pour autant que le conflit opposant les chefs des deux partis majoritaires du pays est terminé.
Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a ordonné à ses militants de ne plus s’attaquer à Ahmed Ouyahia, l’actuel secrétaire général par intérim du RND et directeur de cabinet à la présidence de la République.
«M.Saâdani a ordonné aux militants de ne plus répondre aux rumeurs que diffusent à dessein le RND et selon lesquelles M.Ouyahia sera le prochain Premier ministre», confie une source proche du FLN. C’est donc la fin de la guéguerre entre les deux partis. Dans le jargon diplomatique, cela s’appelle cessation temporaire des hostilités. Le temps que l’aide humanitaire puisse passer, le temps de soigner les blessés et de ramasser les cadavres. Mais les cadavres ne seront pas enterrés. Enveloppés de leurs jolis linceuls, ils seront rangés dans des placards ouvrables selon les circonstances. Qu’est-ce qui justifie ce «cessez-le-feu» à un «conflit» qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui s’est aggravé depuis le retour de Amar Saâdani à la tête du FLN en juin 2014. Première escarmouche, Saâdani refuse l’idée d’une alliance présidentielle suggérée par Ahmed Ouyahia. Ce dernier réplique quelques mois plus tard, en déclinant l’offre du FLN l’invitant à prendre part au «Front national de soutien au président de la République». La tension s’en va crescendo, quand le vieux parti refuse le verdict du Conseil constitutionnel donnant le RND comme étant le vainqueur des élections sanatoriales de fin décembre dernier. Amar Saâdani a fini par avoir gain de cause, avant d’enfoncer le clou accusant son rival Ouyahia d’avoir présenté l’avant-projet de la révision constitutionnelle le 3 février dernier, en tant que chef de parti et non entant que directeur de cabinet à la présidence de la République. Le conflit se corse et les bases des deux partis s’y impliquent. Les militants du RND «auraient annoncé Ouyahia comme futur Premier ministre». La nouvelle fait grincer les dents au FLN qui s’arroge le droit de dire non «à une prérogative exclusive du président», et le combat des gladiateurs se poursuit. Cependant, lasse de jouer au spectateur passif, la classe politique décide d’envahir le terrain. Il n’y a pas d’échéances politiques ni de rendez-vous électoral en vue, mais cela n’a pas empêché la majorité des partis à se manifester sur le terrain. Le week-end politique a été anormalement chargé. Qu’est-ce qui fait réagir les partis d’opposition, si ce n’est une manière d’imposer son temps de jeu sur une scène squattée, parce que restée vide. Devant une assistance fort nombreuse, Mohcène Belabbès du RCD recadre les débats et ouvre un chantier politique qui fera de très larges vagues dans les mois ou les années à venir. Le patron du RCD a en effet prôné «la réhabilitation de la Fédération des Etats nord-africains voulue par les dirigeants du Mouvement de libération». Le RCD a toujours été à la pointe des idées nouvelles même celles qui parfois lui valent de douloureux tiraillements. Mais qu’importe, c’est peut-être une vocation historique de ce parti. «Ceux qui se braquent, chez nous et chez nos voisins, contre ce destin sont ceux-là même qui tirent bénéfice de l’isolement par la rapine et la confiscation des capacités nationales», a-t-il argumenté. «Ces deux segments qui se livrent une guerre verbale sont stratégiquement solidaires pour maintenir des pouvoirs de cooptation et d’opacité», ajoute-t-il. La même idée a été développée dans la résolution politique adoptée par le conseil national du FFS. Abordant les questions régionales, le plus vieux parti d’opposition demeure convaincu que «seule la construction démocratique d’un Grand Maghreb est à même d’apporter à la région et ses habitants la paix, la stabilité et le développement». A partir de Batna, Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54 a appelé hier, à un «pacte national» à même de fédérer les efforts pour édifier un Etat moderne fort de ses institutions et capable de «sortir de la crise politique». Moussa Touati a plaidé hier à Oran pour l’organisation d’un référendum pour «définir la nature du régime constitutionnel du pays». Le secrétaire général du mouvement El Islah, Filali Ghouini a quant à lui annoncé à partir d’Alger que l’Instance de suivi et de consultation de l’opposition (Isco) se réunira fin février en cours. Lors de cette rencontre, l’instance examinera, entre autres, «la position du mouvement El-Binaa vis-à-vis de la révision constitutionnelle». sans compter également que le TAJ de Amar Ghoul a rassemblé ses cadres à la salle des conférences de l’APC des Eucalyptus, à Alger et le président du parti El-Moustakbal, Aziz Belaïd a animé une conférence de presse à la salle El-Mouggar. Un week-end politique anormalement chargé à quelques encablures d’un remaniement ministériel qui nous réserve bien des surprises.