Il devient de plus en plus évident que la bataille des sénatoriales, qui vient de commencer prématurément entre le FLN et le RND, a pesé de tout son poids dans l’appréciation que font les dirigeants de ces deux pôles de soutien au président Bouteflika sur leur projet d’alliances qu’ils viennent de proposer récemment.
Saâdani, le patron du FLN, semble avoir un seul objectif : arracher la majorité au Conseil de la nation au détriment du RND. Il sait que logiquement, en comptant le nombre d’élus qu’il possède au niveau des 1 542 APC et des 48 APW, le FLN gagnera aisément la bataille, même si parfois il aura besoin de soutiens de la part d’autres élus d’obédiences différentes dans certaines wilayas où il est détrôné.
Chez la direction politique du FLN, on est conscient que des centaines d’élus avaient trahi le parti lors des dernières sénatoriales, en raison des divergences qui existaient à l’époque et de la crise interne qui couvait au temps de Belkhadem. L’indiscipline et la revanche, plus que la trahison, ont été les deux éléments qui ont fortement influé sur le vote secret des élus du FLN.
A l’époque, le FLN avait d’énormes difficultés pour imposer une candidature consensuelle au niveau des wilayas. A chaque fois, c’est la contestation, d’où la rébellion contre les directives de Belkhadem. Aujourd’hui, il semble bien que Saâdani veut prendre le taureau par les cornes, en voulant éviter le scénario précédent. D’où son discours virulent et menaçant contre ses propres élus de l’ouest du pays qu’il a rencontrés ce week-end à Oran. Au niveau du vieux parti, on reste optimiste malgré tout, estimant que la période actuelle sur le plan organique n’est plus la même d’il y a trois ans.
La seule hantise du parti serait encore une fois la suprématie de la « chkara », celle-là même qui a permis à beaucoup d’élus hommes d’affaires de devenir sénateurs, statut plus prisé que celui de député.
Or, tout le monde sait que les potentiels candidats au Conseil de la nation font une propagande, non pas idéologique et politique, mais plutôt selon les règles de la commercialité, celle de donnant-donnant.
La popularité ou l’aura des uns et des autres, comme les compétences, ne pèsent rien face aux avantages alléchants proposés, comme la promesse de figurer dans la prochaine liste électorale du parti, de briguer un siège soit dans l’APC du coin ou à l’APW de la région, voire de négocier son nom pour l’imposer lors des futures législatives.
Certains font mieux en offrant de l’argent ou des lots de terrain, voire des logements aux proches, alors que d’autres, plus transparents, « facilitent » l’octroi de marchés juteux de gré à gré aux amis entrepreneurs pour des projets ne dépassant pas le seuil des 800 millions de centimes. Les alliances dans les wilayas de l’intérieur n’obéissent guère aux règles et normes de la démocratie. Saâdani le sait et il ne feint point en menaçant ses élus de sévir s’ils ne votent pas pour le candidat du parti en décembre prochain.
D’ailleurs, il ne rigole pas quand il a brandi la menace de dépôt de plainte contre tous les « traîtres » et les « félons ». Il y a un an et demi, la presse s’est fait l’écho de scandales d’achat de voix dans la wilaya de Saïda lors des dernières sénatoriales.
Un scandale qui a pris des tournures nationales en raison des preuves déposées, notamment des enregistrements audio et vidéo. Or, cela a été vite étouffé et l’ampleur des dégâts n’a pas dépassé les limites de cette wilaya, voire du tribunal qui a traité l’affaire. D’ailleurs, plus personne ne connaît aujourd’hui la sentence du juge et même le parti en question n’a pas pris de sanctions disciplinaires et politiques contre les élus impliqués.