L’ancien sélectionneur national considère le comportement de la Direction technique nationale française comme une décision pour le moins maladroite. Il met l’accent sur le fait que la formation des joueurs, de double nationalité, a toujours servi le football français et que c’est grâce à eux que les Bleus ont gagné la Coupe du monde 98.
– Comment jugez-vous le projet de la DTN française de réduire le quota des joueurs qui ont la double nationalité dans les centres de formation ?
– Le comportement de la direction technique française est maladroit, car il va priver plusieurs joueurs d’effectuer leur formation. Or, ces joueurs de double nationalité ont toujours servi l’équipe de France, mais aussi les clubs du championnat français. Donc, je dirai que la direction technique française a mal réagi, elle aurait pu trouver une autre formule qui servirait les deux parties, le football français et les joueurs.
– Cette décision a fait couler beaucoup d’encre dans le milieu des joueurs ayant la double nationalité, entre autres, les joueurs franco-algériens, un commentaire ?
– Ecoutez, la décision prise par la direction technique française est une riposte au décret établi par la FIFA au congrès des Bahamas, qui a donné l’opportunité aux joueurs binationaux d’opter pour la sélection de leur pays d’origine appliquée le mois de juin 2009. Donc, il ne faut pas s’étonner et on s’attendait à une telle réaction de la part des responsables du football français.
– Ne pensez-vous pas que la Fédération française avait d’autres solutions et elle pouvait éviter l’option des quotas ?
– Je le dis encore une fois, la décision prise par la direction technique française est maladroite, elle aurait dû trouver d’autres solutions, avant d’opter pour ce choix, d’autant que la formation des joueurs binationaux a été toujours rentable pour le football français.
– Pouvez-vous être plus explicite ?
– Les responsables du football français pouvaient contacter les responsables des fédérations de football des pays d’origine de ces joueurs afin de trouver une formule qui pourrait permettre au football français et au football dans les pays arabes et africains de progresser. C’est pour cela que je vous ai dit que la réaction des responsables de la DTN française est maladroite, ils doivent revoir leurs calculs de nouveau, d’autant que les joueurs de la double nationalité sont les plus brillants actuellement et s’est grâce à eux que la France a pu gagner la Coupe du monde 98 qui s’est déroulée dans ce même pays.
– Les responsables du football français ont-ils voulu mettre un terme à l’assistanat qui a servi beaucoup les pays africains et arabes, entre autres l’Algérie ?
– Pas du tout, car les Français prennent toujours les meilleurs et se passent des services des joueurs moyens, comme ce fut le cas auparavant pour le joueur franco-algérien Kamel Meriem, qui a été privé d’endosser les couleurs nationales, à cause de sa convocation en équipe de France, où il a joué uniquement dans les rencontres amicales, et après cela, il a été abandonné. Cela l’a donc privé d’opter pour l’équipe algérienne, il lui a fait perdre l’occasion de représenter les couleurs nationales. Donc, la loi des Bahamas fut une bouffée d’oxygène pour les joueurs de la double nationalité.
– Yebda et Meghni furent les deux joueurs qui ont pu endosser les couleurs nationales grâce à la loi des Bahamas…
– Un joueur de la trempe de Yebda, qui a fait ses preuves avec les jeunes catégories de l’équipe de France et également participé à des coupes d’Europe, a été abandonné, et c’est grâce à la loi des Bahamas qu’il a été repêché et a pu faire une Coupe du monde. Il y a également Meghni et la liste est encore longue. Par contre, d’autres joueurs, qui ont brillé avec leurs clubs, n’ont pas été sélectionnés avec l’équipe de France, et c’est grâce à la loi de la FIFA qu’ils ont pu rejoindre la sélection nationale, à l’image du sociétaire de Wolverhampton, Adlène Guedioura, et le joueur de Valenciennes, Foued Kadir.
– On dit que la loi des Bahamas a été un coup dur pour les Français ?
– Ecoutez, même avec cette loi, les Français ont tenté de nous mettre les bâtons dans les roues pour qualifier nos deux joueurs au niveau de la FIFA en 2009, à savoir Yebda et Meghni, il a fallu l’intervention de la FIFA même, qui a rappelé les responsables du football français à l’ordre, c’est à partir de là qu’on a pu bénéficier des services de Yebda et Meghni. Par contre, eux, les Français, optent toujours pour les meilleurs joueurs, à l’image de Benzema, Nasri, donc ils n’ont rien à nous reprocher.
– La mémoire des Français est courte, ils ont oublié que c’est grâce aux joueurs binationaux qu’ils ont pu être des champions du monde, un commentaire ?
– Les Français étaient contents quand ils ont gagné la Coupe du monde 98 et ont même répété le fameux slogan «black, blanc beur». Mais plus maintenant, ils veulent réduire le quota de la formation des joueurs de la double nationalité et leur mettre les bâtons dans les roues. Or, ils doivent s’estimer heureux, car ils gagnent beaucoup de cette formation.
– Ne pensez-vous pas qu’il est temps pour nous de former nos joueurs dans des écoles algériennes ?
– J’ai proposé un projet au président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, quand j’occupais le poste de DTN, pour caser nos brillants joueurs dans des clubs européens, hélas, ce projet a échoué pour de différentes raisons.
– Les responsables du football algérien doivent-ils prendre les devants pour former des joueurs dans des écoles algériennes ?
– Le problème demeure dans l’absence des écoles de formation dans les équipes d’élite, je pense que si on arrive à former nos joueurs ici, on n’aura plus besoin de ceux de double nationalité, car on a ici en Algérie des joueurs bourrés de qualités qui peuvent faire les beaux jours de l’équipe nationale algérienne à l’avenir, s’il sont bien encadrés.
– Peut-on considérer la décision de la DTN française comme un comportement raciste, car il a visé les joueurs de la double nationalité uniquement ?
– La décision de la direction technique nationale française est beaucoup plus politique, elle reflète ce qui se passe actuellement en France : la chasse aux Arabes et aux Noirs.
A. D.