l Invité hier par le quotidien arabophone El-Biled, l’ex-sélectionneur national Rabah Saâdane s’est exprimé sur la situation du football algérien et sur beaucoup d’autres sujets qui intéressent l’opinion sportive.
Le Cheikh n’a pas raté cette occasion pour répondre aux accusations dont il a fait l’objet cette semaine de la part du manager général actuel des Verts, Abdelhafid Tasfaout. L’ex-entraîneur de la sélection yéménite a ouvert par la suite le débat aux journalistes pour poser leurs questions. Au début de son intervention, le Cheikh est revenu sur son passage en EN durant la période 2007-2010.
«Lorsque je suis revenu aux affaires de la sélection algérienne en 2007, personne ne croyait en cette sélection. Mais on a réussi à relever le défi, malgré les problèmes qui existaient à l’époque. La FAF, au temps de Haddadj, n’avait pas de moyens financiers sans parler du conflit qui existait entre le MJS et la FAF. Lors du match retour contre le Sénégal disputé à Blida, on était menés au score à la mi-temps, j’ai discuté avec les joueurs dans les vestiaires où j’avais opéré quelques changements tactiques et la suite vous la connaissez, puisqu’on a réussi à l’emporter en fin de compte pour se qualifier au dernier tour. Je pense que la victoire contre le Sénégal a constitué le vrai déclic pour la sélection algérienne.»
«J’ai réussi à former un groupe homogène avec des liens solides»
L’ex-sélectionneur national s’est dit fier d’avoir bâti une équipe nationale compétitive qui a fait honneur au pays lors de la CAN en Angola et la Coupe du monde en Afrique du Sud : «Franchement, nous avons réussi mon staff technique et moi à bâtir une équipe compétitive et solidaire, les joueurs ont tissé des liens solides qui m’ont facilité le travail. Les joueurs venaient en stage avec enthousiasme, il y avait une ambiance extraordinaire au sein du groupe. D’ailleurs, c’est grâce à cet état d’esprit que nous avons réussi dans notre parcours, même si par la suite des problèmes ont surgi à cause de l’envergure prise par l’EN, la sélection ne s’est pas effondrée, car il y avait une bonne organisation administrative. D’ailleurs, je tiens à rendre hommage à Messieurs Zefzef et Sadi pour le travail accompli.»
«Honte à Lemouchia»
Rabah Saâdane a évoqué certains comportements négatifs de la part de quelques joueurs, mais il a tenu à éclairer le public algérien à ce sujet : «Je n’ai jamais lésé un joueur en EN. Certes, il y a eu des comportements négatifs de la part de certains joueurs, mais je n’ai pas voulu les jeter en pâture à la vindicte populaire. Toutefois, ceux qui ont dépassé les limites, à l’image de Lemouchia, qui m’avait supplié en Angola de ne rien dire, mais lui n’a pas hésité à me dénigrer. Ce n’est pas correct de sa part.»
«J’ai toujours été le pompier de l’EN»
L’ex-entraîneur du Raja Casablanca a révélé, lors de ce forum, qu’il a été toujours le pompier des Verts. «A chaque fois que les responsables de notre football me sollicitaient pour sauver les meubles, j’ai toujours répondu présent. J’ai toujours été le pompier de l’EN. Chaque fois, je sauvais la sélection algérienne, je suis fier d’avoir accompli toutes ces performances avec la sélection algérienne.
Je suis un militant du sport et je le resterai, mon palmarès parle de moi, j’ai participé à 4 Coupes du monde (3 participations avec les seniors et une participation avec les juniors). C’est un honneur pour moi de servir mon pays. Beaucoup de gens l’ont peut-être oublié, mais en janvier 1999 et après le départ d’Ighil Meziane, j’ai pris l’équipe qui restait sur deux défaites et qui était pratiquement éliminée de la CAN 2000, mais j’ai pris le risque en choisissant des joueurs qui ont relevé le défi en renversant la situation pour arracher leur ticket pour cette CAN. Je me souviens très bien du match nul arraché au Liberia, ce nul a galvanisé l’équipe qui a enchaîné par la suite deux victoires consécutives contre le Liberia et l’Ouganda.»
«Il s’est passé beaucoup de choses…»
En évoquant le parcours de l’EN lors de la dernière CAN disputée en Angola, Saâdane a précisé que la sélection algérienne a réalisé de bons résultats et que le match contre la Côte d’Ivoire restera comme un match référence. Concernant la défaite concédée en demi-finales contre l’Egypte, le Cheikh a révélé qu’un jour il dévoilera les secrets sur cette cuisante défaite. «Un jour, je dévoilerai des secrets du 4-0 concédé contre l’Egypte. Beaucoup de choses se sont passées ce jour-là. Je ne veux pas pour l’instant m’étaler sur ce sujet, mais comme je vous l’ai dit, il arrivera le jour où je vais tout dévoiler», a souligné Saâdane.
«J’ai failli renvoyer des joueurs avant Algérie-Angleterre»
Le coach des Verts est revenu sur la participation des Fennecs au dernier Mondial disputé en Afrique du Sud. Il a notamment évoqué le second match du groupe face à l’Angleterre : «Après la défaite contre la Slovénie, j’ai commencé à préparer la confrontation contre l’Angleterre. Mais à 48 heures de cette rencontre, j’ai senti que certains joueurs voulaient à tout prix jouer, c’est alors que j’ai provoqué une réunion en présence de tous les joueurs et du président de la FAF pour mettre les points su les i. J’avoue que j’étais sévère avec les joueurs en leur faisant savoir que celui qui n’accepte pas mes choix, il n’a qu’à prendre l’avion et quitter L’EN. J’étais prêt à renvoyer même des joueurs, mais finalement personne n’a osé dire quoique ce soit et tout le monde est rentré dans les rangs. Ceci pour vous dire que je n’accepterai jamais de tels comportements. Je suis quelqu’un de très rigoureux dans le travail qui ne tolère pas les dépassements de certains éléments dans l’équipe.»
«Je n’ai jamais laissé quelqu’un s’immiscer dans mon travail»
Interrogé sur certaines informations qui disaient que Saâdane se laissait guider par certaines personnes, le Cheikh a réfuté catégoriquement ces informations : «Je n’ai jamais laissé quelqu’un s’immiscer dans mon travail. Certes, j’écoute le président de la FAF quand il veut donner son avis sur un sujet bien précis, mais en dernier lieu, la dernière décision me revient. Je vous donne un exemple, quand Haddadj avait voulu m’imposer Cavalli dans mon staff, j’ai refusé. J’ai eu le même comportement avec Raouraoua, j’ai refusé qu’on touche à mes adjoints, tout cela pour vous dire que je suis un entraîneur qui impose ses idées et ses choix.»
«Je voulais partir après la Coupe du monde»
L’ex-sélectionneur des Verts a révélé également qu’il avait décidé de partir après la Coupe du monde 2010, mais le président de la FAF avait réussi à le convaincre pour poursuivre sa mission. «Dans ma tête et juste après la Coupe du monde, j’avais décidé de partir, car j’étais très saturé et je voulais consacrer un peu de temps à ma famille. Mais le président de la FAF m’a sollicité pour poursuivre ma mission surtout que le match contre la Tanzanie était programmé pour le mois de septembre et qu’il fallait préparer l’équipe pour ce rendez-vous. Devant cette situation, j’ai accepté de continuer, car il ne restait pas beaucoup de temps pour disputer le premier match des éliminatoires de la CAN 2012. Après le nul concédé contre la Tanzanie et après mûre réflexion, j’ai décidé de démissionner. Je précise bien, j’ai déposé ma démission de mon propre gré et je n’ai pas été poussé à la démission comme on veut le faire croire», a précisé Saâdane.
«Je suis contre l’entraîneur étranger»
Interrogé sur la décision du président de la FAF d’engager un entraîneur étranger, Saâdane a précisé qu’il est contre la venue d’un étranger à l’heure actuelle : «Je ne suis pas d’accord quand Raouraoua dit que les entraîneurs locaux ont montré leurs limites et qu’il fallait, par conséquent, engager un étranger. Nous avons des entraîneurs compétents, malheureusement ils ne sont pas solidaires entre eux. C’est pour cela qu’il fallait créer un collège des entraîneurs pour se défendre.»
Avant de conclure, Saâdane a tenu à répondre à Tasfaout après que celui-ci l’ait critiqué ouvertement lors d’une conférence de presse animée avant-hier à Oran. «Je crois que Tasfaout s’est trompé de cible. Quand j’ai donné mon avis sur la défaite concédée contre le Maroc, c’était l’avis d’un expert en football, je n’ai jamais visé sa personne. J’ai tout simplement critiqué l’organisation d’après les échos que j’ai pu recueillir.
J’ai tout simplement dit qu’il y avait des erreurs. Je pense que Tasfaout est un gamin qui doit beaucoup apprendre, il est mal placé pour me juger. Ceux qui l’ont placé le jugent sur son travail. Peut-être qu’il m’a ciblé pour justifier un peu son salaire.» Pour revenir à la défaite contre les Lions de l’Atlas, Saâdane a reconnu que cette défaite l’a beaucoup affecté : «Personnellement, le 4-0 contre le Maroc m’a beaucoup affecté, car pour moi il est impensable que l’équipe perde sur ce score, je pense qu’il faut chercher les cause réelles qui ont conduit à une telle débâcle.» K. H.