«Yazid, l’égoïste, m’a supplié pour jouer le Mondial» > «En Suisse, il a prétexté la maladie par peur du test physique» > «J’ai sanctionné Khaled pour son indiscipline» > «C’est moi qui l’ai formé à Sétif»
Après une grande insistance, l’ex-sélectionneur des Verts, Rabah Saâdane, a bien accepté de répondre à certaines déclarations et accusations qu’avaienssst portées contre lui l’ex-capitaine des Verts, Yazid Mansouri, ainsi que l’actuel milieu de terrain défensif, Khaled Lemouchia. Cheikh Saâdane était ferme dans ses déclarations en insinuant qu’il y a des personnes qui tentent toujours de salir son image en essayant de lui barrer la route quant à un éventuel retour à la barre technique des Verts ou alors à la direction technique de le FAF.
– Avant le derby face au Maroc, l’ex-capitaine des Verts, Mansouri Yazid, avait révélé des choses internes concernant les Verts et son entraîneur de l’époque, Saâdane, un commentaire ?
– Avant de dire quoi que ce soit, je suis surpris par de telles déclarations qui ne conviennent pas à un ex-capitaine de l’équipe nationale. Je souhaite que la FAF s’interpose pour prendre les mesures qu’il faut afin de faire face à de telles accusations. Et puis, je ne comprends pas pourquoi cela a été fait juste avant un match important face au Maroc, Mansouri ne s’est pas attaqué qu’à moi, mais aussi à certains de ses coéquipiers.
– Vous avez refusé de lui répondre le jour même…
– Effectivement, je ne voulais pas le faire au moment où l’EN se préparait à un match aussi important face au Maroc.
– Mansouri a déclaré qu’il se mêlait dans le choix de l’équipe titulaire…
– Ce qu’il dit fait rire et pleurer en même temps, si c’était lui qui faisait le onze, pourquoi alors il n’a pas mis son nom parmi les titulaires au Mondial ? Il n’a joué aucune minute au Mondial. Il dit n’importe quoi, là je découvre une autre personnalité de Mansouri. Si je l’avais su avant, il n’aurait jamais mis les pieds en Afrique du Sud.
– Mansouri paraissait de tempérament très calme…
– Oui, c’est ce que j’ai trouvé en lui lorsque j’ai pris les rênes des Verts, il était déjà capitaine avec Cavalli, alors j’ai laissé les choses telles quelles. Même si je ne voyais pas en lui le capitaine idéal, il n’avait rien d’imposant sur le groupe. Je l’ai gardé comme capitaine pour son ancienneté.
– Mansouri n’était pas imposant ?
– En sélection, il y avait des joueurs qui avaient leur poids dans le groupe, Yazid était capitaine rien que pour son ancienneté. Si ce n’était pas l’équipe nationale, Mansouri n’aurait pas eu un contrat au Qatar, ni des contrats de sponsoring. Je lui dis simplement : est-ce que tu t’es regardé dans le miroir avant de parler de la sorte.
– Yazid n’a certainement pas accepté le fait qu’il n’ait pas joué au Mondial…
– Oui je sais qu’il voulait jouer, il m’a mis la pression à deux reprises, il est venu dans ma chambre, il m’a dit qu’il avait rêvé d’une participation et qu’il voulait réaliser son rêve. J’étais clair avec lui, je lui ai répondu que ce n’est pas tout rêve qui est réalisable, que physiquement il n’était pas prêt et qu’il devait respecter le principe de la concurrence et qu’il y avait des joueurs mieux que lui à ce moment. J’ai refusé sa demande, alors il a pris sa revanche en faisant de telles déclarations contre moi.
– On dit qu’il voulait créer la zizanie en Afrique du Sud ?
– Oui, après notre défaite contre la Slovénie, il voulait influencer certains de ses coéquipiers. A ce moment, j’ai tenu à me réunir avec les joueurs en présence du président de la FAF, Raouraoua. Là j’ai dit à tous : celui qui n’est pas satisfait de mes choix n’a qu’à prendre ses bagages et quitter les lieux , et que je n’aurai besoin que de 17 joueurs. Après le match face à l’Angleterre, tout le monde s’est tu, parce qu’ils ont vu avec leurs propres yeux que je ne me suis pas trompé sur l’effectif qui voulait vraiment défendre les couleurs du pays.
– On dit que Mansouri n’était même pas qualifié pour le Mondial, il n’a pas réussi son test physique, n’est-ce pas ?
– Mansouri avait réalisé une belle Coupe d’Afrique des nations en Angola, il jouait à Lorient. Mais après la CAN, il a perdu sa place en club, il a beaucoup perdu de sa forme physique. Je l’ai aidé psychologiquement lorsque certains supporters l’avaient insulté à Nuremberg. Pour ce qui est du test physique avant le Mondial, ce n’est pas qu’il ne l’a pas réussi, mais il ne l’a pas passé carrément, il a simulé qu’il était malade.
– Pourquoi alors sa participation face aux Emirats arabes unis alors qu’il n’était pas qualifié physiquement ?
– Contre les EAU, Yebda était malade, on a préféré qu’il se soigne pour le Mondial, on a donc donné la chance à Mansouri, mais il a mal joué, il a démontré vraiment qu’il n’était pas prêt, il est resté 6 mois remplaçant à Lorient. Donc, on n’avait pas tort de l’écarter du Mondial. Au lieu qu’il se montre reconnaissant envers l’Algérie, il a montré une personnalité complètement différente. Il est égoïste et il n’aime que lui même.
– Il a donc refusé la concurrence avec Yebda, Lacen, Kadir et Guedioura ?
– Exactement, on allait participer au Mondial, et on n’avait besoin que des meilleurs, Mansouri n’était pas bon physiquement, c’est regrettable pour un joueur de se comporter de la sorte à l’étranger.
– Mansouri a déclaré que Saâdane est un entraîneur limité…
– (Rires.) Saâdane est limité et il ne connaît rien au foot, mais son palmarès parle pour lui. Ce Saâdane-là était dans le staff du Mondial des juniors en 1978 et également dans le staff du Mondial 1982, il a qualifié l’Algérie aux Mondiaux 1986 et 2010. Posez la question à Mansouri, pourquoi l’Algérie ne s’était même pas qualifiée à la CAN alors qu’il était capitaine de l’équipe ?
– L’affaire Mansouri a dépassé Saâdane, mais il a aussi tiré sur ses coéquipiers…
– C’est pour cette raison que je demande à la FAF d’intervenir, la sélection n’appartient pas à Saâdane, ni à Mansouri ni à personne d’autre. Lorsqu’il dit que certains joueurs ont participé au Mondial alors qu’ils ne connaissent pas l’Algérie, c’est qu’il a refusé qu’on renforce l’équipe.
– Il faisait allusion à Kadir, Guedioura et, avant, à Lacen et Yebda…
– Oui, je voulais avoir Lacen pour la Coupe d’Afrique, mais Lacen était trop timide, il m’a dit qu’il ne voulait pas prendre la place de quelqu’un d’autre. Je lui avais répondu que les places ne sont au nom de personne et que la priorité est pour l’Algérie. En Coupe du monde, Kadir avait montré de grandes qualités, alors les places au milieu de terrain étaient devenues trop chères. C’était bénéfique pour l’Algérie, il n’y avait pas un Algérien plus Algérien qu’un autre pour que Mansouri réquisitionne les places.
– Lorsque Mansouri disait qu’il intervenait dans le choix de l’équipe titulaire, était-ce vrai que vous demandiez l’avis des joueurs ?
– C’est moi qui faisais le choix des titulaires et j’avais toujours la conscience tranquille. On a réussi, car on avait un esprit ouvert, on demande l’avis de tous, on prenait le maximum d’informations pour dégager l’équipe. Cette politique nous rapprochait plus des joueurs, on discute sur pas mal de détails techniques, mais sans qu’aucun des joueurs ose refuser ou imposer un autre joueur. Lorsque je voulais faire jouer Kadir sur la droite, tout le monde s’est montré réticent.
– Vous voulez dire les joueurs ?
– Effectivement, j’ai exposé l’idée dans un entraînement que je vais faire jouer Kadir sur le couloir droit, car c’était un joueur type dans ce poste. Tout le monde m’avait dit qu’il serait incapable d’assurer, mais sur le terrain, j’ai prouvé que j’avais raison.
– Vous voulez dire que vous travailliez tactiquement en consultant les joueurs ?
– En sélection, c’est comme ça que ça se passait, les joueurs sont des maillons importants, le dialogue entre nous était riche, il permettait à tous d’apporter un plus, c’est la clé de notre réussite, ce n’est pas la baraka de Saâdane qui a qualifié l’Algérie au Mondial, mais surtout l’organisation interne. Je vais vous avouer un secret…
– Le quel ?
– L’ambiance au sein de la sélection était formidable, car il y avait un vrai esprit de famille, je choisissais les joueurs selon deux critères, l’esprit de groupe et l’aptitude technique, et j’ai écarté certains joueurs, pas par rapport à leurs qualités techniques, mais surtout pour leur mentalité qui ne convenait pas au groupe. La plupart du temps, on préfère ôter la tomate pourrie que de perdre tout le groupe.
– Vous insinuez Lemouchia ?
– Exact, c’est moi qui ai fait relever le niveau de Lemouchia à l’Entente, je l’ai convoqué par la suite en sélection. Mais je l’ai sanctionné en l’écartant pour ses comportements, et non pas pour son niveau. Je connais bien les qualités de Lemouchia, il était parmi mes priorités, mais ses comportements envers ses équipiers et son refus pour la concurrence m’ont obligé à l’écarter, pour qu’il sache la valeur de la discipline.
– Banchikha l’a (re) convoqué et il a fait un grand match contre le Maroc…
– Je suis content pour lui, n’était ma sanction, Lemouchia ne serait jamais revenu en force. J’étais très ravi pour son rendement face au Maroc, il faut que Khaled comprenne que la discipline est très importante pour la réussite.
– Lemouchia s’est emporté contre ses coéquipiers en Angola ?
– C’est connu, il a critiqué ses équipiers du milieu de terrain d’une manière inadmissible, sa sanction était avec l’accord de Raouraoua. En toute sincérité, on n’a pas senti son absence, car nous avions beaucoup d’autres solutions.
– Lemouchia avait déclaré dernièrement qu’il a pris sa revanche contre ceux qui l’ont privé du Mondial…
– C’est rigolo d’entendre dire que quelqu’un avait le droit de participer au Mondial ! L’EN n’est pas une propriété privée. Les dernières déclarations de Lemouchia sont étonnantes, lui qui me suppliait de lui pardonner. Je l’ai fait, mais pour l’intérêt de l’EN, il n’était pas possible de l’avoir dans la liste des Mondialistes, c’est moi qui avais décidé cela, et si c’était à refaire, je le referai. Je ne badine pas avec la discipline.
– On a insinué de graves déclarations contre vous concernant l’arbitre de la rencontre Algérie-Maroc…
– Je suis un consultant, on m’a beaucoup sollicité pour parler du match Algérie-Maroc, mais je n’ai jamais parlé de l’arbitre, ni diminué du mérite de l’Algérie dans la victoire. Au contraire, j’étais confiant pour la victoire de l’Algérie.
– Vous ne pensez pas qu’il y a une campagne contre vous pour que vous ne puissiez pas revenir à l’EN ou prendre la direction technique ?
– Je suis bien comme je suis, je n’ai aucune envie de revenir, l’EN, Dieu merci, est revenue dans la course pour la qualification à la CAN, je suis heureux pour la victoire face au Maroc. On doit tous être aux côtés de l’équipe nationale et de Benchikha. Je n’ai jamais fait de déclarations contre l’Algérie. Je souhaite que la FAF mette fin à ce genre de déclaration qui n’atteigne pas que Saâdane, mais aussi l’équipe nationale. J’ai travaillé pour l’EN en toute sincérité.