La défaite inattendue de la sélection nationale face à l’Irlande par le score sans appel de 3 buts à 0 a poussé le premier responsable du football algérien, Mohamed Raouraoua, à provoquer une réunion au sommet avec l’entraîneur en chef, Rabah Saâdane.
Plus jamais de «social» en équipe nationale
L’ordre du jour était de débattre de certains points sensibles qui ont un rapport direct avec la gestion du groupe, notamment dans le choix des joueurs et la politique avec laquelle certains conflits et comportements de joueurs ont été gérés ces derniers mois.
Les deux hommes se sont parlé franchement et sans barrière aucune. Ils étaient tous les deux d’accord pour dire que certaines choses doivent être changées et vite.
Une nouvelle démarche pour l’EN
Ziani avait raison quand il avait dit «que cette défaite face l’Irlande va nous secouer et nous pousser à se remettre en question, changer ce qu’il faut changer, et corriger ce qui doit être corrigé… » Cette défaite face à l’équipe de Trapattoni aurait servi tout le monde, à commencer par Raouraoua et Saâdane qui ont décidé de mettre en place une nouvelle démarche pour l’équipe nationale.
A quelques jours du Mondial, Raouraoua a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Il sait très bien que ce groupe peut mieux faire et vaut plus que ce qu’on a vu vendredi dernier à Dublin. Raouraoua comme Saâdane d’ailleurs sont convaincus que le problème ne réside pas dans le niveau technique ou physique des joueurs, c’est pourquoi ils ont mis en place une nouvelle politique de gestion de l’équipe nationale.
seuls les plus en forme
L’une des plus grosses décisions de ce tête-à-tête, c’est qu’à partir de maintenant, le sélectionneur national ne devra plus prendre en considération le vécu du joueur en club ou en sélection, ou son statut dans l’équipe, ou même sa notoriété auprès du public et des médias.
Dorénavant, une seule chose sera prise en considération, l’aptitude physique, mentale, technique et tactique du joueur et cela sans prendre en considération l’âge ou le nom du joueur. Des joueurs dans l’équipe sont visés par cette nouvelle procédure, Mansouri, Saïfi ou même Chaouchi pourront faire les frais de ces nouvelles dispositions.
Pour les deux premiers, c’est leur niveau technique et physique qui est mis en cause. Mansouri Yazid, capitaine d’équipe, a été beaucoup critiqué durant la CAN et même face à la Serbie.
Quant à Saïfi, son lieutenant, à 36 ans, il joue pour un club de D2 française, qui lui joue la relégation, et avant ça, il jouait à Al Khor, au Qatar, un club qui n’a même pas le niveau d’une équipe moyenne en D1 algérienne, lui, c’est carrément sa convocation en EN qui est remise en cause. Pour Chaouchi, qui est, il faut le dire, un gardien exceptionnel, est pointé du doigt pour son entêtement et son laisser-aller.
L’évaluation individuelle se fera la veille du match
La deuxième décision qui a été prise par Raouraoua et Saâdane durant cette réunion est toujours liée à l’équipe et à la façon de choisir les joueurs. A ce propos, l’entraîneur national, avec son staff, devra pendant les matchs à venir faire une évaluation complète de chaque joueur la veille de la rencontre, soit 24h avant chaque rendez-vous.
Les résultats de ces évaluations décideront de l’équipe qui va jouer le lendemain. L’aptitude physique, la valeur technique et tactique du joueur, ainsi que le rendement du joueur pendant les entraînements et matchs précédant cette rencontre seront des données sur lesquelles Saâdane devra s’appuyer pour composer son onze.
Les plus grands clubs et sélections du monde fonctionnent de cette façon-là. Dunga est le parfait exemple, lui qui n’a pas convoqué des joueurs de classe mondiale, tels que Pato, Adriano et Ronaldinho pour des raisons liées à leur forme actuelle.
L’avenir de Saâdane évoqué
Raouraoua a tenu à mettre sur la table un autre dossier, aussi lourd que le premier. Il s’agit de l’avenir du sélectionneur national Rabah Saâdane avec l’équipe nationale. Beaucoup a été dit ces derniers jours sur le coach national. Certains sont même allés jusqu’à évoquer les noms des candidats à sa succession. D’autres, par contre, parlent d’un accord entre la Fédération émiratie de football et Cheikh Saâdane pour l’après-Mondial.
Raouraoua voulait tirer au clair cette situation, et a voulu évoquer l’après-Mondial. Saâdane, qui est concentré sur son travail et sur le prochain rendez-vous de juin prochain, n’a pas voulu parler de ça pour l’instant, laissant les négociations pour la fin de ce tournoi. Il faut dire qu’il est difficile de trancher sur cette affaire avant de voir ce que la sélection algérienne va faire en Coupe du monde. En fait, les résultats des coéquipiers de Ziani vont jouer un grand rôle dans la décision de Raouraoua et de Saâdane.
Un succès (passage au deuxième tour) pourrait, logiquement, causer le plongement du contrat de Saâdane. Un parcours décevant (élimination au premier tour) provoquerait un départ prématuré du Cheikh. Donc, pour toutes ces raisons-là, les deux hommes ont reporté cette discussion à l’après-Mondial. Ainsi donc, cette réunion a été d’une importance majeure.
Les décisions qui ont été prises sont : couper court avec l’ancienne politique (social) et n’aligner que les joueurs aptes sans prendre en considération l’âge, le statut, le vécu, la notoriété et le poids du joueur dans l’équipe. C’est la meilleure décision qui a été prise par les dirigeants du football national depuis l’indépendance.
Ce que Saâdane a dit à Raouraoua pour le rassurer, «J’ai un bon banc de touche», «Pas besoin de renfort», «Les meilleurs joueront»
En sa qualité de premier responsable du football en Algérie, il est du devoir de Hadj Raouraoua de s’inquiéter, de se poser des questions et de chercher à trouver des explications logiques à la déroute de Dublin pour ensuite chercher les solutions adéquates à cette situation.
La réunion entre le président de la FAF et l’entraîneur Saâdane était inévitable. Il fallait débattre de la situation « inquiétante » de l’équipe à quelques semaines du Mondial. Il faillait aussi que Raouraoua soit sûr que tout va bien, que les choses se déroulaient comme prévu et que rien n’empêchait le bon déroulement du stage.
Raouraoua cherchait des réponses à ses questions chez Saâdane qu’il a trouvées. Mieux, l’entraîneur national a rassuré son boss en lui donnant des explications logiques et que son programme se déroule comme il l’a souhaité
«Si t’as besoin de renfort, dis-le moi… sans hésiter»
Pour en être sûr que Saâdane ne manquait de rien, Hadj Raouraoua lui a demandé s’il avait besoin de renfort. Saâdane, qui fait confiance au groupe qu’il a sous la main, a bien sûr dit non. »
Tout va bien. Les joueurs que j’ai sous la main me suffisent largement, je n’ai besoin d’aucun renfort pour le moment… », lui a dit Saâdane, avant d’ajouter : « Ce match face à l’Irlande m’a permis de voir les nouveaux joueurs à l’œuvre, et Dieu merci, je suis rassuré. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai un banc de touche sur qui je peux compter ».
L’entraîneur Saâdane avait déclaré avant ce match de vendredi que son objectif n’était pas de gagner ou de faire un bon résultat. Après le match, il a dit que ce résultat ne l’inquiétait pas. Il paraissait même très serein. Il a redit la même chose à Raouraoua qui, semble-t-il, était rassuré de voir son coach aussi confiant et pas du tout inquiet quant au sort de notre team.
«T’inquiète pas, le retour des Bougherra, Matmour, Yebda… stabilisera l’équipe»
Pour ce qui est du niveau très juste que notre équipe a montré pendant cette empoignade, Saâdane a donné l’explication suivante à Raouraoua : « Nous avons joué très amoindris. Les joueurs qui manquaient sont des titulaires indiscutables. Leur poids dans l’équipe est considérable, surtout que les postes où ils évoluent sont très sensibles.
Avec le retour de ces cadres, l’équipe se stabilisera, j’en suis certain. » Il faut dire qu’il y a beaucoup de vérité dans ce qu’a dit le coach national, tous les joueurs absents ce jour-là étaient des cadres de l’équipe. Yebda, Bougherra, Matmour étaient les meilleurs joueurs de la sélection pendant la derniére CAN.
Ce n’est pas la peine de parler de Yahia qui est une pièce maîtresse en défense. Raouraoua a été convaincu par les explications de Saâdane, mais cela ne l’a pas empêché d’entreprendre une nouvelle démarche pour l’équipe nationale. Rompre avec la politique du « social. »
A. B.
