Saâdane «Le repos passif d’un mois a été fatal aux joueurs»

Saâdane «Le repos passif d’un mois a été fatal aux joueurs»
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«J’avais dit que face à la Tanzanie et la République centrafricaine, ça allait être difficile»

S’exprimant sur la chaîne Nessma TV, l’ex-coach de la sélection nationale, Rabah Saâdane, s’est aussi étalé sur les véritables raisons de la déroute de l’EN depuis l’entame des qualification pour la CAN 2012. «Ecoutez, après le Mondial, la plupart des joueurs étaient en vacances pendant un mois.

Méthodologiquement parlant, et je défie quiconque de prouver le contraire sur le plan sportif, il fallait s’attendre, qu’après une telle période de repos, à ce que les joueurs ne puissent pas retrouver leurs moyens qu’après trois mois. Alors qu’on avait une échéance à préparer, à savoir le début des éliminatoires, on s’est retrouvé face à une situation difficile pour préparer le match de la Tanzanie, du moment que j’ai hérité d’un groupe de joueurs qui étaient très loin de leur forme habituelle. J’avais axé mon travail sur le plan psychologique en disant aux joueurs qu’ils devaient faire de leur mieux pour qu’on puisse gérer cette situation, car j’étais persuadé qu’ils ne pouvaient pas être en possession de leurs moyens, avant trois à quatre mois», dira Saâdane

«Les joueurs n’ont pas été orientés après le Mondial, c’est ce qui explique la rupture dans la gestion de l’EN»

L’un des animateurs de l’émission, en l’occurrence Sellimi, n’a pas manqué de faire un commentaire sur cette analyse. Il se demandait pour quelle raison les joueurs de grands clubs européens, à l’instar du Barca et de l’Inter de Milan, qui ont une saison très chargée avec leurs équipes, et après une participation en Coupe du monde, n’ont pris que quelques jours voire une semaine de repos, avant de se remettre au travail.

A ce sujet, Saâdane dira : «Le problème est plus profond qu’on le croit. Les joueurs algériens ont pris un mois de repos passif, contrairement aux joueurs des équipes européennes qui ont eu aussi une saison chargée, mais qui n’ont eu droit qu’à quelques jours de repos. C’est pour la simple raison que nos joueurs ont été mal orientés.

Après le Mondial il y a eu une rupture dans la gestion de l’EN, alors que le début des éliminatoires approchait. Il fallait donc penser à la gestion de l’équipe après le Mondial. Personnellement, je n’avais pas l’intention de rester, du moment que mon contrat était arrivé à son terme. C’est donc cette rupture de gestion et de la prise en charge des joueurs qui explique que les joueurs sont restés inactifs un mois durant.»

«J’avais dit que face à la Tanzanie et la République centrafricaine, ça allait être difficile»

Dans le même contexte, Saâdane a essayé aussi d’expliquer les raisons des contre-performances de l’EN en ce début des éliminatoires : «J’avais dès le début prévu que ça allait être difficile lors des deux premières rencontres face à la Tanzanie et la République centrafricaine. Mais a pris mes déclarations à la légère, pensant que tout est facile en football.»

«Je m’attendais à un meilleur rendement de l’EN face la République centrafricaine»

Cependant, Saâdane, et d’une manière indirecte, a incombé en partie la faute à son successeur, en affirmant : «Comme je l’avais dit, ces deux rencontres allaient être difficiles. Seulement, j’avais dit aux joueurs qu’ils allaient retrouver leur niveau progressivement.

Je m’attendais donc à ce que l’EN ait un meilleur rendement face à la République centrafricaine par rapport au match que nous avons joué face à la Tanzanie, sachant que la plupart d’entre eux venaient juste de reprendre la compétition, alors que d’autres n’ont été fixés sur leur avenir que quelques jours avant la clôture des transferts.

«La blessure de Kadir a prouvé que j’avais raison»

Afin d’argumenter son analyse, Saâdane a cité l’exemple de Kadir : «Je tiens à vous citer l’exemple de Kadir qui s’est blessé seul à l’entraînement, à cause de la fatigue. Vous savez, on ne peut pas demander à un joueur de fournir de gros efforts, à son retour aux entraînements.

Kadir avait joué trois matchs en une semaine dont l’un avec l’EN face au Gabon. Il a donc payé cher la multiplication des matchs. Mais certains ne pouvaient comprendre que face à la Tanzanie, les joueurs ne pouvaient aller au-delà de leurs moyens physiques», dira l’ex-entraîneur de l’EN

«C’était un risque à prendre de faire jouer des joueurs de la JSK et l’ESS»

A travers l’analyse de Saâdane, l’un des animateurs du plateau de Nessma TV a demandé à l’ex-coach de l’EN s’il n’était pas judicieux de faire appel à des joueurs de la JSK et l’ESS pour jouer ce début des éliminatoires, du fait que les joueurs évoluant dans les championnats européens n’étaient pas bien préparés.

«C’était un risque à prendre de faire jouer des joueurs de la JSK et l’ESS, car il fallait faire un choix, du fait que nous avions un groupe qui avait joué la Coupe du monde. Donc cela représentait un risque de cassure, d’autant plus que les joueurs évoluant en Europe allaient retrouver leur niveau», affirme Saâdane.

«On ne peut pas comprendre ce qui s’est produit à Bangui, car on n’était pas avec le groupe»

Alors que tous les intervenants essayaient de donner leur point de vue sur les raisons de la débâcle de Bangui, Saâdane dira : «On ne peut pas comprendre ce qui s’est produit à Bangui, car on n’était pas avec le groupe. Reste à savoir quelles conditions ont entouré la sélection durant toute une semaine, que ce soit à Alger ou à Bangui», ajoute Saâdane.

«Il faut raisonner à tête reposée et prendre les bonnes décisions, pour éviter la catastrophe»

«Dans l’état actuel des choses, et si on continue à agir dans la précipitation en essayant d’incomber la responsabilité de l’échec à une certaine partie, je peux vous dire que l’EN se dirige droit vers la catastrophe.

Il faut donc raisonner à tête reposée et prendre les bonnes décisions, à commencer par trouver les causes réelles de cet échec ainsi que les solutions qui s’imposent. Par ailleurs, je suis convaincu que d’ici au mois de mars prochain, je suis persuadé que les joueurs seront en possession de tous leurs moyens», a conclu Saâdane.