Saâdane : «C’est la plus belle de nos trois qualifications au Mondial»

Saâdane : «C’est la plus belle de nos trois qualifications au Mondial»

Jamais deux sans trois. Le sélectionneur national Rabah Saâdane a vérifié cet adage à son avantage en décrochant une troisième qualification au Mondial, lui qui a contribué à la qualification de l’EN pour la Coupe du monde 1982 en étant au côté de Rajkov avant de mener seul les Verts à Mexico en 1986.

Saâdane considère cette troisième qualification comme la meilleure des trois. «Je pense que c’est la plus belle de nos qualifications au Mondial. Le peuple algérien est plus nombreux aujourd’hui et cette qualification survient après plusieurs dures épreuves, notamment la dernière décennie noire qu’on a vécue et qui a eu des répercussions néfastes sur notre football.

On est ravi de donner autant de joie aux Algériens, unis comme un seul homme derrière notre équipe. L’union et le rassemblement de tout le peuple algérien autour de l’EN est le plus grand acquis de notre victoire contre l’Egypte. Cela n’a pas de prix. L’on a vu un élan de solidarité extraordinaire.

C’est magique», dira le sélectionneur national dans ses maintes déclarations à la presse nationale et étrangère après le brillant exploit de ses troupes mercredi en terre soudanaise face aux doubles champions d’Afrique, grands favoris du groupe C pour la qualification au Mondial 2010 avant l’entame des éliminatoires.

«J’ai pris une belle revanche»

Saâdane a révélé qu’il a été convaincu à revenir en sélection nationale par Mohamed Raouraoua qui avait l’intention de reprendre les commandes de la FAF et l’ambition de mener les Verts au premier mondial qu’abrite le continent africain. «La qualification au Mondial était notre projet, moi et Raouraoua qui a insisté à ce que je revienne à la tête de l’EN. C’était un véritable défi pour nous.

Dieu merci, on a relevé ce défi alors que personne ne donnait cher de notre peau. Il est vrai que c’était une mission très délicate. Moi-même je n’y ai pas cru au départ. J’ai commencé à y croire à la fin de la première phase des éliminatoires, après notre victoire en Zambie. C’était le tournant. Il faut admettre tout de même qu’on l’a échappée belle au Caire où nos joueurs ont été traumatisés par l’accueil que les Egyptiens nous ont réservé.

Le match du 14 novembre n’aurait pas dû avoir lieu dans la mesure où trois de nos joueurs titulaires, Lemmouchia, Halliche et Saïfi, étaient blessés. Cela nous a vraiment compliqué la tâche lorsque l’on sait qu’on avait déjà plusieurs joueurs à l’infirmerie. D’ailleurs, c’est le staff médical qui a travaillé lors de notre stage en Italie, pas nous.

Au moment de rallier Le Caire, je n’avais même pas arrêté le onze rentrant. Bougherra et Yahia étaient incertains. On aurait pu être éliminés au Caire. Le Bon Dieu est avec nous car on a été victimes de hogra en Egypte. On a pris une belle revanche sur les Egyptiens au Soudan. J’ai pris moi aussi une belle revanche sur ceux qui m’avaient fait du mal en 1986», explique Saâdane, marqué par les graves et malheureux événements du Caire.

«Matmour et Halliche ont été les plus affectés par le guet-apens du Caire»

«On a perdu en dehors du terrain au Caire où on a été terrorisés. C’est incroyable. On ne s’attendait guère à un tel accueil de la part des Egyptiens. On les a bien reçus pourtant chez nous. Ils nous ont menacés et agressés. On dirait qu’on était en guerre. C’est inadmissible.

Cela a laissé un traumatisme profond chez nos joueurs. Les professionnels n’ont jamais vécu une mésaventure pareille en Europe. Matmour, le plus jeune du groupe, et Halliche ont été les plus affectés par le guet-apens du Caire et toute la pression exercée sur nous depuis qu’on a mis les pieds sur le sol égyptien. Matmour était paralysé. J’allais le remplacer après les 20 premières minutes de jeu mais j’ai attendu la mi-temps pour le faire.

Halliche a eu carrément une diarrhée et n’a pas pu terminer la partie à cause d’une forte crampe. Sa sortie nous a pénalisés et on a encaissé ce second but dans les derniers instants du match. A quelque chose malheur est bon. Si on s’était qualifiés au Caire, on aurait été victimes de dépassements plus graves encore. On était soulagés de quitter Le Caire en vie», raconte le driver des Verts qui ont vite tourné la page et pansé leurs blessures à Khartoum.

«C’était du djihad sportif à Khartoum»

«Dès que notre avion a quitté Le Caire, des joueurs sont venus vers moi pour exprimer leur soulagement. L’accueil que les Soudanais nous ont réservé les a réconfortés. C’était une agréable surprise. La venue de nos supporters à Khartoum les a rassurés davantage et leur a donné des ailes. A Khartoum, on a récupéré nos blessés. On a surtout axé le travail sur le plan psychologique. On a fait trois séances de récupération physique et morale.

Sur le plan tactique, je me suis contenté de séances théoriques. J’ai senti que le groupe a retrouvé son équilibre. Tous les joueurs étaient motivés et déterminés à se surpasser. Nous, les Algériens, on ne supporte pas la hogra surtout hors de notre pays. Cette hogra a stimulé mes joueurs. Ils étaient impatients d’en découdre avec les Egyptiens pour prendre leur revanche.

J’ai beaucoup insisté sur la maîtrise de soi pour éviter des excès et ne pas prendre de cartons rouges. Mes joueurs ont bien réagi. Ils se sont donnés à fond. Ils ont fait du djihad sportif à Khartoum, dans le respect des règles du jeu. Ils ont eu un comportement exemplaire. Ils sont à féliciter pour cela», dira Saâdane qui a tenu à rendre hommage au gardien de but, Fawzi Chaouchi, auteur d’un match exceptionnel.

«Chaouchi nous a sauvés, Bouteflika nous a énormément aidés»

«Je n’étais nullement inquiet par la suspension de Gaouaoui. Je savais qu’on a un grand gardien en réserve, en la personne de Chaouchi qui est plus fort même. Gaouaoui a seulement l’avantage d’avoir plus d’expérience. Chaouchi a été déterminant. Il nous a sauvés en faisant plusieurs arrêts décisifs dans ce match d’appui. Mais le grand vainqueur mercredi,

c’était l’état d’esprit du groupe», souligne le patron de l’EN qui rend également hommage au président de la République Abdelaziz Bouteflika. «M. Bouteflika m’a félicité et je lui ai dit que cette qualification est le fruit d’un travail collectif. Tout le monde y a contribué. Le président de la République nous a énormément aidés en affichant clairement son soutien à l’EN dans les moments difficiles et en prenant surtout la décision d’envoyer le maximum de supporters au Soudan pour nous encourager», a conclu Saâdane qui compte se retirer après le Mondial pour se reposer.

Une pensée pour sa femme

«Au coup de sifflet final de l’arbitre mercredi, j’ai eu une première pensée pour ma femme qui ne voulait pas que je revienne en équipe nationale car elle est encore traumatisée par ce que ma famille a enduré lors du Mondial 86.» C’est ce qu’a avoué hier Rabah Saâdane sur les ondes de la Chaîne III, tout en clamant sa fierté d’avoir qualifié pour la troisième fois l’EN à la phase finale de la Coupe du monde.

Par Larbi B.