Abdoun remplaçant même quand il n’y a personne.
Il y a des choix qu’on ne comprend pas, car ne répondant à aucun critère scientifique ou technique cohérent. Le match amical Algérie – Gabon de mercredi passé en regorge.
Déjà, celui de convoquer le gros du groupe qui a pris part à la Coupe du monde, alors que l’occasion était propice pour essayer de nouveaux joueurs, surtout des locaux qui, dans le contexte actuel, auraient été plus motivés dans ce match pour démontrer qu’ils ont leur place dans le groupe.
Rabah Saâdane l’a fait au nom de la stabilité, car ayant lui-même été maintenu à son poste au nom de la stabilité, mais il aurait dû se rendre compte que cette option était risquée, voire impossible, au vu des blessures de certains et des absences prévisibles d’autres.
Il faut le dire clairement : n’affronter «que» le Gabon, en amical de surcroît, n’avait pas de quoi emballer des joueurs qui avaient, au moment du match, d’autres soucis. D’où l’importance de donner leur chance à des éléments autrement plus motivés.
Même Del Bosque a convoqué de nouveaux joueurs
Un simple coup d’œil aux groupes de joueurs convoqués par chaque sélectionneur pour les matchs amicaux de mercredi passé pour voir qu’il y avait beaucoup de nouvelles têtes par rapport à la dernière Coupe du monde. Même l’Espagne, championne du monde en titre et qui fêtait, mercredi dernier, un mois de sacre jour pour jour, a vu le sélectionneur Del Bosque faire appel à de nouveaux joueurs.
La raison est que tous les sélectionneurs savent qu’il est difficile de conserver la même motivation après avoir disputé une compétition aussi intense et exigeante que la Coupe du monde. Par ailleurs, l’argument de la proximité du match des éliminatoires pour la CAN-2012 contre la Tanzanie ne tient pas la route puisque toutes les sélections européennes et africaines ont un match international officiel le 3 septembre. Les équipes sont donc toutes sur un pied d’égalité et l’Algérie n’en fait pas exception.
Amri, performant, polyvalent, l’esprit libre, mais pas convoqué
Autre choix vraiment étrange : pourquoi Saâdane ne fait-il pas appel à Chadli Amri ? Ça, c’est une vraie intrigue. La non-participation du nouveau joueur du FC Kaiserslautern au match amical contre la Serbie, le 3 mars dernier, avait été expliquée par la fièvre dont il souffrait. Sa mise à l’écart pour le Mondial avait été justifiée par un choix reposant sur des critères scientifiques, avait-on dit.
Quelle est donc cette fois-ci l’explication à donner à la non-convocation d’un joueur qui, non seulement a été, jusqu’à aujourd’hui, le transfert le plus intéressant d’un joueur algérien cet été, mais qui réalise de belles performances dans les matchs de préparation qu’il dispute avec son nouveau club ? Il n’y en a eu aucune.
A un moment où des joueurs sont blessés et d’autres sont en instance de transfert, faire participer un joueur qui est à la fois performant, polyvalent et ayant l’esprit libre relève du bon sens, voire même de l’évidence.
Abdoun remplaçant même quand il n’y a personne
Il y a également un point qui n’a pas encore d’explication : pourquoi Djamel Abdoun n’est jamais titulaire, même pas lorsque les joueurs dont il est censé être la doublure ne sont pas disponibles ? Que ce soit comme milieu de couloir ou meneur de jeu, il pouvait être titularisé contre le Gabon, du moment que Mourad Meghni, Karim Ziani et même Karim Matmour ne pouvaient pas être alignés. Il aura fallu que l’équipe soit menée au score et que le public scande le nom de Abdoun pour que Saâdane daigne l’incorporer.
Pour un joueur dont on dit le plus grand bien et qui a le potentiel en termes de technique, d’explosivité et de clairvoyance pour animer le jeu, c’est bien étonnant qu’il soit confiné sur le banc, même lorsque les titulaires ne sont pas là.
Trop de biens nuit à l’autorité de Saâdane
Quel est donc le secret de ces choix intrigants ? Sans doute la crainte, pour le sélectionneur, de voir des joueurs censés être des doublures sortir des performances tellement séduisantes que c’en deviendrait un casse-tête pour lui lorsque tous les joueurs seront aptes et disponibles.
Trop de biens ne saurait nuire, dit le proverbe. Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Saâdane redoute d’avoir trop de biens, car cela nuirait à son autorité.
Avoir d’éternels titulaires et d’éternels remplaçants semble être le choix qu’il préconise pour ne pas avoir à choisir et, donc, à faire des mécontents, surtout parmi les cadors. C’est la triste réalité.