Mort ou vif, Ben Laden dérange l’Oncle Sam
Un véritable coup de publicité pour le candidat démocrate qui briguera un second mandat.
Avant même sa sortie, le film sur le désormais ex-chef d’Al Qaîda Oussama Ben Laden chauffe les débats aux Etats-Unis. Une rétrospective de la traque du chef d’Al Qaîda par les forces spéciales américaines sera portée à l’écran par la réalisatrice Kathryn Bigelow, ancienne femme de James Cameron. Initialement, le film devait retracer l’échec des forces spéciales dans leur traque du chef terroriste, mais le scénario a été complément revu avec l’élimination de Ben Laden.
La réalisatrice a dû s’entretenir avec de hauts responsables des services de sécurité américains, des responsables de la CIA du Pentagone et du FBI, ainsi que des membres des forces spéciales. Une démarche qui a suscité une levée de boucliers dès le début des entretiens et de la prospection pour les besoins de ce film. Un sénateurs républicain de l’Etat de New York est monté au créneau pour dénoncer non seulement ce coup de publicité pour Ben Laden mais une volonté d’exploiter ce film à des fins électorales par le président sortant, Barack Obama, sachant que la présidentielle américaine coïncidera exactement avec la sortie de ce film. En effet, la sortie du film est prévue en salles en octobre 2012, un mois avant l’élection présidentielle.
Un véritable coup de publicité pour le candidat démocrate sachant que l’un de ses hauts fait d’armes a été l’élimination du plus grand ennemi des Américains, le chef d’Al Qaîda. On se rappelle que le président américain a supervisé personnellement l’opération des forces spéciales américaines ayant conduit à l’élimination de Ben Laden, une tâche que les républicains n’ont pas pu réaliser sous la présidence de George Bush. On se rappelle également de la polémique qui a suivi cette élimination puisque aucune photo n’a été diffusée. Certains observateurs sont allés jusqu’à douter aussi bien de cette opération, voire de l’existence de Ben Laden arguant du fait qu’il s’agit d’une création pure et simple de la CIA. La non-diffusion de photos a renforcé cette conviction.
Le sénateur new-yorkais a demandé aux responsables de la CIA d’enquêter sur «cette coopération» entre l’administration Obama et la réalisatrice. Selon le journal américain New York Times, «l’équipe du film a eu accès à certains éléments classés secret-défense». Les républicains ont dénoncé donc ces facilités et se sont interrogés sur la raison d’accorder de partiels privilèges allant jusqu’à revendiquer cette enquête. Cette réaction a étonné les responsables de la Maison-Blanche qui a affirmé avoir l’habitude de prêter aide et conseils techniques et de collaborer avec des réalisateurs de films de cinéma.
La Maison-Blanche a rappelé à ce propos, que ce n’est pas la première fois qu’elle met à la disposition de réalisateurs du matériel militaire ou des bases de données. Pour le responsable chargé d’assurer la liaison avec Hollywood pour le département de la Défense, Phil Strub, il s’agit «d’une pratique courante». Ce n’est pas la première fois que la réalisatrice Kathryn Bigelow s’en remet aux services du Pentagone et du département d’Etat.
Pour les besoins de son Démineur, qui retrace la vie d’un démineur américain durant la guerre d’Irak, elle a pu s’aider de conseils émanant du Pentagone. Mort ou vif, Ben Laden a le chic de s’inviter à l’élection présidentielle américaine. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, il n’ jamais manqué ce grand rendez-vous électoral qui focalise l’attention et les regards de la planète entière.
En 2004, il a diffusé une vidéo menaçant les Américains de représailles pour ce que leur armée a commis en Irak et en Afghanistan. En 2008, il s’est adressé au peuple américain dans une lettre l’exhortant à se désolidariser de ses responsables politiques. Moralité de ce film: on tue Ben Laden, il revient à l’écran. Et quel écran! celui du grand Hollywood!