«Je souhaite que la Tunisie retrouve le chemin de la prospérité»
Révolution spontanée en Tunisie? Leïla Trabelsi préfère parler de complot.
Dans un ouvrage paru en juin, Leïla Ben Ali, l’ancienne première dame tunisienne raconte la fin du régime de son mari, mais aussi ce qu’elle qualifie de complot dont elle et sa famille auraient été victimes. La presse française a abondamment commenté le livre intitulé Ma vérité. Le livre est écrit «pour l’Histoire», pour «raconter les événements tels qu[‘elle les a] ressentis et tels qu’ils se sont passés». C’est ainsi que Leïla Ben Ali présente l’ouvrage. Dans Ma vérité, elle raconte sa propre version des événements qui ont conduit à la chute de son mari, Zine El Abidine Ben Ali. La presse, notamment en France, a fait écho de l’ouvrage. Le Monde explique que depuis son exil saoudien, Leïla Trabelsi a décidé de livrer sa version de la chute de l’ex-dirigeant tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, son époux qu’elle dit ne «jamais avoir cessé d’aimer, tout président déchu qu’il soit». Elle juge que les événements qui ont conduit à la chute de l’ancien régime sont le fruit d’un coup d’Etat planifié. Le 14 janvier 2011, par téléphone, son mari lui suggère d’aller accomplir une Omra.
Quand elle rejoint le président en début d’après-midi, Leïla Ben Ali trouve un palais de Carthage sans «le moindre gardien devant la demeure officielle, pas l’ombre d’une sentinelle, les portes ouvertes aux quatre vents». Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle, presse le couple de rejoindre l’aéroport.

«Sans l’insistance de Seriati, le président ne serait jamais monté dans l’avion», affirme Leïla Trabelsi. Elle évoque les rumeurs de putsch propagées depuis Paris par un conseiller de l’Elysée et par le directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, ce qu’il a démenti.
Mais pour Leïla Ben Ali, il y a bien eu complot, des «mains secrètes», qui auraient fomenté les troubles. «Parmi les signes qui auraient dû inquiéter le président: le nombre inhabituel de stages proposés par certains pays étrangers à de jeunes Tunisiens dans des laboratoires où ils ont appris l’usage des blogs.»
Leïla Trabelsi veut réhabiliter son image.
«Parmi les miens, quelques-uns ont exagéré, souvent les plus jeunes qui se laissaient aller à leur appétit de profit», dit-elle. Avant d’avouer: «Nous avons été le talon d’Achille du président.» Le mari préparait un successeur: son dernier ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjane, écrit-elle.
Les Tunisiens auraient bien voulu prendre connaissance de cette vérité.
Pour les plus impatients et à défaut de l’avoir encore sous la main, les internautes avertissent que le livre de Leïla Ben Ali est disponible sur Facebook grâce à l’initiative d’un internaute tunisien ayant regroupé des fac-similés de l’ouvrage. Pas sûr que tout cela soit légal, mais le piratage en Tunisie est un sport national depuis des lustres.