Si la fatalité et la bêtise humaine ont emporté tragiquement le regretté Ebossé Bodjongo à la fleur de l’âge et au summum de la gloire, il aura eu droit en tout cas à des éloges royaux et un cérémonial mémorable jeudi dernier à l’aéroport international Houari-Boumediene d’Alger où des nombreux officiels de haut rang ont tenu à lui faire les honneurs et lui rendre un dernier hommage à l’occasion de son rapatriement vers son Cameroun natal.
La dépouille mortelle avait quitté l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja à 14h30 pour arriver à l’aéroport vers 15h. De nombreux supporters de la JSK en sanglots et d’autres fans des clubs de toutes les contrées d’Algérie s’étaient massés aux abords de l’aéroport pour rendre un vibrant hommage au brave Ebossé qui prenait là un billet sans retour à partir de cette Algérie qu’il aimait tant et qui le lui rendait bien pour l’avoir aimé et adopté en l’espace de quelque temps. Lui qui aimait partir gaiement chez lui à Douala à chaque congé ou permission du club kabyle pour revoir sa famille au pays lointain, est reparti, définitivement cette fois, dans un cercueil majestueusement drapé des deux emblèmes algérien et camerounais, des couleurs nationales qui lui étaient chères et qui l’avaient fait vibrer lors du dernier Mondial brésilien.
Des officiels, il y en avait à profusion avec la présence de Mohamed Tahmi, ministre des Sports, le directeur général de La Protection civile, Mustapha Lahbiri, l’ambassadeur du Cameroun en Algérie, Claude-Joseph Mbafou, l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun, Toufik Mila, le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, le président de la JS Kabylie, Mohand-Chérif Hannachi, et de nombreux dirigeants du club kabyle sans oublier le capitaine d’équipe, Ali Rial, et son coéquipier Djamel Benlamri qui, une semaine après le drame, étaient en pleurs car encore inconsolables.
Les instances sportives et footballistiques étaient aussi représentées par plusieurs responsables du MJS, de la FAF, de la LFP et du Comité olympique algérien alors que deux footballeurs camerounais évoluant en Algérie, Mbélé du CR Belouizdad et Nsombo de l’USM Alger, tout comme de nombreux étudiants camerounais, avaient tenu à rallier le tarmac de l’aéroport pour s’incliner une dernière fois à la mémoire de leur compatriote et ami Ebossé Bodjongo. Profondément ému par ce terrible drame et visiblement marqué par toutes ces marques de solidarité et de compassion des officiels, des sportifs et des citoyens algériens de tous bords, Alex Bodjongo, le frère aîné d’Ebossé, avait bien du mal à s’exprimer face à la nuée de journalistes présents. “C’est une épreuve très dure pour moi, pour toute la famille mais aussi pour tous ces nombreux Algériens, officiels et simples citoyens, qui ont partagé notre douleur et notre deuil. Le destin a été cruel mais c’est là la volonté de Dieu”, dira Alex épaulé péniblement par Lawe, le manager camerounais qui a fait venir le regretté Ebossé l’année dernière de Malaisie en Algérie.
Et ce fut sous les airs d’adieu de la fanfare officielle de la Protection civile que le brave Ebossé quittait pour la dernière fois le sol algérien en direction de Douala où le cortège funèbre devait atterrir hier soir après une nuit passée à Paris alors que les obsèques officielles d’Ebossé sont prévues aujourd’hui ou au plus tard demain en présence de plusieurs représentants de la diplomatie et du sport algériens.
M. H