Ayant commencé d’abord en Europe, la dépénalisation de la consommation de la drogue s’étend aux autres continents, touchant de plus en plus de pays. Il est vrai que la taxation de ce produit rapporte gros aux Etats concernés. Sans compter que les prisons seraient moins chargées et leur reviendraient donc moins cher. Les avantages pécuniaires priment donc sur les inconvénients. Ceux-ci ne sont pourtant pas à démontrer.
Assiste-t-on à la dépénalisation «lente et sûre» de la drogue à travers le monde ? Les nombreux pays qui ont déclaré la guerre au cannabis, à l’héroïne et autre cocaïne ne sont-ils pas en train de songer à changer complètement de politique afin de tirer profit de la légalisation de cette filière par le biais d’une multitude de taxes ?
Si oui, comment expliquer ce retournement idéologique que l’on n’osait même pas imaginer il y a quelques années encore ? Ces questions et d’autres encore méritent vraiment d’être posées à la lumière de ce qui vient de se passer en Uruguay où le commerce du cannabis a été légalisé pour la première fois au monde, aux Etats-Unis d’Amérique où sa vente est légale depuis le 1er janvier 2014 dans le Colorado et, à un degré moindre, en France où le Sativex, un médicament à base de drogue, a été autorisé récemment.
S’il est vrai que des pays d’Amérique du Sud (l’Argentine et le Pérou) et d’Europe (Pays-Bas) ont déjà franchi le pas en autorisant la vente et l’achat de drogues douces mais en petites quantités, ils ne sont pas allés jusqu’à légaliser le commerce du cannabis comme viennent de le faire l’Uruguay et l’Etat du Colorado.
Aussi, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et plusieurs Etats du Canada et des Etats-Unis d’Amérique autorisent l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques depuis quelques années déjà.
Mais pas la France qui était, jusqu’à un passé récent, farouchement opposée à l’idée. Qu’est-ce qui se cache donc derrière ces changements subits de politique ? La réponse est à chercher peut-être du côté de la stratégie de lutte contre la drogue adoptée par un certain nombre de pays.
De l’aveu même de l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et de nombreuses personnalités de premier plan, la «guerre à la drogue» telle qu’elle a été pensée et menée depuis une quarantaine d’années, n’a pas eu les résultats escomptés.
Pire encore, «elle fut un échec cuisant», comme en témoigne l’augmentation significative du trafic de stupéfiants à travers le monde, ces dernières années. A partir de ce constat, il a été préconisé la mise en place d’une nouvelle politique à même de permettre le contrôle de la filière dans un premier temps et assurer une lutte plus efficace dans une seconde phase.
L’autre raison à l’origine du triomphe de l’idée de dépénalisation se trouverait dans l’importante manne financière qu’assurerait la légalisation du commerce du cannabis. Une manne qui ne laisse pas de marbre beaucoup de pays, particulièrement en cette période de crise. Ne dit-on pas que l’argent n’a pas d’odeur ?
K.I