Sa démarche obéit à une feuille de route qui met Bouteflika hors circuit: Succession : pour qui roule Grine ?

Sa démarche obéit à une feuille de route qui met Bouteflika hors circuit: Succession : pour qui roule Grine ?

Les attaques dirigées depuis quelque temps contre certaines personnalités politiques, et maintenant la tentative de réduire la presse au silence, ont mis à nu les calculs des factions au pouvoir et révélé que le ministre de la Communication obéit à une feuille de route clanique.  



Les clans au pouvoir veulent recommencer la même aventure périlleuse, celle qui consiste à placer un successeur pendant que les Algériens assistent en spectateurs et, de préférence, en silence. Sauf que certaines personnalités politiques, mais aussi la presse libre et indépendante risquent de trahir le “secret”. Et comme la réussite d’un “plan X” dépend de sa confidentialité opérationnelle, l’urgence est donc à faire taire toutes les voix indiscrètes, surtout celles dissonantes.

La démarche est on ne peut plus claire depuis que les agissements des clans au pouvoir ont achevé de mettre Abdelaziz Bouteflika carrément hors circuit. Sinon, comment expliquer la remise en cause par le ministre de la Communication, Hamid Grine, d’une “Autorité de régulation de la presse écrite”, instituée par décret présidentiel, dans le sillage de la nouvelle loi sur l’information de 2012, et qu’Abdelaziz Bouteflika avait considérée, en ce temps-là, comme “une loi à même de favoriser l’émergence d’un espace médiatique autonome”. N’est-ce pas que le ministre déclarait, en substance, le 3 mai dernier, Journée mondiale de la liberté de la presse, que “l’Autorité de régulation de la presse, c’est moi”. Une telle façon, franche et assumée d’accaparer le pouvoir d’une “Autorité”, laisse sous-entendre, du moins, qu’il n’y a plus de maître à bord et que, désormais, des factions se disputent les prérogatives constitutionnelles comme elles le peuvent. Et que le ministre de la Communication agit manifestement pour le compte d’un de ces clans. Ces prérogatives et ces pouvoirs qui permettent aux clans en guerre de mieux peser dans le plan de succession à Abdelaziz Bouteflika. Au lendemain du scrutin d’avril 2014, et donc au début du quatrième mandat, l’opposition avait entamé de dénoncer l’“arnaque”, en l’occurrence la vacance du pouvoir. Il n’en avait pas fallu plus, ni d’ailleurs très longtemps, pour que l’appareil répressif se mette en branle. En témoigne l’étonnant et très violent discours du 19 mars 2015, lu au nom d’Abdelaziz Bouteflika, et qui avait, rappelons-le, suscité de grands doutes sur la lucidité du président de la République. Le fameux passage où l’opposition avait été traitée de “pseudo-hommes politiques soutenus par une presse qui n’a aucun souci de son éthique professionnelle” et qui débiterait “des sornettes”, ne figurait d’ailleurs pas dans la version arabophone du discours et a été finalement retiré de la version francophone.

Un peu plus tard, soit en novembre de la même année, des personnalités connues pour être proches d’Abdelaziz Bouteflika ont subi une campagne de lynchage sans précédent, pour avoir demandé une audience au chef de l’État. Louisa Hanoune qui fait partie du groupe des “19”, a même failli perdre sa formation politique, le Parti des travailleurs (PT). Pendant ce temps, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, s’occupait à bloquer les projets d’investissements du capitaine d’industrie Issad Rebrab, parce que ce dernier refusait et refuse toujours de faire allégeance à l’un ou à l’autre des clans, “s’inscrire dans un clan”. Et comme pour boucler la boucle, aujourd’hui, c’est un grand titre de la presse arabophone, en l’occurrence El Khabar, qu’on veut tuer. Avec cette volonté de réduire tout monde au silence, le message est clairement énoncé : il ne faut pas que s’ébruite la guerre des factions, et rien ne doit perturber et encore moins parasiter l’opération succession telle que convenue entre les clans.