Ryad qualifie de dangereux les invocations « chiites »

Ryad qualifie de dangereux les invocations « chiites »

arton10206-3e5d3.jpgL’Iran a annoncé qu’il n’enverrait pas de pèlerins au hajj en 2016. Cette décision scelle l’échec des négociations entamées depuis avril entre les deux pays.

« Après deux séries de négociations sans résultats à cause des entraves des Saoudiens, les pèlerins iraniens ne pourront malheureusement pas effectuer le hajj », a déclaré dimanche le ministre de la Culture iranien Ali Janati.

« Dans le cadre de la politisation du Hajj, l’Arabie s’est opposé au droit légitime des Iraniens d’effectuer le Hajj et empêché les pèlerins de retrouver le chemin d’Allah », a affirmé l’Organisation iranienne du hajj dans un communiqué.

Et de rappeler : « la participation des pèlerins iraniens aux prières collectives dans la Grande Mosquée et la Mosquée du Prophète (S) et leur attention accordée à la récitation du Coran et aux invocations de Dieu prouvent la vision globale de l’Iran- dépassant les frontières- à l’égard du Hajj ». L’Organisation a également reproché aux Saoudiens de ne pas avoir répondu aux demandes de l’Iran concernant « la sécurité et le respect des pèlerins iraniens ».

Pour sa part, le quotidien saoudien Okaz a cité les raisons pour lesquelles l’Iran a refusé de participer cette année au grand pèlerinage, dont entre autres : « son refus de se plier aux mesures saoudiennes interdisant aux Iraniens de réciter les invocations de Dieu, dont notamment le fameux Do’aa Koumeil, qui constitue un danger ! » Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères du royaume wahhabite |a affirmé dimanche que Téhéran avait posé des conditions « inacceptables ».

« L’Iran a réclamé le droit d’organiser des manifestations, ainsi que des avantages (…) qui créeront le chaos au hajj, ce qui est inacceptable », a déclaré Adel al-Jubeir lors d’une conférence de presse, citée par l’AFP.

Le ministre saoudien faisait allusion aux manifestations dites de « l’aversion des athées », émaillées de slogans hostiles aux Etats-Unis et à « Israël », que les fidèles iraniens tentent chaque année d’organiser dans leurs camps lors du pèlerinage en Arabie.

En 1987, une manifestation de pèlerins iraniens à La Mecque avait été réprimée par le sang de la part des forces de sécurité saoudiennes, faisant 402 morts, dont 275 Iraniens.

Depuis avril 2015, l’Iran a également suspendu l’Oumra (« petit pèlerinage » à la Mecque que les musulmans peuvent effectuer à tout moment) après l’agression sexuelle de deux jeunes pèlerins iraniens par des policiers saoudiens. Environ 500 000 pèlerins se rendaient chaque année en Arabie saoudite pour ce petit pèlerinage, tandis que quelque 60 000 Iraniens s’étaient rendus à la Mecque pour le grand pèlerinage en 2015.