Russie et Algérie face aux ONG

Russie et Algérie face aux ONG

Le Parlement russe a adopté, hier, une loi qui qualifie des ONG «d’agents de l’étranger». Ce ne sont pas toutes les ONG qui sont visées par cette loi.

Il s’agit de celles qui ont «une activité politique» et celles qui bénéficient d’un «financement étranger». Pour autant, la loi ne les interdit pas sur le sol russe mais les soumet à un enregistrement séparé des autres associations. Dans leurs activités, elles devront afficher publiquement leur spécificité «d’agents de l’étranger». Il va de soi également qu’elles seront soumises à un étroit et régulier contrôle financier. Alors que les députés russes l’ont adoptée à l’unanimité moins quatre voix et une abstention, les Etats-Unis, l’Union européenne et, bien entendu, les principales ONG dans le monde comme Amnesty International, Greenpeace, Human Rights Watch, etc., se sont carrément élevés contre ce qui, à leurs yeux, est «une atteinte» aux droits de l’homme. Pour bien faire la différence, le gouvernement russe avait pris le soin, en mai dernier, de débloquer pour l’année 2012, pas moins d’un milliard de roubles (près de 26 millions d’euros), aux associations russes (dont la liste a été annexée au décret) réalisant des projets sociaux. C’est-à-dire celles qui n’oeuvrent que dans l’intérêt des Russes et de la Russie. D’ailleurs, la loi des ONG «agents de l’étranger» a été soutenue par tous les partis de la majorité et de l’opposition siégeant à la Douma. Ce qui a permis l’adoption à l’unanimité. Décidément, Poutine double d’ingéniosité. Après avoir scrupuleusement respecté l’exigence de l’alternance pour revenir, en toute légalité, au pouvoir, voilà qu’il utilise «l’idéologie» de la transparence contre les «filiales» d’ONG internationales dans son pays. En les obligeant, seulement, à afficher leur allégeance à des lobbys étrangers. Pour ne plus leur permettre d’avancer masquées de «valeurs» universelles et tromper les citoyens russes. L’événement dépasse les frontières russes dans la mesure où tous les peuples sont confrontés à l’activisme de ces ONG «agents de l’étranger». L’Algérie et les Algériens font partie de ces pays et peuples. Nous nous sommes dotés d’une nouvelle loi régissant les associations le 12 janvier dernier. Notre ministre de l’Intérieur a résumé cette loi par la nécessité de l’Algérie de «se prémunir» des cas «où des gens veulent venir apporter une aide qui ne sera pas désintéressée…Il faut connaître l’origine des fonds ramenés par des associations de l’étranger et ce qu’elles veulent faire avec ces fonds». Sauf que la provenance de l’argent de l’étranger ne suffit pas à «prémunir». Les canaux de financements sont si tortueux que l’argent peut être algérien «de droit» et avoir été ordonné par «l’étranger». L’ouverture de notre économie favorise de multiples «contorsions» financières. Il faut dire que malgré cette «faille», la loi n’a été adoptée que par la majorité représentée par l’Alliance présidentielle (FLN et RND) sans le MSP qui a voté contre. Tout comme En Nahda et le RCD. Le Parti des travailleurs s’était abstenu. Il n’y a pas lieu de faire un dessin pour comprendre une telle alliance, sur ce point, entre religieux et laïcs dans notre pays. D’ailleurs et si tous ces opposants à la loi du 12 janvier 2012, ne font plus de bruit, c’est très certainement qu’ils se sont aperçus pouvoir s’en accommoder sans trop changer leurs habitudes. A l’heure des grandes manoeuvres tant mondiales que régionales et sous-régionales, à l’heure où l’on note une prise de conscience sur les velléités de retour du néo-colonialisme, à l’heure où les «filiales» du terrorisme international ne sont que le bras armé local de puissances étrangères, il nous faut redoubler de vigilance pour nous «prémunir» efficacement. Du fait que nous n’avons pas eu la chance d’un vote à l’unanimité comme les Russes!