Rush sur les magasins d’habillement,Un «Aïd» coûte que coûte

Rush sur les magasins d’habillement,Un «Aïd» coûte que coûte

Les prix proposés par les commerçants débordés par la demande ne sont pas à la portée de tous

A quelques jours de la fin du mois de Ramadhan, tous les commerces de Annaba sont déjà à l’heure de l’Aïd El Fitr.

Après la traditionnelle flambée des pris des produits alimentaires durant le mois de Ramadhan, les ménages devront une seconde fois faire face à un autre phénomène, la hausse des prix des vêtements pour enfants à l’approche de la fête de l’Aïd El-Fitr et de la rentrée scolaire, deux périodes propices aux achats. En effet, à la rue Gambetta, les espaces commerciaux et les magasins du centre-ville de Annaba, sont depuis quelques jours à l’heure de l’Aïd El Fitr. Ainsi, juste après la rupture du jeûne, le centre-ville se transforme en une ruche où les familles accompagnées de leurs chérubins, s’activent à satisfaire le choix de leur progéniture. Un choix difficile pour certains.

Les prix proposés par les commerçants débordés par la demande ne sont pas à la portée de tous, notamment les petites bourses. «Entre les pantalons, les chemises et les chaussures, j’ai dépensé plus de vingt mille DA pour mes trois potaches», dira ce père de famille, dont les enfants ne semblaient guère satisfaits des achats. Il est vrai que le choix proposé est des plus alléchants et des plus tentants, notamment avec les nouvelles boutiques aux marques étrangères de renommée qui se sont installées à l’image de «Nayna Kids» et «Paradis», où, là aussi, il est une clientèle triée sur le volet qui n’hésite pas à mettre le paquet pour acquérir ce qu’il convient d’appeler communément «marqua», à la grande satisfaction de leurs protégés.

Les frais de l’Aïd, qui viennent se greffer à ceux de ce mois de Ramadhan, constituent une véritable saignée pour les ménages. C’est dire que le plus souvent les parents se plient aux choix des enfants. «Je ne peux laisser mes enfants sans vêtements de l’Aïd quitte à gager mes bijoux», dira cette quadragénaire à la caisse d’un magasin, avec en mains plusieurs sacs. Il est aussi un marché où les moins nantis se donnent rendez-vous.

Le «made in China» fait fureur

La rue Gambetta est, depuis quelques jours, le lieu de prédilection, où les pères et mères de famille affluent de partout même des wilayas environnantes, El Tarf, Guelma entre autres. Car, à Annaba, il y’ a des endroits où les prix des produits «made in China» défient toute concurrence.

Proposés à des prix des plus abordables, mais de moindre qualité, les produits chinois attirent les faibles bourses. Les démunis, eux, s’orientent vers les vieux habits. Effectivement, le commerce de la friperie fait également recette en pareille occasion.

On se bouscule même pour sélectionner le produit à même d’être lavé et repassé et qui passera pour neuf. Ainsi, à la suite de visites de certains endroits fréquentés par beaucoup de familles comme le centre commercial de Doubaï à la rue Bouskarin, le centre des affaires méditerranéen (CAM) ou encore la fameuse rue Gambetta, où beaucoup de familles choisissent d’acheter leurs vêtements pour l’Aïd.

C’est après le f’tour que les familles s’adonnent au lèche-vitrines, avant d’entamer leur parade d’ achats. Interrogé sur les prix des vêtements des enfants, certaines pères de famille ont froid dans le dos, avec cette flambée des prix vertigineuse. D’autres se sont dits étonnés et se sont crus plus malins que les commerçants, pour faire leurs achats avant la dernière semaine de l’Aïd, malheureusement les prix ont encore grimpé. «Mais on n’a pas le choix, pour ce jour sacré, on doit acheter ce qui est le mieux pour nos petits», a fait savoir un couple.

«Nous sommes sortis mes parents et moi pour préparer l’Aïd El Fitr et acheter le tablier pour la rentrée», a déclaré Zinou, âgé de 6 ans, accompagné de son papa et de sa maman dans un magasin de «Zara», mais selon sa mère, les prix sont inabordables. «On est sorti aujourd’hui, espérant trouver des prix raisonnables durant cette deuxième quinzaine du mois de Ramadhan», s’est exclamée la bonne femme.

D’après plusieurs témoignages, et en vérifiant les prix des robes, des pantalons, des pulls, des chemises, dans tous les modèles que ce soit pour filles ou garçons, les prix se situent entre 4000 et 6 500 DA l’unité, sans compter les prix pour les sandales ou les chaussures qui s’affichent à plus de 4 200DA.

Que peut faire un smicard?

Comparativement à ceux de l’année dernière, les prix étaient plus ou moins raisonnables, voire abordables. Avec cette hausse très sensible des prix, les familles sont obligées de faire les achats pour satisfaire les désirs de leurs enfants.

Ainsi ils se bousculent, certains s’arrachent les articles pour enfants. Chez «Griffa», une simple jupe pour fillette de 3 à 5 ans est proposée, selon la qualité et la provenance, entre 3500 et 4800 DA. Et comme une jupe ne se porte pas seule, il faudra compter sur une facture supplémentaire de 1 600 à 1800 DA pour un petit haut.

Les dépenses pour l’Aïd El Fitr ne se limitent pas à une robe, un pantalon ou une jupe et son haut, c’est aussi la chaussure et les accessoires, sac à main, barrette pour cheveux, s’il s’agit de fillettes et montre, entre autres objets supplémentaires pour les deux sexes, gonflant ainsi la facture des dépenses de l’Aïd, jusqu’à l’asphyxie financière. De leur côté, les commerçants ont justifié cette hausse des prix par les différents frais, les impôts les taxes, la location et la facture d’électricité. En somme, les familles sont fragilisées par ces dépenses avec un pouvoir d’achat, frôlant le seuil de pauvreté. Si l’on sait que les allocations familiales sont de 600 DA par mois pour un ménage qui gagne moins de 15.000 DA mensuels et de 300 DA pour un salaire supérieur à 15.000 DA, soit une moyenne de 15 DA par jour et par enfant. Par ailleurs, il est à retenir que l’Aïd El Fitr n’est que le début d’une série de dépenses.

Car la reprise des classes va certainement porter le coup de grâce aux ménages qui n’auront pas le temps de souffler et se retrouveront contraints de faire face à une dépense aussi grosse que celle du mouton de l’Aïd El Adha.

Dans toute cette détresse au quotidien des ménages, tant en matière de consommation vestimentaire qu’alimentaire, les seuls gagnants en pareille aubaine sont les commerçants. Une occasion où les grands absents demeurent les services de contrôle qui ne semblent pas se préoccuper outre mesure de cette saignée.